Option de vie

13

Après le déjeuné, nous devons tous aller en salle d'armement pour l'initiation au tir. Dimitri ne peut pas nous accompagner pour cette partie, je lui dis au revoir et lui promet de revenir pendant mes perms pour monter Eole (puisque entre temps, la permission de revenir hors stage m'a été accordée).

- Pour le tir, vous devez être en binôme, nous informe le brigadier chef.

Je pense de suite à Antoine mais je sais que ça va être compliqué vu notre accro de ce matin... Pourtant, il se place à côté de moi avec un air désolé.

- Ça te dis qu'on se mette ensemble ?

- Est ce que j'ai le choix ?

- Écoutes je suis vraiment désolé pour mon comportement de ce matin, je n'aurais pas dû être aussi grossier...

- Ça fait deux fois que tu as l'air jaloux quand je parle à d'autres garçons que toi, je ne trouve pas ça normal. Et ce coup ci tu me rejettes la faute dessus en plus ! Mais jusqu'à nouvel ordre, je parle à qui je veux sans avoir à te consulter, je ne te dois absolument rien si ce n'est le fait que tu m'aies défendu face à Kevin et Rayan hier soir...

- Non tu ne me dois absolument rien. Je t'ai défendu parce que je devais le faire c'est tout. C'est un principe de l'armée. Et je ne suis pas jaloux.

- Alors comment tu justifies ton comportement vis à vis de Dimitri et l'air dégouté planté sur ton visage tout hier après midi ?

- Je ne le justifie pas. Mais je peux te demander quelque chose ?

- Vas-y.

- Est ce qu'on est amis tous les deux ?

- On est potes. On ne se connait pas assez pour parler d'amitié.

J'ai répondu à sa question sur mon ton sec habituel. Il soupire et termine cette discussion sur une note moins agressive :

- On peut quand même être binôme pour le tir ?

- Oui, d'ailleurs on doit y aller.

Nous arrivons dans la salle où les armes d'entraînement sont soigneusement rangées. Je choisis le pistolet Glock 26, l'arme de la Section de Recherches car, oui, j'adore cette série. Avec Charlotte et ma grand mère, nous sommes de vraies fans de séries policières française, il n'est pas question d'essayer de nous faire regarder "NCIS" ou "Les Experts"... Dénués d'intérêt !
Trois cartons pleins sur cinq et les deux autres au bord du centre, pas mal pour une débutante.
Après plusieurs tests de plusieurs armes, j'obtiens une note de 46 sur 50. Je dois dire que je suis assez fière de me démarquer sur ce terrain, mais j'entends des réflexions et je sens des regards obsédés rivés sur moi et je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire. Et s'ils renouvelaient leur agression ? Malgré notre accrochage, Antoine est la seule personne qui ne me veut pas de mal, je décide donc qu'il faut que je lui en parle.

C'est l'heure de rentrer au camp. Je retourne m'assoir à côté de lui dans la voiture et j'essaye de lui parler doucement :

- Tu as entendu les autres parler tout à l'heure ?

- Un peu, pourquoi ?

- J'ai peur qu'à cause de mon score au tir, leur projet d'agression revienne au galop et que ce coup ci, ils ne tiendront pas compte de tes menaces.

- Je t'ai dis que je ne les laisserai pas te faire du mal, tu n'as rien à craindre.

- Et moi je t'ai dis que tu ne te ferais pas tabasser pour moi !

- Je préfère avoir un ou deux bleus que de te voir coincer à l'infirmerie en me disant que je n'ai rien fais !

- Écoutes, si tu tiens tant à m'aider, je préfère qu'on se défende ensemble.

- D'accord. Je dis OK parce que nous sommes une bonne équipe quand même !

- Même sans être vraiment amis ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que j'ai l'impression que ça t'as contrarié le fait que j'ai dis que je te considère plus comme un pote pour l'instant.

- C'est vrai j'ai été un peu déçu, mais je comprends ton point de vu, débuts difficiles, on ne sait pas grand chose l'un de l'autre, oui c'est vrai, on est plutôt potes.

- Oui, mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas devenir amis.

J'ai vraiment senti sa déception, je dirais même qu'elle m'a frappé, alors j'ai voulu lui donner un peu d'espoir parce qu'au fond, j'aimerai vraiment être son amie...

- En un mois ? Tu penses pouvoir me considérer comme un vrai ami en un seul mois de connaissance ?

Là, je sens qu'il se détend et qu'il veut jouer à me provoquer. Qu'à cela ne tienne !

- Attention, je pourrai faire des recherches sur toi pour mieux te connaître et m'assurer que je peux te donner ma confiance.

Le mot "confiance" l'a frappé, je l'ai senti, c'est ce que je voulais. Nous rigolons un peu sur le reste du trajet. Étrangement, je ne pense pas à Dimitri et me concentre totalement sur Antoine. Peut être est-ce ce que je voulais là aussi ?