108 - Top secret

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Gaara regardait les flammes dans l'antre de la cheminée, il aimait cette chaleur. 
Il se surprenait à apprécier autant de choses, avant rien n'avait de saveur et il avait parfois l'impression de redécouvrir le monde. C'était assez perturbant mais il aimait ça.
Il aimait comprendre et interagir, voir ce que ses réactions engendraient comme conséquences.
Anomaru était en partie allongé sur ses jambes et le garçon s'était adossé contre un gros fauteuil. Tout était calme, les ninjas dormaient ou fessaient leurs rondes. Gaara appréciait le calme de la nuit, tout comme le calme en lui.
Anomaru se mit alors à remuer puis à courir dans son sommeil, réveillant une douleur à l'épaule de Gaara.
A travers les couches de vêtements, le garçon effleura sa blessure puis sourit. Durant des années son père n'avait eu de cesse que d'essayer de le tuer mais en vain, son sable l'avait toujours protégé. Pourtant là il avait bien faillit le tuer.
Il avait été envahit par la soudaine panique de Shukaku : son hôte allait bêtement mourir noyé...
Gaara ne put s'empêcher de rire. Passé la peur et la foule d'émotions de l'instant, il trouvait cette mort parfaitement idiote. 
Heureusement qu'Algalle était là, encore et toujours.
Le simple fait de penser à elle le fit se sentir bien. Sa seule présence avait un effet immédiat sur lui et il n'avait plus envie de s'en passer.
Anomaru se réveilla alors. Il regarda un instant autour de lui comme pour savoir où il se trouvait puis il remarqua la présence de Gaara et vint se frotter à lui. Le garçon le caressa. Il se rappelait leur première rencontre quand le chien était venu lui porter l'invitation d'Algalle dans sa chambre. En somme, Anomaru était son premier ami.
Gaara enlaça le chien qui se lova contre lui. 
Le garçon aurait bien savouré cette étreinte mais soudain une porte s'ouvrit et un courant d'air froid agita les flammes, faisant frissonner Gaara. Il n'aimait pas le froid.
Le garçon tourna la tête vers l'entrée du salon et remarqua alors qu'il neigeait abondamment dehors. Il était bien content d'être arrivé à temps au refuge. Des pas se firent alors entendre et Anomaru se leva, visiblement ravi de cette visite. Un ninja de Konoha entra alors dans le salon. Il était chaudement vêtu et de la neige fraîche s'accrochait à ses vêtements mais l'attention de Gaara était plus sur le gros chien noir qui l'accompagnait.
Anomaru bondit sur Bébé et l'accueillit à grands coups de langue.

– Le Passeur dort ? Demanda le ninja d'une voix étouffée.

– Oui, elle se repose. Je lui dirais que son chien est là dès qu'elle se réveillera.

– Merci. On l'a trouvé avec Naruto en train d'errer près de l'escalier.

– Comment va Naruto ?

Le ninja eut un petit rire.

– Congelé mais vivant.

Il rigola à nouveau avant de s'en aller. Les chiens continuèrent à jouer quelques instants puis Bébé s'approcha de la cheminée. Si Gaara avait de suite réussi à créer un lien avec Anomaru, le grand chien noir était plus distant. Il était le protecteur d'Algalle.
Le chien renifla le garçon puis se coucha, l'air fatigué.
Gaara le caressa du bout des doigts.

– Elle va bien, rassures toi.

Le gros chien lui lécha la main et Gaara fut certain qu'il avait comprit. Il aurait bien philosophé sur l'intelligence canine mais déjà Anomaru revenait se coucher sans ménagement sur ses jambes.
A moitié recouvert par un chien et blotti contre un autre, Gaara sourit. Il n'était plus seul, même la nuit, puis à présent il aimait les chiens.
Il savoura leur chaleur tout en vidant sa tête des événements de la journée, demain commençait une nouvelle mission.

– Haa... il fait froid.

Gaara se retourna pour voir Naruto arriver en se lamentant. Il était couvert de neige fondue et d'hématomes. Le rouquin se leva alors pour lui déposer sa couverture sur les épaules tandis que le ninja de Konoha se laissait tomber sur un divan.

– Merci, grelotta le blond en refermant la couverture sur lui. Tu m'attendais ?

– Je ne dors jamais, rappela Gaara. Mais oui, je t'attendais.

Naruto eut un sourire.

– On est pote maintenant.

Gaara tiqua avant d'acquiescer.

– Oui, nous sommes potes.

Naruto lui adressa un sourire qui fit chaud au cœur de Gaara. Il appréciait vraiment sa nouvelle vie.
Il laissa Naruto se réchauffer puis il le mena aux cuisines où le blond entreprit de goûter à tous. Tout en engloutissant une grande quantité de nourriture, Naruto n'arrêtait pas de parler. Il lui raconta ses tentatives avec Lee pour monter les escaliers puis quand celui-ci l'avait lâchement abandonné à son sort. Il énuméra tous ses essais et leurs échecs jusqu'à l'arrivée de Bébé qui était monté marche par marche sans jamais tomber. Naruto avait alors décidé de l'imiter et avait réussi à gravir l'escalier avant de se perdre dans la plaine.
Gaara l'écouta, se retenant de lui signaler qu'ils l'avaient averti de monter avec prudence puis que le chemin entre le refuge et l'escalier n'était qu'une ligne droite où il était quasiment impossible de se perdre...
Ayant trouvé une oreille attentive, Naruto enchaîna et Gaara se retrouva à commenter les différentes variétés de Ramen et ses préférences.
Ce n'était pas grand chose mais Gaara n'en avait pas l'habitude. Il était peu coutumier de ces grandes conversations où l'on parlait de tout et de rien.

– Je dois avouer que j'envie parfois ta sociabilité, glissa le rouquin alors que Naruto engloutissait son dessert. Tu arrives à créer des liens avec tout le monde et avec tant de facilité.

– Ça n'a pas toujours été le cas.

Gaara quitta des yeux leurs reflets difformes dans l'inox des réfrigérateurs pour se reporter sur le ninja de Konoha.

– Enfant, personne ne voulait jouer ou juste parler avec moi. J'étais l'orphelin que l'on évite, celui qu'on fuit... Mais maintenant ça va mieux.

Gaara esquissa un sourire.

– Oui, maintenant ça va mieux.

Naruto lui asséna une tape amicale sur l'épaule puis termina d'engloutir son dessert. Gaara ne put s'empêcher de sourire.
Après avoir pillé le garde-manger du refuge, Naruto commença à fatiguer et Gaara le mena à la chambre alloué aux garçons.

– C'est ici mais je te préviens il y fait froid, il n'y a pas de chauffage.

Naruto fit la moue.

– J'imagine que ça ne sera pas pire que dehors... Aller, bon restant de nuit.

Il ouvrit la porte et entra sans prendre la peine de se faire discret. Malgré la porte refermée derrière lui, Gaara entendit les autres se plaindre de Naruto et celui-ci leur répondre sans ménagement.
Finalement, il n'était pas si mal devant sa cheminée. Gaara s'empressa d'y retourner. Il s'enveloppa dans une couverture avant de se rasseoir devant l'antre et les chiens revinrent se blottir contre lui.
Beaucoup de choses avaient changées pour lui comme pour les autres et il pressentait que d'autres changements allaient arriver mais il n'avait plus peur.
Gaara ferma alors les yeux. Il ne dormait peut-être pas mais il pouvait quand même rêver.

Un monde plein de mystèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant