85 - Départ

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Gaara conduisit Algalle jusqu'au restaurant sans prononcer un mot.
C'était un petit établissement prit entre un fleuriste et l'atelier d'un artisan verrier. Sa devanture était simple et quelques tables composaient une petite terrasse.

– Ici ? Demanda Gaara en désignant une table.

– Je préférerai en salle, répondit Algalle en voyant du sable sur le plateau de la table.

Gaara parut hésiter, il jeta un regard vers le restaurant avant de se reporter sur elle.

– Ce n'est peut-être pas une bonne idée...

– Pourquoi ? S'étonna Algalle. Tu es un client comme un autre.

Gaara haussa les épaules, peu convaincu, mais il ne protesta pas quand elle l'entraîna à l'intérieur. Les clients présents dans la salle se turent en le voyant. Algalle les ignora et s'avança vers le comptoir.

– Une table pour deux, s'il vous plaît.

Le tenancier se retourna et son sourire disparut quand il vit Gaara.

– Je... on ne veut pas de toi ici !

– Et pourquoi ça ? S'agaça Algalle. Pourquoi il n'aurait pas le droit de venir ici ?

Gaara lui prit le coude et voulu la tirer en arrière mais Algalle s'y opposa.

– C'est pas normal, continua t'elle énervée. Il a parfaitement le droit de venir manger ici. C'est dommage et idiot pour vous de vous priver de clients, je ne manquerai pas le faire savoir.

D'un geste rageur, elle sortit sa bourse bien remplie et, par la même occasion, montra son bandeau de Passeur.

_ « Pas mal, reste à voir comment il va gérer ça. »_ se moqua Ashitako.

Le tenancier avait pâli, son regard passa d'Algalle à Gaara et inversement.

– Le prenez pas comme ça, reprit-il plus bas. Je... je vous refuse pas... C'était juste une mise en garde pour... sa propre sécurité. Tenez, installez vous ici.

Il désigna une table en retrait.

– Je préfère là, répondit Algalle en montrant celle derrière eux, presque au milieu de la salle.

– Très bien, installez vous, je vous fais apporter la carte.

_ « Excellent ! Tu l'as bien matée celui-là ! »_ s'esclaffa Ashitako hilare.

Algalle eut un sourire puis elle croisa le regard surprit de Gaara. Elle lui désigna la table et ils s'y installèrent sans un mot de plus.

– A quoi tu penses ? Demanda Algalle après un temps.

– Que tu es folle, parfois...

Algalle se mit à rire, elle ne l'avait pas ratée celle-là.

– Les gens doivent voir que tu as changé, et si pour cela je dois les secouer un à un, je le ferai.

– Ils ne vont guère t'aimer dans ce cas là.

– Tant que toi tu m'aimes, ça me va.

Les joues de Gaara se teintèrent de rouge avant qu'il ne reprenne.

– Je m'incline, tu as réponse à tous.

A nouveau Algalle rigola.
Ils commandèrent puis mangèrent en discutant de choses et d'autre mais Algalle sentait Gaara sur la défensive. Il se détendit au cours du repas mais resta sur le qui vive.

– « Je me demande ce qu'il a bien put vivre pour avoir un tel comportement en public ?
» s'interrogea Algalle en pensée.

_ « Sa colère, enfin celle engendrée par ce taré de Shukaku, avait pour source la peur de Gaara. Il n'est jamais vraiment tranquille. »_ répondit Ashitako.

– « Tu crois ?
» s'étonna Algalle.

Elle avait du mal à imaginer Gaara avoir peur.

_ « La peur de tomber sur plus fort que lui l'a sans doute poussé à la paranoïa, qui a été renforcée par l'instabilité mentale de Shukaku. Ça laisse des traces, il va lui falloir un moment avant de perdre l'habitude de se préparer constamment à une attaque. »_

Algalle se retint de hocher la tête. Elle comprenait ce que son démon voulait dire et elle était peiné pour Gaara.
Se sentir constamment en danger ne devait pas être facile à vivre et, même s'il avait changé, cette habitude risquait de perdurer encore un temps.



Le repas fut excellent et ils mangèrent dans le calme, personne n'osant trop bouger en présence de Gaara. Ils ressortirent puis Gaara ramena Algalle vers l'ancienne maison du Kazekage, bâtiment du Haut Conseil.

– Qu'est-ce qui ne va pas ? Demanda le rouquin après un long silence.

Algalles oupira, Gaara était très observateur. Elle hésita avant de demander.

– Pourquoi tu es tant sur la défensive en public ?

Gaara s'arrêta et eut un sourire las, sans joie.

– Depuis mes six ans on essaye régulièrement de me tuer. Je do... devais sans cesse être sur mes gardes puis... tomber sur plus fort que moi me terrorisait. La colère est arrivée après, en réponse à cette peur, j'imagine.

Algalle se contenta d'acquiescer. Ashitako avait donc raison, de sa peur était née sa haine.

– Tu as encore peur ?

– Non. Aujourd'hui je n'ai plus peur car il n'y a plus personne pour s'en prendre à moi... et maintenant je sais que je suis fort.

Algalle eut un sourire amusé.

– Comment tu as put en douter, rigola t'elle.

C'est alors qu'elle remarqua que Gaara n'avait pas sa jarre. Toujours aussi observateur, le rouquin reprit.

– Je n'en ai pas besoin ici, fit-il. Le sable est partout et sa protection automatique.

Algalle tiqua.

– Elle reste active même si je suis là ? Vu que moi, je peux t'atteindre ?

Gaara sourit.

– Bien sûr qu'elle reste active sinon je ne pourrais pas te protéger et ça c'est inconcevable. C'est quand un ninja a un être cher à protéger qu'il révèle sa véritable force.

Algalle sourit en reconnaissant les paroles de Naruto, Gaara avait bien retenu sa leçon.
Gaara s'approcha et lui effleura la joue.

– Rentrons, souffla t'il tout bas.

Algalle lui prit doucement la main avant de hocher lat ête.



Ils rentrèrent et retournèrent dans la chambre de Gaara sans croiser personne. Algalle vit alors les photo faites et envoyées par Naruto. Ils les regardèrent ensemble se remémorant leur dernière soirée à Konoha.

– J'y pense souvent, avoua Gaara allongé sur son lit. Ça m'aide par moment. Je ne sais pas pourquoi mais ça m'aide à y voir plus clair.

Algalle ne répondit pas. Surprit, Gaara tourna la tête et vit qu'elle s'était endormie, couchée en chien de fusil. Il la regarda, n'ayant pas le cœur, ni l'envie de la réveiller.
Lentement, il attrapa la couverture et la recouvrit. Algalle se tourna alors sur le côté et il put se blottir contre elle, savourant son odeur et sa chaleur. Il était heureux qu'elle soit là. Sa simple présence changeait le monde. Il aurait aimé que ça soit toujours ainsi mais il savait que ce n'était pas possible.
Algalle était un Passeur et Suna n'était pas un bon endroit pour elle et son besoin de liberté. Pourtant, c'était égoïste mais il était certain qu'avec elle à ses côtés, il arriverait à changer les choses.
Gaara ferma les yeux tout en se demandant ce qu'aurait été leurs vies si Algalle n'avait pas fuit Suna, enfant.
Avec l'entraînement de son père elle serait sûrement devenu comme lui, instable et meurtrière, et ils auraient été ennemis. Aussi haineux l'un que l'autre...
Gaara chassa cette pensée et se demanda ce qu'aurait été leur vie sans leurs démons. Pareil, ils ne se seraient sûrement jamais découvert. Algalle n'aurait pas sentie sa détresse, elle n'aurait pas eut ce besoin viscéral de l'aider, elle ne se serait sans doute même jamais intéressée à lui.
Cette pensée lui fit mal. Il ne savait toujours pas ce qu'Algalle lui trouvait, ni pourquoi elle l'aimait mais imaginer que cela pourrait en être autrement était trop douloureux. Gaara se mit alors à rêver à leur vie si Algalle restait et si Suna devenait comme Konoha, un endroit où il faisait bon vivre.
Cette pensée lui plut, c'est cela qu'il voulait.

Un monde plein de mystèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant