Le caramel macchiato

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- Bières?

- Ok.

- Vodka? 

- Ok. 

- Rhum? 

-Oh non pas du rhum moi je vomis à chaque fois que j'en bois!

- Bah t'en boiras pas alors. 

- Je vais pas payer pour un truc que je bois pas, c'est débile. 

- Rhum? 

- J'ai pas envie qu'on achète du rhum!

-  Scott, ta gueule!

- Rhum?

- Ok!

Dan a décidé d'organiser une petite soirée entre nous pour « célébrer nos retrouvailles ». Je pense surtout qu'il a besoin d'une excuse pour justifier son envie de se bourrer la gueule.

Nous vérifions nos stocks, en menant la vie dure à Scott avec un malin plaisir.

- Vous savez que ce que vous faites c'est le l'acharnement? maugrée-t-il alors que nous marchons vers la maison de Dan. 

- Mais non? Vraiment? s'exclame Jill en feignant l'intérêt.

Je ne distingue même plus son visage tant elle a les bras chargés.

- Oui! Et ça peut vous coûter très cher. La justice elle rigole pas avec ça!

Jill et moi éclatons de rire.

- Les gars les gars les gars! crie Jill dont la silhouette frêle vacille sous une montagne de packs de bières.

Elle défaille, perd l'équilibre, et manque de tout lâcher sur le bitume. J'éclate de rire, ce qui fait tomber ma bouteille de soda et tous les paquets de chips par terre.

- Non mais qui m'a fichu des brêles pareilles? rouspète Scott en nous dépassant.

. . .

Quand nous regagnons la maison, non sans peine, Dan et Charlie sont occupés à allumer le barbecue.

- Les gars je vous aime, hein. Mais rappelez-moi... On serait pas en novembre par hasard? maugrée-je en slalomant vers eux entre les sacs de charbons qu'ils ont entassés sur la terrasse.

Ils m'ignorent délibérément, trop occupés à triturer les boutons pour allumer le gaz. Je m'assois sur une chaise et tends les jambes sur la table en bois, pas prête à les lâcher.

- Et sinon: vous voudriez pas faire griller la dinde au barbecue? roucoulé-je en admirant mes cuticules.

Aucune réaction.

- J'avais pensé sinon à une petite ambiance Noël: et si on se faisait du foie gras grillé?

Rien.

- Ou alors ou alors... Des marrons glacés poêlés!

Le calme plat.

- Attendez attendez j'ai bien mieux: sinon on pourrait faire de la bûche de Noël flambée.

Charlie perd patience et, toujours sans un regard pour moi, ordonne à Dan:

- Bon tu peux dégager ta pote, là?

Je lâche un soupir outragé pour masquer mon mécontentement profond à son intention mais il ne m'accorde pas un regard. Dan, qui subitement se rend compte de ma présence, se retourne vers moi avec un sourire carnassier. Il a mis son tablier préféré « Kiss the cook ».