43. Sally-Anne et son mode de fonctionnement

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*Mardi 28 avril 2015*

Cher Journal,

Entre nous, qui pourrait ne pas fondre devant la bouille d'un bébé qui allait vers son premier anniversaire ? Je gardais Actarus hier soir, pendant que maman était sortie pour profiter d'une soirée entre amis (le fils et la belle-fille de Stacy faisaient partie du lot), et que Stacy gardait ses petits-enfants. Nous avions passé une soirée TRANQUILLE.
Sally-Anne et ses parents sont partis dimanche soir en vacances à Strasbourg pour découvrir la gastronomie et l'histoire alsacienne. Mon amie nous avait promis de prendre des photos et de nous les montrer à son retour. On ne va pas se mentir : Sally-Anne est fille extrêmement peu patiente, c'est un secret pour personne (les amis, la famille, l'équipe enseignante et les élèves du collège, et aussi les voisins qui ont dû tirer Océane de ses griffes, un jour où elle a eu le malheur de critiquer ses choix vestimentaires). Et vu sa franchise, mieux vaut ne pas essayer de lui chercher des poux ! Mais derrière cette carapace de dure à cuire, elle cache une loyauté infaillible. Et ce n'est pas ça qu'on va lui reprocher.
Son amitié sincère et son franc-parler me rassuraient, moi qui ai tendance à avoir la tête dans les livres et les études plutôt que la socialisation, comme la plupart des jeunes de mon âge. Pour autant, il ne suffit pas d'être extraverti pour se faire quelques amis loyaux et honnêtes sur qui on peut compter...

 Pour autant, il ne suffit pas d'être extraverti pour se faire quelques amis loyaux et honnêtes sur qui on peut compter

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Nous pouvons compter sur Sally-Anne pour répliquer au bon moment, au bon endroit. S'il existait un mode d'emploi pour expliquer son fonctionnement, il y aurait longtemps qu'on comprendrait le moindre de ses petites facettes... Et le comble, c'est qu'elle sortait de ces phrases hilarantes dont on se souviendra longtemps.
Comme, par exemple : "Qu'est-ce que t'as à me fixer, face de carpe ? Tu veux ma photo ? Tu devrais faire attention, je doute que ton aquarium accepte cette nouvelle décoration."
Ça, c'est lorsqu'un garçon en bave pour elle et la fixe sans aucune retenue, sans politesse. Inutile de te préciser, cher Journal, la surprise quand j'ai entendu Sally-Anne la sortir pour la première fois, quand nous nous étions connues à la rentrée scolaire de notre année de 4ème. Et ça, ce n'est qu'un avant-goût de toutes les phrases de ce genre qu'elle sort. À force on avait fini par s'y habituer. Je t'assure qu'à chaque fois on se tapait de ces fous rires nerveux, au point d'être pliés en deux !
Même si j'avais la tendance de me mettre à l'écart et que je faisais en sorte de me faire toute petite, à cause de mon extrême réserve, et que j'ai aussi beaucoup de mal à exprimer mes sentiments, je m'estime malgré tout chanceuse d'avoir des amis comme Arthur, Sally-Anne, Xavi, Marion et Hoshi. S'ils n'existaient pas, il faudrait carrément les inventer ! 😆

Promenade au centre-ville de Blois cet après-midi, après avoir pris le bus de ville reliant Cheverny et Blois. Besoin de prendre du recul... ou plutôt du bon temps pour moi.
La 3ème allait bientôt se terminer avec le brevet des collèges en juin. À la prochaine rentrée, mon groupe d'amis sera dispatchés dans plusieurs lycées différents, avec les formations que nous aurons choisies et qui définiront notre avenir pour de bon. Ça me file un de ces bourdons rien que d'y penser ! Le sketch ! Je me questionne sans cesse sur ce qui arrivera lors de notre entrée au lycée.
Arthur pour un bac pro Commerce, Sally-Anne en CAP Métiers de la coiffure, moi et Xavi dans un bac pro Gestion-administration, Hoshi pour le CAP Fleuriste, et Marion pour le CAP Métiers de la Mode - Vêtement Flou. J'ai la gorge qui se serre rien que d'écrire. Peut-être est-ce que je commence à réaliser que nos chemins se séparent ? Possible.
Maman m'avait dit que c'était normal d'avoir peur, de se poser des questions sur son avenir — elle aussi était passée par là, à mon âge. Le fait d'avoir choisi un lycée à Blois, près de chez la marraine de mon oncle, à des kilomètres de Royan et du reste de la Charente-Maritime (ce ne sont pourtant pas les lycées qui manquent, en Charente-Maritime), après le collège, il fallait vraiment oser ! Même moi, je ne suis pas certaine que j'aurais eu ce courage. Mais maman aimait sincèrement mon père, elle était prête à faire le tour du monde pour lui, pour le rejoindre. Et puis... je pense qu'elle voulait voir le pays. De nouvelles choses. S'éloigner de ses parents. Talmont-sur-Gironde l'étouffait à lui en mordre les doigts, m'a confié ma mère un jour :
- Même si ton père m'a brisé le cœur en m'abandonnant à mon sort, préférant fuir ses responsabilités de paternité au lieu de rester et d'assumer, je ne regrette absolument pas de t'avoir donné la vie. Tout comme je ne regrette pas d'avoir eu Actarus. Vous êtes tous les deux la prunelle de mes yeux et ça suffit à me rendre heureuse.
Je suis contente que maman m'ait dit le fond de sa pensée.
Elle a ses défauts et ses qualités, comme tout le monde, et elle peut m'exaspérer quand ses talents culinaires tournent à la catastrophe, mais je ne l'échangerai pour rien au monde.

Félicia

𝐿𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑖𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑣𝑎𝑖𝑛𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant