Un monde plein de mystère

82 - Suna

- Algalle !

Algalle se tourna vers les escaliers. Gaara était là.
L'inquiétude dans son regard serra le cœur de la jeune fille. Ils se dévisagèrent sans oser s'avancer l'un vers l'autre malgré leurs envies.

– Konoha a besoin de nous, intervint Temari. Une mission de sauvetage apparemment.

Gaara hocha la tête avant de descendre lentement les escaliers, on aurait dit qu'il mesurait chacun de ses gestes.
Algalle pensa que c'était en rapport avec la présence de Baki et, malgré son envie ardente de l'enlacer et de se blottir contre lui, elle décida d'en faire de même. Ils devaient rester discret, même si cela était douloureux.

_ « Vous aurez tous le temps de vous bécoter plus tard, la situation est grave ! »_ lança Ashitako sans ménagement.

Algalle sentit ses joues s'enflammer de honte, ce n'était vraiment pas le moment.

– Dépêchez vous, fit Baki avec une pointe d'agacement. Il faut réunir le Haut Conseil au plus vite.

Le trio des sables acquiescèrent à l'unisson puis le Sensei leur fit signe de le suivre. Algalle allait les suivre quand Gaara la retint par le bras.

– Ça va ? Souffla t'il tout bas.

– Oui, je vais bien.

Gaara effleura alors la joue d'Algalle qui se rappela sa blessure.

– Ce n'est rien, je t'expliquerai tous plus tard mais là il faut faire vite, la situation est urgente.

– Je m'en doute bien.

Gaara partit à la suite des autres et Algalle s'empressa de les suivre.
Ils remontèrent de longs couloirs austères parsemés de portes toutes identiques. Malgré la clarté des lieux et les couleurs neutres, Algalle y ressentait un certain mal-être. Il régnait ici comme une ambiance pesante, une menace silencieuse.
Perturbée par son ressenti, Algalle ne vit pas qu'ils s'étaient arrêté devant une double porte et rentra dans Gaara qui lui adressa un regard interrogateur. Elle y répondit par un sourire d'excuse mais ne put réprimander un frisson.

– « C'est ton angoisse que je ressens? » s'étonna Algalle en pensée.

_ « Je suis pas angoissé ! Je m'en fiche du Suna ! Mais c'est vrai qu'il y a un truc malsain ici, on dirait que ça a imprégné les lieux... Peut-être une aura de folie ? _ »

– « Shukaku ? »

_« Non, une folie humaine... Ça a vicié ces lieux. »_ répondit Ashitako.

– « Le... père de Gaara ? »

_« Peut-être, en tout cas c'est encore assez fort et ça va mettre du temps à partir... »_

Algalle frissonna à nouveau. Suna était vraiment à l'opposée de Konoha.
Ils entrèrent dans une petite salle où trônait des bancs en bois sombres et une autre double porte à l'opposé de la pièce.

– Attendez ici, je vais avertir le Haut Conseil de la demande de Konoha, fit Baki. Ils voudront certainement vous voir Passeur.

Algalle, la gorge nouée, hocha la tête. Baki franchit la double porte qui se referma en un claquement sec peu engageant.

– C'est qui le Haut Conseil ? Ne put s'empêcher de demande rAlgalle.

Elle maudit aussi les tremblements dans sa voix mais elle ne pouvait rien y faire.

– C'est un comité décideur composé des plus vieux ninjas de Suna, répondit Temari en se tournant vers le Passeur. D'habitude ils n'ont qu'un rôle de conseillers mais en l'absence de Kazekage c'est eux qui prennent toutes les décisions.

Algalle acquiesça, peu rassurée.

_ « C'est qu'une ensemblé de vieux, pas la peine de stresser pour ça. »_ se moqua Ashitako.

– « Je te rappelle que jusqu'à peu, j'étais menacé d'exécution si je venais à Suna. » rappela Algalle.

Ashitako mit un temps à répondre.

_« Alors j'espère que Baki a bien fait son boulot ou que ces vieux sont tous séniles... »_

Algalle soupira, Ashitako ne prenait rien au sérieux.

– Ça va aller, fit alors Gaara.

Algalle leva le regard vers lui. Il s'était adossé au mur et avait son air impassible.

– J'espère...

– C'est si grave que ça ? Demanda Kankurô.

– Oui...

La voix d'Algalle se brisa et le silence retomba. Ils restèrent tous debout à attendre.
Quand Baki revint les chercher, Algalle sentit son estomac s'agiter tandis que ses jambes lui semblaient de coton. Elle avança d'un pas maladroit puis une douce chaleur se propagea en elle, chassant son angoisse.

_ « Aller, allons secouer des vieux ! »_ lança Ashitako confiant.

Algalle eut un sourire, son démon l'aidait du mieux qu'il pouvait.
Elle entra dans une grande salle circulaire où, sur une estrade en arc de cercle, siégeaient neufs vieil hommes. Ils étaient en surplomb par rapport à elle ce qui ne la mit pas plus à l'aise, mais surtout elle était étonné du grand âge de certains, seul celui en face d'elle semblait en alerte.

_ « Bienvenue à la maison de retraite pour ninjas de Suna. »_ s'esclaffa Ashitako.

– « Arrête, s'ils sont là c'est qu'ils sont en état de prendre des décisions. Ils doivent détenir la sagesse et l'expérience de Suna. »

_ « On peut être vieux et idiot... puis s'ils sont ancré dans les vieilles habitudes, ils pourraient refuser de porter assistance à Konoha. »_

Algalle se figea.

- « Ça serait très mauvais ça... »

Elle jeta un regard en biais à Gaara qui se dirigeait sur un côté avec Temari et Kankurô, seul Baki resta auprès d'elle.

– Voici le Passeur Algalle, fit le sensei en la désignant. Elle vient directement de Konoha pour nous livrer un message de la plus haute importance.

Tous les regards convergèrent sur Algalle. Elle inspira profondément pour, avec l'aide d'Ashitako, apaiser les battements frénétiques de son cœur.

– L'Hokage m'envoie pour vous demander assistance, expliqua t'elle. Un genin de Konoha est porté disparu, il est soit parti, soit il a été enlevé, dans tous les cas il est escorté par quatre personnes. Une équipe de cinq ninjas sont partis à leur poursuite mais l'Hokage craint à présent pour leurs vies. Elle vous demande une équipe, si possible celle présente à l'examen des Chûnins, pour leur venir en aide.

Algalle se tut et quelques murmures parcoururent les rangs du Haut Conseil. Celui-ci qui siégeait face à la double porte se pencha en avant.

– Sait-on pourquoi ce genin a quitté Konoha ?

Algalle réprimanda un sourire. Il posait exactement la question qu'elle souhaitait, elle allait pouvoir donner son plus bel argument.

– Pour rejoindre Orochimaru, répondit-elle avec calme. Il l'aurait tenté de l'enrôler durant la guerre de Konoha puis à présent envoyé ses sbires le chercher.

Le vieil homme pinça les lèvres, signe d'une grande rancœur.

_ « Pas mal, en demandant d'abord l'assistance tu as capté sa curiosité et maintenant tu leur livre un ennemi commun... T'es redoutable dans ton genre ! »

– Orochimaru est un danger et un traître, intervient Baki avec une pointe de colère. Quoi qu'il veuille à ce Genin, c'est certainement une mauvaise chose. Nous ne pouvons pas laisser faire ça.

Le vieil homme, que Algalle commençait à considérer comme le chef du Haut Conseil, leva la main pour faire taire le Sensei.

– Nous savons tous ça, Baki. Mais nous sommes aussi dans une mauvaise situation, nous manquons de ninjas et cette affaire me paraît des plus sérieuses...

– Konoha a été juste avec nous, fit un autre vieil homme. Ils ont été conciliant lors de notre reddition, les aider à présent serait un juste retour des choses.

– Mais ça pourrait mettre nos ninjas en danger, coupa un troisième homme.