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Saut du lit à 5h précise, départ pour le QG à 5h30... Nous n'avons pas eu le temps de chaumer ce matin ! Nous sommes déjà en tenue de repérage pour passer à l'action dès notre arrivée. Nous portons seulement nos armes et nos sacs, le ravitaillement est à la charge des officiers qui nous accompagnent. Pendant que les camions avancent, Max et les référents de chaque véhicules nous explique ce que nous devons faire pour rejoindre le QG (il faut bien que la difficulté s'invite dès le début sinon c'est pas drôle) :

- Dès que vous descendrez, votre mission sera de trouver une balise blanche et bleue de l'autre côté de la rivière puis à 4 kilomètres au nord-est. Rappelez-vous que vous devez être les plus efficaces pour éviter d'être repérer par les guetteurs et en même temps les plus rapide pour être en sécurité le plus tôt possible.

Je sens que l'adrénaline monte en moi... Nous arrivons enfin au point de dépose. Nous sortons tous des camions et c'est parti !

- Viens, la rivière est par là ! me dit Antoine en commençant à courir.

Nous arrivons vite sur la berge. Je crois savoir qu'il y a un vieux pont pas très loin d'ici mais je remarque qu'un vieux tronc d'arbre tombé au dessus de l'eau suffira, le lit n'est pas très large. Nous entamons précautionneusement notre traversée. Antoine marche derrière moi pour s'assurer que je ne tombe pas. Je sens le bois craquer sous mes pieds mais je reste concentrée et m'efforce de regarder droit devant moi. Soudain, je glisse sur un amas de mousse accroché à l'écorce, mais j'ai assez de réflexe pour rester debout. Nous finissons par passer de l'autre côté.

- Quatre kilomètres au nord-est c'est ça ?

- Sors la boussole de mon sac s'il te plaît, me demande Antoine en se mettant dos à moi.

Il s'oriente pour que nous puissions choisir le bon chemin.

- On va suivre ce sentier d'accord ? me dit-il sûr de lui.

- On ne peut pas suivre un chemin tracé, nos empruntes sont trop facilement repérables et nous sommes à découvert. Il vaut mieux suivre le cap exact en évoluant hors des sentiers balisés.

- Bien vu, je te suis.

Antoine me tend la boussole et m'ouvre le passage en faisant la révérence.

- N'en fais pas trop non plus, c'est l'armée ici pas le festival de Cannes, dis-je en rigolant.

- Je ne fais que saluer ton intelligence, ta réflexion et ton aptitude !

- Pfff, rien à faire, tais toi maintenant, la discrétion c'est pas ton fort...

Je suis trop concentrée pour plaisanter avec lui, il s'agit d'une mission de repérage un minimum furtive... Il ne m'aide pas trop sur ce coup... Heureusement nous avançons vite à travers les ronces et les arbres et bientôt, j'aperçois la balise. Mais un coup de fusil retenti...

- À couvert !

Tandis que nous nous approchons vite mais avec prudence, j'entends des bruits de pas rapides.

- Regardes en face, Kevin et Rayan sont sur nos talons... m'avertit Antoine.

- Et merde ! On peut pas leur laisser prendre de l'avance ! Tant pis, on fonce et on relève les prochaines coordonnées avant eux !

- Tu es sûre de toi ?

Mais je n'ai pas le temps de répondre, j'ajuste mon FA-MAS pour être prête à me défendre contre mes adversaires. Ce sont des balles à blanc mais assez puissantes pour infliger de sacrés bleus...

- En avant !

Je sors de ma cachette et cours vers la balise ! Tandis que nous commençons à recevoir des tirs, Antoine me talonne en criant :

- Relèves les numéros je te couvre !

Je n'ai qu'un objectif, arriver au QG avant ces bouffons et je ferais tout pour y arriver !  Les coups de feu fusent dans tous les sens et j'entends Rayan provoquer Antoine avec son ton vicieux habituel... Il me dégoute vraiment ce mec, ses longues mèches noires qui lui tombent sur les yeux lui donnent cet air mystérieux et inquiétant qui me fait froid dans le dos... Mais ce n'est qu'une tête de fouine qui met son nez partout... J'arrive facilement à l'ignorer. Une fois les précieux numéros recopiés sur le carnet que nous a donné Max, je rappelle Antoine et m'élance dans une course folle pour semer les autres groupes qui se sont joints à l'affrontement. J'ai eu de la chance, personne n'est venu me poser problème quand j'accomplissais ma mission.  Je ne m'arrête pas de courir tant que les cris de Kevin atteignent mes oreilles... Mais parmi eux, je discerne la voix essoufflée d'Antoine :

- Arrêtes toi !

Je ne réfléchis pas et pile d'un coup, manquant même de tomber en avant. En me retournant, je constate qu'Antoine a une bonne dizaines de mètres de retard sur moi... Je reprends doucement mon souffle.

- Tu es folle de courir aussi vite ! rigole Antoine.

Mais je ne suis pas d'humeur à plaisanter.

- Tu voulais vraiment qu'on les attende ? Monsieur ponctualité ! Parce que moi je ne côtoie pas ces débiles pendant un moment aussi important et délicat !

- Ok ok, ça va, calmes toi, me dis Antoine avec sa voix la plus douce possible et en me prenant les épaules.

Je m'apaise instantanément et prends une profonde inspiration. Puis nous repartons tranquillement dans la direction indiquée. Après quelques dizaines de minutes de marches, entrecoupées de quelques assauts contre d'autres binômes, nous arrivons enfin au QG, et nous sommes les premiers ! Max nous accueille avec un grand sourire et nous lance :

- Bravo à tous les deux ! Vous avez gagné le droit de choisir vos places !

Je fais bonne figure le temps d'entrer dans le petit bâtiment mais arriver à mon lit au fond de la pièce, je m'écroule littéralement... Il est déjà 17h30 et nous sommes debout depuis 5h ce matin... Je ne tiens plus...

- Tu devrais profiter d'être arrivée tôt pour prendre ta douche en première Cassiopé, me conseille Max (oui, même dans un QG en forêt, il y a de quoi se doucher).

Je ne me fais pas plus prier pour filer profiter de ces quelques minutes de répit. Une heure et demi plus tard environ, tout le monde est arrivé. Max nous réuni autour de la table centrale pour faire le point. Antoine et moi sommes en tête du classement avec un bonus pour la tactique. Je vais donc me coucher l'esprit léger, bien trop crevée pour penser au reste de la semaine qui risque de m'achever une nouvelle fois... Je ne prends pas non plus la peine de partager mon contentement à celui d'Antoine car mes yeux ne m'en laisse pas le temps. Mais je l'entends me souhaiter une bonne nuit, ce qui me fait sourire comme un bébé malgré moi.

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