En arrivant à la salle, une longue queue s'était formée devant l'entrée. Marion et Antoine passèrent sur une porte du côté pour retrouver les coulisses. Marion rencontra enfin le poulain d'Antoine, Georgio. Ils discutèrent un peu avant que l'artiste aille se préparer et Marion profita du fait que personne n'était encore entré dans la salle pour l'observer. Elle était venue ici si souvent. Elle avait fait presque tous les concerts des garçons au début de sa relation avec Léo. Elle avait hurlé, elle avait sauté dans la foule, elle avait vibré, elle avait été saoule ici. Putain, elle se sentait vieille d'un coup. Mais elle se rendait compte aussi du chemin qu'ils avaient fait, tous. Antoine la retrouva et ils s'asseyèrent tous les deux sur le comptoir du bar.
- On en a passé du temps ici. Dit Antoine.
- Tellement. Je me faisais justement la réflexion. J'ai l'impression d'être vieille. Je suis sûre je vais être entourée de gosse ce soir.
- Tu vas être dans ton élément alors. La chambra Antoine. Elle rigola et lui lança son poing dans l'épaule.
- Antoine, y a un truc que personne sait. Il leva un sourcil tandis qu'elle baissait la tête. Promets-moi d'en parler à personne. Vraiment.
- Promis. Je te le jure, j'en parlerais à personne.
- Avec Sneaz, on est... On est ensemble. Enfin, on l'était. Enfin je sais plus trop ce qu'on est. Après quelques secondes, Antoine éclata de rire. Marion le fusilla du regard.
- Parce que tu crois que je vous avais pas cramé ? Putain y a des regards qui trompent pas ! Dit-il en s'essuyant une larme au coin de l'oeil après s'être calmé. Alalala ! Mais pourquoi tu dis que tu sais plus trop ce que vous êtes ?
- Mikael le sait. Il nous a engueulé, et nous a dit d'arrêter, tout. Donc on s'est pas revus, il me répond pas et... Je pense que Sneaz ne veut pas se mettre Deen à dos. Il a trop peur que les gars le prennent pour un traître.
- Il faudrait que vous en parliez entre vous, et vous verrez ensuite. Tu l'aimes ?
Marion ne répondit pas et baissa la tête, Antoine comprit que oui, elle l'aimait. Elle avait pas besoin de parler.
- Ça fait combien de temps ? Demanda-t-il.
- Ah ça... Sourit Marion. On s'est toujours un peu tourné autour... Mais on a commencé à coucher ensemble comme des amis, après ma rupture avec Léo, et une chose en entraînant une autre... On est réellement ensemble depuis avril.
- "Coucher ensemble comme des amis" Eclata-t-il de rire. Ça marche jamais ces conneries, y a toujours un truc derrière ! Tu sais, si vous vous aimez, ça ne sert à rien de lutter, Deen s'habituera.
- Je suis complètement perdue, et Moh le comprend pas, il est pas présent. Je sais que pour lui aussi c'est difficile à gérer, mais putain à deux on pourrait en discuter et gérer la crise. Mais non, il me garde à l'écart pour trouver une solution, pour lui.
- Sneaz il a toujours eu peur de froisser l'un des siens. Je pense que c'est une de ses pires craintes. Alors à sa manière il va essayer de gérer, et il va vouloir faire souffrir le moins de personne...
- C'est mal parti...
Ils furent coupés par les portes de la salle qui ouvraient enfin et par la foule qui entrait. Antoine rejoignit les coulisses et Marion descendit du comptoir. Elle sortit son téléphone et s'accouda au bar en faisant défiler ses notifications. Elle répondit à ses mails et discuta avec les barmans en même temps. Une heure plus tard, le concert commença.
Marion ne réussit pas à s'amuser pendant le concert. Elle était beaucoup trop concentrée sur les paroles du rappeur. "putain la claque".
" On s'crée une deuxième famille"
" Aujourd'hui, j'ai les idées claires. Je me casse, je laisse Paname dans le flou. Une fois la Tour Eiffel derrière moi, j'avoue j'ai commencé à douter, Paris on se retrouvera sans doute". Putain mais elle avait tellement pensé ça en partant à Clermont-Ferrand, se demandant si elle allait revenir, enfin surtout quand.
Au moment où Brûle avait commencé, elle s'était dit qu'elle allait finir par pleurer. Quand il parlait de ses amis, elle pensait aux siens. Elle avait ressenti une pointe au coeur et ses yeux piquer. Elle avait ressenti la colère qu'elle avait enfouie au fond d'elle ressortir dans les paroles de "La Terre je la dévore". Tout ce qu'elle avait mis de côté, ce malaise qu'elle ressentait quand elle était dans sa famille.
Dans tout ça, elle s'était posée tellement de questions. Qu'aurait-elle fait sans Mikael ? Qui serait-elle devenue sans ses amis ? Elle pensait au jour où ils partiraient peut-être et sa douleur si elle venait à perdre juste l'un d'eux. C'est là qu'elle comprit qu'ils étaient plus que sa propre famille, elle ne pourrait pas se remettre de la disparition de l'un d'eux ; elle se remettrait du décès de ses parents. C'était horrible à dire mais cette vérité lui serra l'estomac.
A la fin du concert, au bord de l'explosion, elle n'avait qu'une envie, c'était de retrouver un visage familier. Elle courut à contre-sens des gens qui sortaient de la salle pour se précipiter en coulisses. Les gorilles la stoppèrent mais Antoine leur fit signe qu'elle pouvait passer. Elle s'avança vers lui, les yeux bordés de larmes. Le blond détourna son regard vers sa gauche et Marion suivit son geste. Elle sentit une vague de chaleur et d'amour dans son cœur en voyant Deen présent dans ces coulisses. Sans plus réfléchir au fait que le rappeur était en pleine discussion avec le performeur du jour, elle fonça vers lui et se jeta dans ses bras en pleurant. Il fut surpris, fit un signe d'excuse à Georgio et un d'incompréhension à Antoine.
- Je veux pas vous perdre, vous êtes tellement importants pour moi. Vous êtes vraiment ma famille, ma vraie famille. Franchement sans vous je ferais plus rien de ma vie, je pourrais pas avancer, la douleur serait trop dure. Je t'en supplie, dis-moi que tu seras toujours là pour moi même si je fais de la merde, même si je suis conne...
- Marion...
- Je suis épuisée Deen. Dit-elle en se détachant de son étreinte. J'ai tout fait pour retrouver Léo. Pour lui faire du mal, pour le manipuler, pour qu'il souffre. Je veux l'éloigner de nous tous, je veux l'éloigner de moi autant que de vous pour qu'on soit tous protéger de lui. Je veux qu'il se casse, je veux qu'il meure, je veux qu'il ait jamais existé. Je suis tellement désolée Deen, je pensais pouvoir tout gérer toute seule mais en fait je suis trop conne ! J'ai perdu le contrôle ! Même quand il est plus là autour de nous, il est là !!! Dit-elle en désignant sa tête.
Deen sentit son coeur se briser en entendant les déclarations de sa meilleure amie. Son cerveau se concentra sur "J'ai perdu le contrôle".
- Attends, comment ça t'as perdu le contrôle ? Pourquoi t'étais chez les flics ?
- Je paye un mec qui me donne des infos sur Léo, et ce mec s'est fait choper avec de la beuh et une masse d'argent liquide sur lui, alors que j'étais là, alors je me suis fait embarquer parce que j'avais pas mes putains de papiers, mais on s'en fout de ça ! Cria-t-elle. J'ai rien fait de grave en soi ! Personne l'a touché !
Mikael la rattrapa par le cou et la força à être contre lui.
- Je te laisserais pas tomber. On va tout faire pour que ça aille mieux.