110 - Départ inopiné

202 23 8
                                    

L'ambiance était pesante. Le silence sourd présageait une action à court terme, le calme avant la tempête.
Réunis dans le salon, ils attendaient les ordres. Ils étaient tous chaudement vêtus, hormis Algalle.

– Je suis quand même pas pressé de sortir battre la campagne, soupira Kankurô en regardant vers la fenêtre.

Dehors le ciel s'était à nouveau couvert. La tempête approchait. La luminosité en pâtissait aussi, on se serait crut en fin d'après-midi.
Des ninjas entrèrent par la petite porte donnant sur le côté du refuge. Ils passèrent rapidement et sans un mot, leur agitation était palpable.

– Bon on attend quoi ? S'impatienta Naruto. On va les chercher ces mercenaires ? Je veux un peu d'action.

– C'est vrai qu'attendre comme ça, c'est frustrant, soutint Lee.

– Calmez-vous tous les deux, intervint Shikamaru avec calme. Vous aurez bien vite l'occasion de vous dépenser.

A nouveau des ninjas traversèrent le salon. Celui qui fermait la marche attira l'attention d'Algalle. Après avoir refermé la porte, il leur jeta un bref regard avant de hâter le pas pour rejoindre les autres qui avaient continués à avancer, tout en scrutant l'ensemble de la pièce.

_ « Il est clairement pas à l'aise celui-là... Je le trouve bien nerveux, le garçon. »_ gronda Ashitako.

– « Je me demande s'ils n'ont pas plus d'informations que ce qu'ils nous disent. C'est bizarre tous ces va et viens. »

_ « Le prisonnier a dut parler. »_

Algalle ne put s'empêcher de frissonner, qu'avaient-ils bien put lui faire pour qu'il livre des informations ? Elle aurait préférée ne pas y penser.

_ « Ce sont des ninjas et la nécessité le permet. »_ justifia Ashitako.

– « Ça, j'en doute. »
pensa Algalle en frissonnant à nouveau.

Gaara lui déposa alors une couverture sur les épaules, il devait penser qu'elle avait froid.

– Merci...

Le regard d'Algalle fut à nouveau attiré par le ninja au comportement nerveux. D'un pas vif il retraversa le salon avant de s'arrêter devant la porte. Il toucha la poignée puis sembla se raviser et s'en alla tout aussi rapidement.
Alarmée, Algalle se tendit puis elle sentit qu'on lui prenait la main sous la couverture. Gaara lui adressa un regard interrogateur et la jeune fille se détendit.

– Je n'aime pas attendre comme ça, ça finit par m'angoisser, avoua t'elle avec un pâle sourire.

– Je crois que personne n'aime ça, répondit Temari. A croire qu'ils nous ont oublié...

– Ça serait un comble après le mal qu'on s'est donné pour venir jusqu'ici, maugréa Naruto.

– Ça arrive, avertit Kankurô en se redressant.

Un ninja de Konoha arriva alors.

– Votre mission débute maintenant, fit-il sans ménagement. On a cerné différents secteurs où l'on pense que se situe leur planque. On cherche surtout la principale mais les autres aussi sont bonnes à prendre. On va établir plusieurs groupes composés de deux équipes. Vous de Suna, vous serez avec celle de Shikamaru. Vu que vous avez déjà travaillé en commun, ça devrait le faire.

– Trop bien, fit Naruto ravi.

– Concentre toi et écoute, le coupa Shikamaru. C'est important.

– Tu prendras la tête de ce groupe, Shikamaru, continua le ninja imperturbable.

Algalle jeta un bref regard à Gaara qui resta impassible, visiblement il n'avait rien à redire. Son état de concentration surprit Algalle, toute son attention était tourné vers les informations qu'on lui livrait.

_ « Il prend très au sérieux les missions qu'on lui confie, c'est un bon ninja »_ fit Ashitako.

Algalle acquiesça puis s'inquiéta à l'idée de se retrouver seule au refuge.

– Voilà, vous avez toutes les informations nécessaires ici, conclut le ninja en donna un papier à Shikamaru. Et sortez par l'autre côté, apparemment la poignée de cette porte déconne.

Alors que tous acquiesçaient, Algalle se recula vers la porte pour laisser le champ libre aux autres.
Comme une simple spectatrice, elle les écouta faire le point sur leurs compétences respectives puis sur les meilleurs moyens de les combiner. Gaara participait peu à la conversation mais ses interventions étaient toujours justes et précises. Algalle l'envia. Elle comprenait pourquoi il était si fort. Il se dévouait corps et âme à ses missions.
Soudain elle perçut un cliquetis métallique puis une seconde plus tard des cris résonnèrent dans le refuge.

– C'est quoi ça ? S'alarma Shikamaru en se tendant.

Algalle se concentra sur son ouïe et bientôt elle entendit distinctement des paroles qui la firent frémir : le prisonnier s'était échappé.

– C'est le prisonnier, il s'est échappé !

– Ça commence bien ! S'écria Temari en sortant son éventail. On fait quoi ?

Shikamaru qui écoutait les cris se retourna vers eux.

– On attend. Notre mission n'a rien à voir avec ce prisonnier.

– On savait même pas qu'ils avaient un prisonnier, s'indigna Kankurô. Ils ne nous disent pas tout.

– Je sais et ça me gonfle aussi mais c'est comme ça, répondit Shikamaru. On attend et on se concentre sur notre mission.

Kankurô allait protester mais Gaara le coupa d'un geste.

– Il a raison, on attend.

Le marionnettiste fit la moue mais ne dit rien plus, contrairement à Naruto.

– On va pas toujours attendre !

Avant qu'on puisse l'en empêcher, il dépassa Algalle pour aller à la porte mais quand il tira sur la poignée, celle-ci lui resta dans les mains.

– Qu'est-ce que tu fais ? S'agaça Shikamaru tandis qu'Ashitako riait aux éclats dans la tête d'Algalle.

– C'est pas ma faute, c'est cassé... Et il faut qu'on rattrape ce prisonnier.

– On ne sait pas ce qui se passe, tempéra Shikamaru. Il vaut mieux attendre et... Naruto, tu m'écoutes ?!

Déjà le blond tentait de forcer la porte. Soudain elle céda et tous s'enchaîna. Algalle entendit un bruissement puis un tintement qu'elle connaissait bien, juste avant que des Kunaïs fondent sur eux.

– Attention !

Naruto bondit sur le côté tandis qu'un mur de sable se dressa devant Algalle. Les Kunaïs s'y arrêtèrent en une série de bruit mat.

– A couvert ! S'écria Shikamaru.

_ « Toi aussi ! »_ cria Ashitako.

D'un bond Algalle, rejoignit Gaara qui était le seul à être resté debout.

– Derrière moi.

La jeune fille acquiesça et se glissa dans le dos de garçon.
Le silence était pesant et Algalle entendait son cœur résonner à ses oreilles. Il ne se passait plus rien. Elle apposa ses mains sur le dos de Gaara pour garder le contact et se concentra sur ses sens.

– Naruto, tu vois quelque chose ? Demanda Shikamaru après un temps.

Le ninja blond se pencha vers la porte puis secoua la tête.

– Algalle ? Demanda alors le Chunin.

– Rien d'où je suis, mais je peux envoyer un chien.

Shikamaru acquiesça d'un hochement de tête et Algalle envoya Bébé. Le gros chien noir sortit du refuge puis arpenta les alentours.

– Tout est calme, reprit le Passeur. C'est... étrange.

Soudain elle perçu un bruit de pas sur le côté. D'instinct, elle fit un pas sur le côté et Gaara se replaça pour rester devant elle.
Des ninjas de Konoha arrivèrent et s'arrêtèrent en voyant le groupe aux abois.

– Un prisonnier s'est échappé et différentes issues ont été la cible d'attaque, résuma l'un d'entre eux. Une mission de sécurisation est lancée, vous êtes réquisitionné.

Tous hochèrent la tête puis se tournèrent vers Shikamaru qui échangea quelques paroles murmurées avec le ninja, notamment au niveau de la porte défoncée de l'intérieur...

– Algalle, restes dans le refuge, fit Gaara tout bas. Et loin des ouvertures.

_ « C'est une bonne remarque que l'on va prendre en compte. »_ acquiesça Ashitako.

– Ne t'inquiète pas pour moi, je reste ici.

D'un geste vif, elle lui serra la main puis Gaara suivit les autres qui sortaient avec prudence.
Algalle se laissa tomber sur un fauteuil loin des fenêtres tandis que deux ninjas se mettaient en faction à la porte défoncée.

_ « C'est bizarre quand même, il y a un truc qui me chiffonne... Je comprends l'évasion, on est jamais content d'être prisonnier, mais pourquoi rester en planque pour attaquer les sorties ? Ça n'a pas de sens. »_ lança Ashitako perplexe.

« Ils ne voulaient sans doute pas être suivi. » proposa Algalle en pensée.

_ « Ça se tient. Le prisonnier peut peut-être pas, ou plus, se déplacer rapidement et du coup ils voulaient prendre de l'avance. »_

Algalle tiqua.

« Dans ce cas, comment ils pouvaient savoir qu'il ne pourrait pas, ou plus, se déplacer correctement ? »

Ashitako ne répondit pas de suite, visiblement perplexe.

_ « C'est une bonne question...Je te remercie de l'avoir posé. »

Algalle se redressa, le calme ne lui disait rien qui vaille tout à coup.

_ « En gros, soit ils nous observaient, soit... il y a un traître dans nos rangs. »_ résuma le démon.

Algalle frissonna.

– « Je devrais peut-être en parler ? »

_ « C'est que des suppositions, on fabule peut-être. Puis je voudrais pas qu'ils nous
soupçonnent... »_ tempéra Ashitako.

« Tu as raison, puis j'ai promis à Gaara de rester en dehors de tout cela. »

_ « Bah, ce que Gaara ignore ne peut pas lui faire de mal. »

Algalle eut un sourire mais rapidement l'ambiance pesante le fit disparaître.
Les ninjas restés à la porte étaient anxieux. Ils ne cessaient de balayer l'extérieur de regards soupçonneux et d'échanger à voix basse.
Leurs murmures et leur état d'alerte stressaient Algalle. Elle se leva et fit quelques pas dans le salon mais cela attira leur attention. Mal à l'aise, Algalle préféra partir dans le refuge.

_ « Faudrait trouver un endroit assez petit et sans fenêtre pour attendre tranquillement... Un placard par exemple. »_

Algalle eut un petit rire mais la tension de son démon était aussi palpable, elle le sentait scruter les alentours.

_ « Remarque, on aura du mal à justifier ça auprès des autres... Seul Gaara en serait content. »_

Visiblement son démon avait besoin de s'apaiser et rien de mieux pour lui que de parler.

– « Je devrais peut-être trouver Akouma et lui faire part de nos suppositions ? »


_ « Reste en dehors de ça. »_

Algalle soupira mais soudain un courant d'air froid la heurta. Elle tourna à l'angle du couloir puis vit tout au bout une porte grande ouverte sur l'extérieur.

_ « Ils ne savent pas fermer les portes ou quoi ? »_ grogna Ashitako.

Avec prudence, Algalle s'avança. Par réflexe, elle analysa les odeurs présentes : que des ninjas de Konoha. Elle sortit alors de quelques pas et vit l'appendice proche du refuge, celui où avait été visiblement conduit le prisonnier. Il n'y avait personne.
Une nouvelle odeur, inconnue, s'ajouta aux autres, certainement celle du prisonnier.

– Ça c'est pas normal... souffla Algalle en avançant encore.

Elle se concentra puis visualisa les odeurs. Elle voyait nettement celle des ninjas de Konoha puis celle du prisonnier, seul. La tempête qui se levait était en train d'effacer la piste mais elle partait distinctement vers la montagne.

_ « Là, c'est carrément louche. Si on l'avait aidé de l'extérieur, il y aurait d'autres traces mais là... »_

– Il est parti seul, termina Algalle dans un souffle.

L'hésitation s'empara d'elle. Les empreintes de pas étaient effacées par le neige fraîche qui tombait et l'odeur se cristallise rendant la piste moins évidente.

_ « Il faut que tu te décides maintenant... »_ souffla Ashitako comme sa conscience.

Algalle hésita de plus belle. Elle pourrait remonter la piste, et peut-être localiser le repaire principal des mercenaires. Elle pourrait aider...

_ « T'es actuellement la seule à pouvoir remonter cette piste. »_ ajouta Ashitako.

Algalle se tordit les doigts, tiraillée par un dilemme. Elle jeta un coup d'œil vers la porte du refuge restée ouverte et tressaillit en découvrant Gaara qui l'observait. Elle ne l'avait pas entendu, ni senti, arriver.

_ « Il fout les jetons à être comme ça dans ton dos ! »_ grogna Ashitako.

– Tu m'as fait peur, se plaignit Algalle. Je t'ai pas entendu arriver.

– Qu'est-ce que tu fais ?

– La porte était ouverte, répondit la jeune fille en revenant au refuge. J'allais la fermer, j'attendais juste Bébé.

– Il est devant avec les ninjas de Konoha.

Algalle acquiesça mais elle avait la désagréable impression qu'il ne la croyait pas. Pour montrer sa bonne foi, elle referma la porte derrière eux.

– On va partir du refuge, reprit Gaara après un temps. Les ninjas de Konoha pensent avoir localisé un point chaud, il vaut qu'on aille voir.

– D'accord. De toute façon je vous attends ici.

_ « Je veux pas jouer les éléments perturbateurs mais tu serais plus utile à remonter cette piste. »_

« Pourquoi tu dis ça ? »

_ « A moins qu'ils soient nuls comme ninjas, ils doivent savoir que le prisonnier a reçu une aide de quelqu'un du refuge mais ils n'ont pas ta capacité à suivre les pistes. Sur ce coup-là, tu pourrais vraiment les aider. Et la piste va bientôt s'effacer avec cette tempête, alors décide toi vite ! »_

Algalle frémit.

– Si je faisais quelque chose que je pense complètement nécessaire, tu m'en voudrais ?

Gaara tiqua, l'air inquiet.

– Je pense que non, mais ne sors pas. C'est vraiment dangereux dehors.

_ « Tu peux pas l'amener avec toi, il faut être furtif et rapide. Il te gênerait plus qu'autre chose. »_

Algalle sentit le poids de l'incertitude peser sur elle. Elle devait se décider et vite. Un frisson la secoua alors de la tête aux pieds.

– Tu as froid ? S'enquit Gaara.

– Oui, un peu. Tu veux bien aller me chercher ma veste que j'ai laissé dans le salon ? Je vais me faire un thé pour me réchauffer. Je n'aurais pas dû sortir.

Gaara se détendit puis il acquiesça avant de déposer un bref baiser sur le front d'Algalle qui lui sourit.



Gaara remontait le couloir. Ça ne lui plaisait pas de laisser Algalle seule ici mais il n'avait pas vraiment le choix, puis il aimait l'excitation que lui procurait d'éventuels combats.
Il arriva dans le salon où les autres attendaient a nouveau le départ et balaya la pièce du regard.

– Tu cherches quoi ? Demanda Temari.

– La veste d'Algalle, répondit Gaara en contournant un fauteuil.

Kankurô secoua la tête.

– Elle en avait pas, puis c'est pas comme si elle craignait trop le froid.

Gaara se figea. L'espace d'un instant, il ne ressentit que les battements accélérés de son cœur puis le doute s'éprit de lui.
Et si... ?
Sans un mot de plus, il quitta le salon en courant.
Elle n'aurait pas fait ça ?
Gaara déboula dans le couloir. Son cœur rata un battement en le voyant vide et surtout la porte entrouverte.
Algalle n'était plus là.




Fin du chapitre
Les choses accélèrent et Algalle en profite pour filer en douce.
Mais est-ce la meilleure chose à faire ?

Vos avis en commentaires ^_^






Un monde plein de mystèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant