Nommée William

Chapitre 27 : Six mois plus tard

- Tu dois te concentrer sur ton esprit. Le manipuler mentalement, comme si il était tangible.

William ne répondit pas, elle avait déjà utilisé ce moyen pour utiliser le haki des rois, sur le bateau d'un ex-lieutenant particulièrement pénible. Elle ferma les yeux et manipula sa conscience. Elle devait prendre la forme d'une plaque, elle modela dans sa tête cette "plaque" de rêve et la plaça sous la cigarette de son mentor. La cigarette se souleva d'une trentaine de centimètres avant de se couper en deux.

- Fumer,  c'est mauvais pour la santé. Vous devriez faire plus attention.

Le maitre accueillit la remarque avec un sourire. William était douée, naturellement destinée à contrôler son esprit. Elle survolait chaque embuche et déjouait chaque piège avec une facilité déconcertante. Elle trouvait des solutions surprenantes et des moyens détournés pour arriver à ses fins sans toujours choisir la solution la plus simple. Sa vision encore enfantine de la télékinésie élémentaire fascinait le vieux Tolbert, qui lui apprendrait bientôt à utiliser la télépathie, forme supérieure du Haki de l'observation.

Elle avait commencé son entraînement plus rapidement que la normale, sa condition physique excellente lui évitant le renforcement habituel. Soumise à la discipline de fer de cet entraînement, elle se plaignait rarement et mettait un point d'honneur à réussir plus vite que les autres. Le maitre avait bien deviné que la jeune fille évoluant dans un milieu exclusivement masculin, tenait à prouver qu'elle pouvait réussir aussi bien voir mieux qu'eux. Tous les jours, elle courait ou nageait une heure sans interruption et se battait contre quelqu'un dans la zone de non droit avant de revenir auprès de son maître. Il lui avait fait renforcer ses trois haki à travers divers exercices qui la forçait à mettre de côté sa fierté et ses sens, souvent il lui attachait les mains ou les pieds, ou lui bandait les yeux ou encore lui bouchait les oreilles, avant de l'attaquer.

Sur Sabaody, dans la zone de non droit, une nouvelle mode faisait rage. Les combats de pirates. Un jour c'était plusieurs équipages, un autre des duels. Aujourd'hui c'était une simple pirate, toute jeune, contre trois hommes âgés d'une quarantaine d'années. 

- Je m'appelle William, et je vais vous faire mordre la poussière.

Les quolibets de ses adversaires la firent sourire. Elle fit réellement mordre la poussière à ses adversaires. Du plat de son sabre elle avait assommé le premier et fini le travail par un coup de talon dans les dents. Sectionné les ligaments du genou du second et précipite son crâne au sol, le troisième avait reçu le genou de la gamine dans le ventre suivi d'un enchainement gauche droite qui l'avait sonné. 

- Quelqu'un d'autre? Non? 

Puis elle repartit d'où elle était venue, semant le trouble chez les pirates et brigands rassemblés dans la zone.

La marine avait pris d'assaut la taverne ou se passait la plus grande bataille rangée entre pirates de la décennie. Une bonne centaine de pirates entrechoquaient leurs lames piétinants leurs camarades tombés avant eux. Une jeune fille debout sur un coin de table, distribuait coup de pieds, de poings, baffes et estocades dans un enchaînement de mouvements fluides et harmonieux, légèrement ternis par les injures qu'elle lançait quand elle recevait un coup.
Un jeune marine tenta de contrer un pirate particulièrement hargneux du plat de sa lame et se retrouva assailli de toute part, la jeune fille sauta derrière le groupe de lâches qui s'étaient mis à cinq contre un et assomma trois des pirates avec un grand sourire.

La rixe maitrisée par la marine, la jeune fille s'était éclipsée sans un regard en arrière. Le marine qui avait vu sa vie sauvée grâce à la rouquine la rattrapa pour la remercier.

- Eh toi ! 

William se retourna et le toisa d'un air peu amène avant de le reconnaitre et de se radoucir.

- Que se passe-t-il? Marine
- Merci pour tout à l'heure, tu m'as sauvé la peau.

Il sourit et sentit son coeur s'emballer quand elle le lui rendit.

- Ce n'est pas grave. J'aurais une autre occasion de te tuer. Plaisanta-t-elle.

Elle le salua de la main et commença à s'éloigner.

- Attends, je m'appelle Jay, dis-moi au moins ton nom !

Elle se retourna avec un grand sourire.

- Il ne vaut mieux pas, tu devras essayer de m'arrêter. Et Impel down ne me tente absolument pas.
- Et si je te laisse partir?
- William.
- Hein?
- C'est mon prénom.
- Attend ! C'est toi LA William ? La fille unique de l'empereur Shanks le roux. 

Elle tourna les talons et partit en courant au grand dam du jeune marine.

Shanks le roux admirait l'océan. Cela faisait cinq mois que Will était partie du bateau. Il recevait régulièrement des nouvelles avec le Martin facteur et gardait les précieuses lettres de sa petite dans sa cabine. Il avait reçu la veille un dessin de l'équipage. Ils avaient fière allure. Le capitaine donna des ordres et repris la barre avec plaisir, William lui avait demandé où il pensait accoster prochainement. Il garda cette information secrète et jeté un œil vers le mat ou se trouvait, depuis maintenant deux ans onze mois et deux semaines, non pas qu'il tient le comte. Le tableau des victoires, où étaient notés les scores de l'équipage lors de leurs duels. Le nom de William était suivi de quarante-huit victoires et soixante-deux défaites, il observa son propre score. Deux cent soixante victoires et aucune défaite. 

Il était quand même inquiet. A quoi allait ressembler sa petite, à quel point avait-elle changé, serait-elle toujours la même ? Il repensa à leur dernière dispute. Il savait qu'elle n'était plus une enfant, mais elle n'était pas non plus une adulte. Il se rendait compte, enfin, que c'était lorsque qu'il voyait sa propre "fille" partir, qu'on se culpabilisait d'avoir traité les femmes comme il l'avait fait.

William quittait Sabaody, l'équipage lui manquait et son entraînement était fini. Elle se regarda rapidement dans une vitrine. Toujours très mince, son corps était musclé et délié. Ses cheveux presque aussi roux que ceux de son capitaine, tombaient raide au milieu de son dos. Elle portait un débardeur beige avec un t-shirt large de la même teinte qui tombait sur une de ses épaules, une large bande de tissus un peu plus foncé qui lui servait de ceinture dans laquelle elle avait passé son sabre, un bermuda noir et une paire de sandales plates.

Elle faucha un bateau et mit les voiles pour le nouveau monde. Une semaine et demi plus tard elle grimpait dans le Red force.