27. Grand retour

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Jeudi 8 janvier 2015 - soir

Cher Journal,

Ça y est, les vacances sont terminées, retour sur le chemin du collège ! Une semaine était passée depuis la reprise des cours (et le souhait de la bonne année par tous les professeurs) et déjà, on croule sous les devoirs. Fantastique ! Je n'aurais pas pu rêver mieux... Le reste de la classe et mes amis doivent sans doute se trouver sur la même longueur d'onde, vu les plaintes qu'ils poussent dès qu'on rajoutait de nouveaux devoirs. Qui serait assez fou - excepté le corps enseignant - pour nous torturer l'esprit de cette façon ? Je sais que notre avenir est désormais en jeu avec le contrôle continu, les Portes Ouvertes des lycées, le brevet des collèges, tout ce qui se décidera pour notre projet professionnel plus tard, mais vient un moment où ça devient flippant.
Waouh ! Le discours que je viens de balancer, c'est du lourd ! Là, sérieusement, c'était on ne peut plus flippant ; ce n'est pas normal de répéter les mêmes paroles que nous sortent les profs en permanence. Il va falloir que je fasse attention à ce que je dirai, à l'avenir...
Pas simple d'être indécis sur ce même avenir ! La vie n'est pas un long fleuve tranquille, c'est bien connu.

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* *

Il paraît qu'en ce moment, il y a de l'eau dans le gaz entre les parents d'Océane. Pas étonnant : le jour de la rentrée, ils avaient soudainement été convoqués par le proviseur du collège, alors qu'ils étaient au travail, concernant leur fille pourrie gâtée. Deux policiers se tenaient aussi au bureau du proviseur quand les concernés sont arrivés ; les trois premiers avaient un visage fermé, et les nouveaux venus se demandaient ce qu'il se passait. Il y avait de quoi : l'enquête policière avait fini par découvrir le côté manipulateur d'Océane et sur « l'affaire Clémence », l'été dernier, que c'était Océane la véritable instigatrice dans tout ça, et qu'elle avait « confié » le sachet d'herbe à son amie Clémence pour la faire accuser à sa place. (Afin de mieux comprendre, voir le chapitre 5 : Le ridicule ne tue pas ? Mon œil !) Devant les parents d'Océane qui tombaient de haut, les policiers avaient assuré que les preuves accumulées étaient assez sérieuses pour que leur fille ait des ennuis, et d'ailleurs Océane est arrivée pile à ce moment des explications.
Vous pouvez imaginer la tronche qu'elle avait tiré en voyant que les cinq adultes (ses parents y compris) s'étaient tournés dans sa direction avec un air féroce sur le visage.
Et comment Océane s'était décomposé lorsqu'on lui expliqua à nouveau les faits.
Ça prouvait donc qu'elle ne s'y attendait pas.
Je ne suis pas psychologue, mais je pense que cette garce était tellement persuadée d'avoir réussi son coup que sa tête s'était mise à gonfler comme une montgolfière, se croyant à l'abri de tout soupçon. Ce qu'elle n'avait pas pris en compte, c'est la technologie que possède aujourd'hui la police scientifique. Océane ne devait sans doute pas regarder les séries télévisées policières...
On avait su toute l'histoire après, mais on l'ignorait quand le CPE était venu la chercher alors que notre classe se trouvait en plein cours d'anglais, en deuxième heure de la matinée. Pendant qu'Océane partait pour le bureau du proviseur, nous nous étions regardés sans comprendre.
Comme je l'ai dit, on a appris la nouvelle plus tard, beaucoup plus tard. C'était d'ailleurs en entendant les parents d'Océane sermonner leur fille dans le couloir de l'administration, quand la sonnerie de la récré de 10h20 avait retenti. Ils la traitaient de tous les noms et rétorquaient qu'elle était la honte de la famille, qu'elle les avait déçus, que jamais ils ne se seraient douté qu'elle ferait subir une telle chose à sa propre amie, et qu'elle devrait avoir honte d'avoir fait accuser une innocente à sa place. Océane faisait moins sa maligne : elle pleurait, elle répétait qu'elle était désolée ! Tu parles ! Elle n'était même pas sincère. Et ses parents ont dû s'en douter, car ils l'ont trois fois plus enguirlandée en la privant de tout ce qu'elle aimait faire jusqu'à la fin de l'année scolaire. Dur !
J'avais jeté un coup d'œil à mes amis, pétrifiée par la scène. Les parents poussaient le bouchon quand ils étaient en colère, mais ce qu'on voyait alors dépassait de loin la fiction. J'avais beau haïr Océane de mon être tout entier, je ressentais de la peine pour elle. Personne n'a envie de vivre une telle humiliation en public - pas même mon pire ennemi.
Mais je peux imaginer la fureur de ses parents : ma mère aurait pété un câble tout pareil si je m'étais comportée de la sorte auprès d'un de mes amis. J'aurais eu honte de me regarder dans la glace après cela !
Résultat : Clémence a été définitivement lavée de tout soupçon, Océane avait été virée pour de bon pour partir dans un collège privé, et tout est redevenu à la normale depuis. Et c'est TANT MIEUX !
La pauvre Clémence doit encore garder des séquelles de son amitié toxique avec Océane, et des conséquences qui lui étaient tombées dessus. Je pense qu'elle a désormais honte de ce qu'elle a fait - et surtout, d'avoir fait confiance à cette punaise. J'ai pitié pour elle.
Sally-Anne trouve que je suis trop tendre avec les autres. « Un jour, ça te retombera dessus... » m'a-t-elle sorti. Il y a du vrai dans ce qu'elle dit, mais je suis comme ça. Je n'aime pas plus Océane et compagnie qu'elle, mais ce qui s'est passé prouve bien que nous sommes tous humains, que l'erreur est humaine. Mais il existe malheureusement des cas vraiment désespérés qui sont tombés bien bas... Et on ne peut rien faire pour les aider.

𝐿𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑖𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑣𝑎𝑖𝑛𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant