87 - Un coriace adversaire

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Baki remontait le long couloir. Malgré la clarté des lieux, il émanait une impression malsaine dans l'ancienne maison du Kazekage, comme si toutes les atrocités qui c'étaient déroulées entre ces murs n'arrivaient pas à s'en extirper. 
Peut-être qu'avec le temps ?
Baki secoua la tête, le temps pouvait faire beaucoup de choses, mais là... 
Ses pensées partirent alors vers Gaara. Qui aurait pu croire qu'il parviendrait à outrepasser son démon et à vivre presque normalement ?
Il avait changé depuis son retour de Konoha, et pas qu'un peu. Puis il y avait ce Passeur, cette Algalle entourée de mystère...
Baki n'arrivait pas à se faire une opinion sur elle. Elle paraissait faible, naïve et inoffensive et pourtant. Elle avait compris bien des choses et son sens de l'analyse était bien au-dessus de celui des ninjas de son âge, puis il y avait Gaara. Elle avait clairement de l'influence sur lui. Baki en était certain, elle pouvait aisément le manipuler voir le retourner contre Suna. Et pourtant elle ne faisait rien de cela.
A vrai dire, elle ne faisait rien d'autre qu'essayer de vivre une vie normale et ça c'était étrange. Quiconque a du pouvoir s'empresse de l'utiliser, mais pas elle.
Ça c'était incompréhensible pour Baki, mais il ne s'en plaignait pas. Si Suna perdait Gaara, c'était la fin du village.

Il s'arrêta devant une lourde porte, réajusta sa tenue puis entra. Le Haut Conseil était à nouveau réuni.

– Ils sont en route pour le Pays du Feu, fit Baki. La mission débutera sous peu.

Le doyen du Conseil hocha la tête.

– Espérons que la mission soit une réussite.

– Cela nous fera remonter dans l'estime de Konoha, peut-être même auront-ils une dette envers nous.

– Nous n'avons pas accepté de porter assistance pour cela, s'indigna un conseiller. Un peu de dignité, voyons.

Un murmure agita les rangs du Haut Conseil.

– Paix, lança le doyen en ouvrant un dossier. Nous ne vous avons pas fait venir pour cela, Baki.

Le Sensei se tendit. Il savait que cette convocation n'avait rien à voir avec l'aide quémandé par Konoha. Il avait même une petite idée de son réel but.

– Nous voulions vous parler du Passeur, reprit le doyen en levant le nez de ses papiers. Cette Algalle Du Pays du Vent, celle qui vous avez fait acquitter à votre retour de Konoha. Elle est le fruit des expériences hasardeuses du précédent Kazekage. Elle est donc comme Gaara, un réceptacle à démon.

Baki ne répondit pas, il n'y avait pas là de question, c'était une simple affirmation et il attendait la suite.

– Sa mère a fuit et cette enfant ne fait pas partie de Suna, on peut même dire qu'il s'agit d'un électron libre. Un électron puissant, n'est-ce pas ?

– Elle a des capacités, mais manque d'entraînement.

– Cela vous plairez d'entraîner un tel ninja ?

Baki trouva la question du conseiller belliqueux déplacée et il ne fut pas le seul.

– Ce n'est pas là la question, rétorqua le doyen mécontent. Elle ne fait pas partie des effectifs de Suna et...

– Cela pourrait être le cas.

– Et comment donc ?

– Elle semble proche de Gaara, ils ont été vus ensemble. On pourrait lui donner pour mission de convaincre ce Passeur de venir à Suna.

Un murmure parcourut la salle et Baki eut des difficultés à réprimander un frisson. Ainsi Algalle et Gaara avaient été vus ensemble, mais à quel point ? Les conseillers savaient-ils pour leur relation ?
Baki l'ignorait et cela ne lui plaisait pas.

– Vos propos sont malsains, reprit le doyen avec lenteur. Une telle mission est impensable, nous ne pouvons forcer quelqu'un à rejoindre nos rangs. C'est justement parce que jadis Suna a agit ainsi que notre mauvaise réputation nous précède. Nous avons la chance de pouvoir y remédier alors saisissons la et épargniez nous vos idées fantasques.

Baki eut un sourire en coin. Finalement le doyen remontait dans son estime.

– Je comprends, répondit le conseiller en haussant les épaules, nonchalant. Et vous, Baki, qu'en pensez-vous ?

Le Sensei fixa le doyen, attendant son approbation pour livrer sa réponse.

– Il serait en effet intéressant que ce Passeur rejoigne les rangs de Suna mais ne pouvons la forcer. Au vu de leurs âges et de leurs vécus partiellement similaire, il est normal qu'elle s'entende avec Gaara mais cela ne va pas plus loin. Je doute qu'elle décide de venir à Suna juste comme ça. Le mieux que l'on puisse faire c'est d'entretenir les bonnes relations qu'on tissait Temari, Kankurô et Gaara avec elle.

Le doyen hocha la tête.

– Nous sommes d'accord, il faut entretenir de bonnes relations avec nos alliés quel qu'il soit. Pour moi la question est close. Si ce Passeur veut se joindre à Suna, elle est la bienvenue. En attendant traitons là avec tous les égards possibles.

Un murmure d'approbation envahit la salle, seul le conseiller belliqueux semblait mécontent. Baki était quelque peu soulagé, visiblement Algalle et Gaara s'étaient bien tenus et personne ne semblait avoir remarqué leur relation.
Le doyen sonna la fin de séance mais, d'un geste discret, intima au Sensei de rester. La salle se vida puis, une fois seul, Baki s'avança.

– Ce Hiroshi est une plaie, soupira le doyen. Il veut tout obtenir qu'importe les moyens employés. 

– Il va falloir du temps avant que les mauvaises habitudes nous quittent.

Le doyen eut un pâle sourire.

– Une chance surtout que nous soyons toujours en vie. Entre la folie du précédent Kazekage et cette guerre meurtrière, estimons-nous heureux d'être encore là.

Baki se contente qu'acquiescer. Le doyen ne lui avait pas demandé de rester pour se lamenter ainsi.
Le vieil homme le regarda un instant avant de soupirer.

– Je ne sais ce qui s'est passé à Konoha, ni ce que ce Passeur à avoir avec les changements en Gaara et cela ne m'intéresse pas. Nous n'avons rien sur elle et sur ses capacités mais j'ai trouvé ceci.
Le doyen tendit un dossier au Sensei.

– Il s'agit d'une partie des recherches du précédent Kazekage sur les démons. Vous avez entre les mains l'histoire même d'Ashitako, le démon loup, celui dont cette Algalle est le réceptacle.

– Que dois-je en faire ?

– Lisez-le, vous comprendrez bien des choses. Une fois que vous aurez terminé, détruisez-le. Il est des choses qu'il vaut mieux ne pas ébruiter.

Baki acquiesça. Il salua le doyen puis quitta la salle du Haut Conseil.
Il hésita puis alla à ses quartiers où il verrouilla sa porte. Il feuilleta le dossier contenant des textes et des images. La tentation était forte. Algalle l'intriguait mais c'était surtout la conduite de son démon qui le déconcertait. 
Libre, il s'était contenté de suivre son réceptacle et de la protéger sans rien tenter d'autre. C'était incompréhensible. Ce démon et ce réceptacle étaient incompréhensibles.
Raison de plus d'avoir enfin des réponses.

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