Marion était bloquée entre un tas de personnes dans le métro et elle étouffait. Dans ces moments, elle regrettait d'être partie de Clermont. Là bas, elle pouvait tout faire à pied, elle avait une belle peau et ne souffrait pas autant de la pollution. Elle songeait réellement à tout abandonner et partir dans les volcans. Une fois arrivée à sa station, elle se fit difficilement un chemin entre les gens et s'énervait toute seule. Quand elle sortit de la bouche de métro, le froid la prit à la gorge et lui arracha quelques larmes. "J'en ai marre, j'en ai marre". Pensait-elle. Elle se dépêcha de rentrer à son nouvel appartement, et imaginait déjà sa soirée, à pleurer, regarder Bridget Jones pour faire dans le cliché, et boire du vin blanc. Au moins là haut, elle serait au chaud. En arrivant devant chez elle, elle fut surprise de voir Deen qui l'attendait. Mais dans un état de total ras le bol et de fatigue extrême, juste de voir un visage familier suffit à la faire pleurer. Elle accéléra la cadence pour rejoindre son ami et se fondit tout de suite dans ses bras.
- Marion ? Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Deen surpris en passant les bras autour de sa blonde préférée.
- J'en ai marre. Pleura-t-elle entre deux sanglots.
- Tu veux en parler ? Continua-t-il. Elle desserra son étreinte pour lui faire face.
- Il fait froid, et nuit, et pas beau, et les gens sont cons, et je suis fatiguée, et... Et... Et j'ai mes règles. Lâcha-t-elle en explosant en sanglot. Deen rigola doucement en la reprenant dans ses bras.
- Mais c'est rien Marion, ça ira mieux demain tu verras.
- Mais tu comprends pas t'as pas d'ovaires, et tu chiales pas ta race comme ça pour rien.
Il rigola et ne trouva rien à répondre. Il composa le code de l'immeuble de sa meilleure amie et la poussa à entrer. Une fois dans l'appartement, Marion posa toutes ses affaires par terre dans l'entrée en continuant de pleurer.
- Putain d'hormones de merde. Se plaignait-elle.
- Va te doucher, pendant ce temps je nous prépare un truc à grailler. Lui dit Deen.
Elle ne se fit pas prier et fonça sous le jet d'eau chaude. Après une bonne vingtaine de minutes, elle retrouva Deen dans sa toute petite cuisine qui n'était pas encore bien aménagée. Il lui fit signe de s'installer, que le repas était prêt.
Elle se cala dans le canapé et s'enroula dans un plaid tandis que son ami lui apportait des pâtes carbonara.
- Putain, je t'aime toi. Tu le sais ça ? Déclara-t-elle d'une voix rauque.
- Ouais je sais, je suis dieu sur terre. Rigola-t-il.
Après manger, Marion força Deen à regarder la série Outlander. En bon ami, qui voulait faire plaisir, il avait subi cette série. Au bout du deuxième épisode, Marion se lança dans une plaidoirie pour défendre cette série.
- Mais putain, c'est génial. Déjà l'histoire d'amour gros. Elle tombe sur lui comme ça, et il la sauve. C'est le putain de cliché, certes, du mec qui sauve la nana. Mais elle, elle est grave relou et se fout dans la merde tout le temps et il accourt et il met toujours sa vie en péril et on devrait toutes trouver quelqu'un comme ça tu vois. Prêt à tout pour nous sauver. Bon, ca va en fait moi je t'ai toi. Mais imagine ! Et puis ils se retrouvent tout le temps ! T'as l'impression qu'ils ont une boussole dans leur coeur. Putain c'est beau ça, tu pourras le mettre dans une chanson. Mais au delà de l'amour, dans l'histoire je trouve ça génial qu'ils aient respecté la chronologie des faits et les coutumes de l'époque, les habits et tout le bordel. Franchement, j'adore, je te jure je pourrais pleurer là. Finit-elle. Elle avait lancé toute sa tirade en regardant l'écran et se retourna vers son meilleur ami, attendant une réponse.
Il hocha la tête dans sa direction et retourna la tête vers son téléphone avec de gros yeux.
- La vérité, je sais plus quoi faire. Lâcha-t-il.
Marion fronça les sourcils et comprit tout à coup.
- Bâtard tu mets pas ça sur les réseaux sociaux ! Cria-t-elle.
- Ah ben tiens, je vais me gêner ! Rigola-t-il.
Marion tenta de se redresser mais son corps ne voulait pas qu'elle bouge. Elle lâcha un petit cri de douleur et s'allongea.
- Ma vie je te bute demain, là je peux pas, mais promis demain t'es mort.
Deen rigola et s'empressa de mettre la vidéo, où on entendait Marion faire son exposé, sur les réseaux sociaux. Après quelques minutes où Marion faisait semblant de bouder, le téléphone du rappeur n'arrêtait pas de sonner sous les notifications.
- Wesh c'est qui ? Ta meuf ? Dit-il en utilisant une voix d'adolescente. Wallah t'as une meuf ? Continua-t-il.
- Mais nan ? Dit Marion.
- Je te jure, j'en ai une vingtaine. J'ai un squad de groupie t'as jamais vu ça. Mais weeesh ! Y a une page qui a repris la vidéo et qui a mis "Deen qui affiche sa meuf" ! Mais wesh j'ai rien le droit de faire ! Putain ça me gave !
- Mais t'es connu en fait ? Ironisa Marion. Ah ! Mais tu serais pas le jazzman Deen Burbigo ? Ah nan rappeur ! Sorry Bro !
- Arrête tes conneries ! En vrai ça me fait pas rire ! Les nenettes vont m'épier et me prendre en photo sans que je le vois !
- Si elles font ça, t'as le droit de porter plainte. On prend pas les gens en photo comme ça.
- Tu crois que je dois supprimer la vidéo ?
- C'est bon ! Tu t'en bats les couilles ! Bon j'aimerais bien que tu l'enlèves, juste parce que j'ai honte. Mais si tu l'enlèves maintenant ca va encore plus jaser ! Franchement tu t'en balek des minettes de 13 ans !
- Ouais t'as raison. Pis on voit pas ta tête. Mais je serais toi, je changerais de voix ! Rigola-t-il.
Marion se reconcentra sur l'écran de téléphone mais voyait son téléphone s'allumer toutes les deux secondes. Elle le déverrouilla et comprit que certaines des groupies de Deen avait trouvé son compte Instagram. Heureusement qu'elle était en privé, puisque la plupart de ses photos étaient soit de ses voyages, de sa déco ou de ses amis. Mais seules les personnes qui la connaissait vraiment avaient accès à ces images. Elle ne regarda pas toutes les nouvelles demandes et ferma l'application. Elle avait reçu plusieurs messages de ses amis clermontois, et un autre d'une personne à laquelle elle avait beaucoup pensé aujourd'hui.
De Mohamemed :
Une boussole dans le coeur ? Deviens poète. ;)
Elle sourit et répondit tout de suite.
A Mohamemed :
Je pulvérise les charts si je sors un album :*
De Mohamemed :
Pas de :* je pourrais m'y habituer.
A Mohamemed :
:*
Elle verrouilla son téléphone et laissa ses pensées vagabonder. Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'anniversaire de Sneazzy. Ils avaient réussi à garder des distances respectables toute la soirée, jusqu'au moment où le rappeur avait réussi à bloquer la blonde dans la salle de bain, pendant qu'elle se rafraîchissait. Elle lui avait demandé ce qu'il souhaitait comme cadeau et il n'avait répondu que par un clin d'oeil avant qu'il ne se jette sur elle pour l'embrasser. Elle avait été un peu surprise, elle avait pensé à le repousser, mais c'était son anniversaire. Et puis au fond, elle appréciait ce geste. Ils avaient été interrompus par une fille complètement bourrée qui voulait rentrer.
Ils ne s'étaient pas parlé, ni revu depuis, tous les deux très occupés par leur travail.