41. Bon retour parmi nous

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*Samedi 25 avril 2015*

Konichiwa, cher Journal !

Plusieurs jours que je ne t'ai pas adressé la parole, j'en suis sincèrement navrée mon très cher journal. Pas mal occupée avec les révisions pour le brevet des collèges, le choix des lycées et de nos orientations après les Portes Ouvertes, l'oral de l'Histoire des Arts à préparer... et aussi cette affaire du 1er avril, où nous avions failli nous faire tuer si Xavi n'avait pas remarqué qu'il y avait quelque chose de louche avec la chambre de ma mère. Les flics avaient pris notre déposition le jour même au commissariat, et à ce que nous avions compris, le gars sera inculpé pour infraction et tentative de meurtre sur mineurs de moins de quinze ans. Et pour un petit moment.
La vidéo de Xavi avait bien aidé les policiers. Ils nous avaient félicités pour notre sang-froid et pour avoir eu le réflexe de le maintenir pendant que l'autre appelait le 17, malgré le risque encouru. Georges Statham avait, paraît-il, un casier long comme le bras.
Aujourd'hui encore, je n'arrive toujours pas à croire ce qui s'était produit. Maman avait tellement flippé qu'elle m'a emmenée au collège tous les matins. Cela avait duré une bonne semaine ; sans doute craignait-elle un autre événement traumatisant de ce genre. Bien que je trouvais cette réaction assez excessive, je ne pouvais pas le lui reprocher car, en tant que mère, elle s'inquiétait.
Quels parents avaient envie d'apprendre que leurs enfants — et aussi leurs amis — avaient frôlé de près la mort ?
Ce que je sais, en tout cas, c'est qu'avec Xavi on se souviendra longtemps de ce 1er avril haut en couleurs... et qu'on en entendra aussi parler. Déjà, au lendemain des faits, tout le monde était au courant que le détenu le plus recherché depuis sa fuite de prison avait été retrouvé et remis en cellule, après s'être introduit dans une maison pour tenter de tuer trois enfants et le reste des occupants. C'était passé aux infos de mercredi soir. Tous en parlaient, et au collège les élèves nous considéraient comme des chanceux et des survivants. Chanceux, parce que notre bonne étoile veillait sur nous.
Je ne sais pas si c'était de la chance ou pas d'avoir évité de peu à un massacre sanglant, vu la terreur causée par cette situation. Nous pouvons malgré tout remercier le ciel d'avoir échappés au pire... J'espère que ça ne se reproduira plus à l'avenir.

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Ces dernières semaines se sont écoulées sans qu'on s'en rende compte, et les vacances de Pâques ont commencé hier soir, pour la zone scolaire dont fait partie le Loir-et-Cher où je vis depuis ma plus tendre enfance. Le temps commençait à être vraiment long ! Tout serait parfait si les profs ne nous assommaient pas de devoirs et n'insistaient pas sur le fait de ne pas lâcher les révisions du brevet des collèges pendant les vacances... mais bon, pas trop le choix. Nous devons nous en contenter.
- Décidément, ils nous casseront les miches jusqu'au bout, avait râlé Sally-Anne, hier, à la sortie. Nous sommes en vacances, bon sang ! On a quand même le droit de se reposer, non ?
- T'exagères, Sally ! avait rigolé Arthur. On peut faire ce qu'on veut pendant les vacances et se poser, on n'est pas enchaînés au collège, mais les devoirs ne doivent pas être ignorés pour autant. Tu n'es pas obligée de tous les faire ce soir ou ce week-end même.
- Parfois, je me demande si tu ne fais pas exprès de soutenir les profs. Rabat-joie...
Évidemment, toute notre petite bande avait éclaté de rire. Sacrée Sally, elle n'en manque pas une pour critiquer tout et n'importe quoi ! Si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer. D'ailleurs, cher journal, fais-moi penser à noter quelque part ses expressions "façon Sally-Anne".

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Je compte me rendre à Blois cet après-midi pour déposer mes emprunts à la médiathèque, et prendre de nouveaux livres à dévorer. Maman travaillant depuis plusieurs samedis au Micromania, pour remplacer un collègue qui est en congé paternité, et Stacy ayant pris quelques jours de vacances pour les passer avec son fils, sa belle-fille et ses petits-enfants à Bordeaux, je pourrai garder mon petit frère, maintenant que les vacances sont arrivées. Actarus a bien grandi : ses cheveux ont bien poussé, ses yeux bleus regardent tout ce qui l'entoure avec curiosité, il babille. A l'approche de son premier anniversaire, il est en âge de faire ses premiers pas... Il nous le fait bien savoir quand on le fait s'asseoir sur nos genoux ; Actarus saute sur les genoux pour le mettre sur ses petites jambes. Cette scène nous fait rire à chaque fois.
Les filles viendront également quand je prendrai le prochain bus de ville Cheverny-Blois, en début d'après-midi, avec Actarus et les emprunts de bibliothèque à ramener. Nous en profiterons pour faire un peu de lèche-vitrine.
Même s'il n'y a pas un grand amour avec le shopping, il m'arrive de regarder de temps en temps ce qu'il y a comme nouvelles collections, en regardant les vitrines des magasins de vêtements. Je préfère largement les livres que d'acheter de nouveaux vêtements — honnêtement, je n'arrive pas à comprendre la plupart des jeunes de mon âge qui ont le besoin de se faire une nouvelle garde-robe tous les quatre matins. Ça me dépasse complètement. Pourquoi ne se contentent-ils pas du peu qu'ils possèdent déjà ?
C'est une attitude que je ne comprendrai sans doute jamais. Peut-être suis-je trop dure dans ma vision des choses ? Qu'en penses-tu, mon très cher Journal ?

Félicia

Félicia

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𝐿𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑖𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑣𝑎𝑖𝑛𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant