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Je me sens nauséeuse. Tout mon corps me fait mal et je suis courbaturée. Je n'ai qu'une envie: vomir.

Quand je sors de ma baignoire- sans rire, la pire nuit de toute ma vie- je vais jusqu'à la terrasse. Je prends les rayons du soleil comme une agression, les oiseaux qui chantent comme une menace de mort.

- Bonjour mon rayon de soleil! m'accueille Jill en souriant.

Elle a le teint frais et un regard malicieux.

- J'en connais une qui a bien dormi.

- Comme un loir, je bougonne en m'asseyant lourdement.

Elle pousse un profond soupir de contentement; je la fusille du regard.

- Où sont les autres?

- Ils font les courses; ils reviennent dans une heure j'imagine. Je me suis dit que j'attendrais que tu te réveilles. J'avais peur que tu sois morte dans ta petite baignoire. Oui j'ai pris des photos.

Je lui lance un regard mauvais en attrapant la cafetière fumante.

- Si j'étais toi, je ferais pas ça, me conseille-t-elle. Vue ta tête tu vas vomir en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Je la repose en grimaçant. Le soleil m'aveugle, je plisse les yeux.

- Jill, je peux te demander un truc? maugréé-je, la voix cassée.

Elle hoche la tête avec enthousiasme, se délectant du soleil sur sa peau.

- C'est qui cette fille que Dan voit?

- Nous y voila, soupire-t-elle.

Je me renfrogne.

- Quoi?

- C'est pas la baignoire le problème.

- Je comprends pas.

- Tu comprends très bien.

Je croise les bras sur ma poitrine en secouant la tête, d'une humeur de chien.

- Alors maintenant tu le kiffes?

- Me fais pas dire ce que j'ai pas dit.

Jill secoue la tête en pinçant les lèvres. Une moue de reproche colonise son visage tout entier.

- Elle s'appelle Léa. Je sais pas grand chose d'autre.

Je n'ai connu que deux Léa; je les détestais toutes les deux.

- Ah! Si. Ils se sont pas vu beaucoup. Genre quatre-cinq fois.

- Il perd pas de temps, celui-là, j'assène dans un grognement.

Elle me regarde par-dessus ses lunettes.

- Tu vas quand même pas me faire le coup du: maintenant qu'il a tourné la page je le kiffe?

- Tu me fais chier.

Je mords dans une tartine en regardant le jardin. Il fait trop beau pour que ça soit permis. Jill fait un geste vers moi, radoucie.

- Faut le comprendre aussi. Il t'a attendue des mois et t'as pas bronché. Et puis y a eu Peter aussi.

Je la regarde, inquiète.

- Il est au courant?

- Non mais... Il allait pas t'attendre éternellement.

- Mais je dis pas que je veux être avec lui... Je dis juste que... Je sais pas...

- T'aimais le fait qu'un mec soit à fond sur toi, déclare-t-elle solennellement.

Je secoue la tête.

Le caramel macchiatoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant