3. Colère

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Jeudi 7 août 2014

Cher journal,

Tu vois, quand je te disais qu'Océane et ses « amies » étaient des pires pestes jusqu'à la moelle, je pense que l'adjectif les désignant était un peu exagéré. C'est même encore plus exagéré que je ne l'imaginais !
Je t'explique : avant-hier (donc mardi, si tu n'arrives pas à suivre la chronologie), j'étais assise sur un banc, non loin de l'entrée payante du château de Cheverny, avec Arthur et Sally-Anne. Marion venait de partir chez ses grands-parents paternels pour quelques jours de vacances, avec ses frères et sœur, et Hoshi aussi - à part qu'elle, elle va au bord de la mer. Il n'y avait donc que nous trois à rester sur Cheverny, étant partis pour le mois de juillet - moi pour La Palmyre, Sally-Anne en Bretagne et Arthur, à la frontière italienne. (La chance, quand on y pense !)
On était en train de parler un peu de tout et n'importe quoi, sur ce qui allait se passer à la future rentrée des classes qui arrivait à grands pas - ET SURTOUT, dans quelle classe nous allions tomber - quand, soudain, Arthur s'était écrié :
- Oh, la garce ! Comment a-t-elle osé ?!
- De quoi ?
Sally et moi nous étions tournées d'un coup vers notre ami, devenant silencieuses sur le moment. Et nous demandant intérieurement ce qui se passait.
Arthur avait son portable en main. Son regard lançait des éclairs.
- Océane. Apparemment, elle a encore frappé... et devinez avec qui ? Cette folle de Clémence !
On s'est donc précipitées, avec Sally, derrière Arthur pour mieux voir ce qu'il nous montrait sur son portable. Il était connecté à son Facebook. Et ce qu'on avait vu, via le lien qu'il avait reçu, nous avait fait comprendre sa colère : dans son fil d'actualité, on pouvait voir une image de Cheverny, trouvée sur Internet, avec un commentaire pas très flatteur en-dessous : « Ne vous fiez pas aux apparences, chers followers : certains loosers du collège (dont je ne citerais pas les noms) habitent là-bas. »
Et devinez qui a fait ce commentaire peu élogieux ? Océane, bien sûr !
Sally avait écumé de rage :
- Mais quelle salope ! Pour qui se prend-elle, pour critiquer notre village comme ça ? Et avec l'aide de l'une de ses acolytes ! Elle n'a honte de rien, cette fille !
- Ah, ça ! c'est sûr qu'elle n'a honte de rien, avec sa langue de vipère ! avais-je ajouté, sur le même ton. Pour critiquer les autres et faire la belle pour s'attirer l'attention, il n'y a pas de problème, mais dès qu'elle se retrouve dans les ennuis par sa propre sottise, il n'y a plus personne... Pour ça, j'ai envie de les remettre à leur place !
Au moins, on partageait tous cet avis.
Arthur avait renchéri
- Surtout que, de toute sa bande, c'est elle qui n'assume pas les conséquences de ses actes, si on ne compte pas Clémence. Elles se comportent comme des princesses pourries gâtées, mais je suis certain qu'elles font ça pour ne pas être « normales » - être comme tout le monde, quoi.
Moi, je rêvais qu'un jour, quelqu'un leur rabatte leur caquet de pestes égocentriques, et qu'elles se fassent virer DÉFINITIVEMENT du collège, en plus de se faire remonter les bretelles par leurs parents. Pour leur comportement, je m'entends.
Sally avait dû penser la même chose que moi, parce qu'elle avait sorti :
- Il y a peut-être un moyen pour leur donner une bonne leçon. Arthur, t'es doué en informatique, toi, non ? Et même le plus geek dans ce domaine que je connaisse. Tu pourrais peut-être essayer de pirater les comptes Facebook, Twitter et tout ce qui suit, de ces pimbêches, par exemple ? Ou détourner leurs SMS, appels et mails...
- Et puis quoi, encore ? Tu veux ma mort sur la conscience et me faire priver d'Internet jusqu'à la fin de ma vie ? s'était étranglé Arthur. C'est déjà très difficile, informatiquement parlant, de ne pas laisser une trace de notre passage quand on n'est pas un « geek de l'informatique », comme tu dis, alors t'imagines pour moi ? Sally, c'est la taule et une amende si je fais ça, et je risque même plus gros que ça !
- D'autant que les technologies de maintenant sont beaucoup plus évoluées qu'il y a 50 ans, ou même un siècle plus tôt, avais-je fait remarqué, tandis que Sally avait grimacé, prise au piège.
- Mince, c'est vrai que je n'y avais pas songé, à ça... Excuse-moi, Arthur. Ce n'est peut-être pas la casse du siècle, mais ça aurait valu de faire tenir tranquille ces pestes.
- Sally, je sais qu'Océane et ses amies ne sont pas tes meilleures copines, et je ne les porte guère plus dans mon cœur que toi, avait fait Arthur, mais j'ai mes principes et je refuse de tomber dans leur piège. Même si c'est pour la bonne cause.
- Au moins, c'est intelligent.
- Bon, trêve de bavardages ! m'étais-je exclamée en me levant. On y va, ou pas ? On ne va pas prendre racines.
Et, tout en marchant sans but dans les rues de Cheverny, nous avions parlé de tout et de rien, en rigolant comme des débiles.

*
* *

Maman a pris quelques jours de vacances. Elle est partie tôt ce matin, avec Actarus. Mamie lui avait proposé de passer quelques jours chez elle, à Talmont-sur-Gironde ; oncle Dylan et tante Delphine viendraient eux aussi, accompagnés de Teddy et Rosalia, leurs deux derniers enfants. Léo, l'aîné qui a 3 ans de plus que moi, à prétexté qu'il devait préparer sérieusement son année de terminale. Il est en ES, donc qui dit terminale, dit toutes les épreuves du baccalauréat (excepté celle de français, qu'il a obtenue avec brio à la fin de la première) à la fin de l'année. Ça va être chaud pour lui.
En tous les cas, Océane Clarckson-Olivier... tu as signé ton arrêt de mort. Tu n'aurais jamais dû insulter ma ville. Si jamais je te croise, je te ferai regretter tes paroles, sale peste ! *regard noir*
À plus tard, cher journal !

Félicia

𝐿𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑖𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑣𝑎𝑖𝑛𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant