Un monde plein de mystère

95 - Prisonniers

Algalle se réveilla en sursaut.
Elle avait mal à la tête et ne voyait que les ténèbres devant elle. Elle mit un temps à comprendre qu'on lui avait bandé les yeux.

– « Qu'est-ce que j'ai ratée ? » demanda t'elle en pensée.

_ « Aucune idée. C'est le trou noir pour moi aussi, j'ai rien put faire. »_ soupira Ashitako.

Algalle sentit un frisson lui remonter leur long du dos, tout cela était de mauvaise augure. Pour dissiper sa peur, elle se concentra sur son ouïe et son odorat.
Elle était entravée par des liens solides et elle percevait une autre respiration, sûrement Shikamaru.
Le sol était humide sous elle et l'endroit sentait le renfermé, peut-être une grotte ou une cave ? Tout était immobile, étrangement calme.
Algalle tenta d'établir le lien avec Bébé ou Anomaru mais ils semblaient toujours trop loin. L'inquiétude revint comme une marée impossible à endiguer.

– « Pourquoi nous avoir capturé ? Pour une rançon ? »

_« Qu'ils essayent ! Laisse-moi sortir dès qu'ils sont là !»_ gronda Ashitako.

Algalle n'était pas certaine que ça soit la meilleure solution. Elle essaya de tirer sur ses liens mais en vain, ils étaient solides et bien noués.
Soudain on remua non loin.

– Shikamaru ? Souffla t'elle aussi bas que possible.

Algalle sourit en l'entendant soupirer.

– On est où ?

– On a été endormi et visiblement enlevé.

– Génial... Pourquoi ça devait arriver qu'à moi ?

– Reste calme, conseilla Algalle.

– Je suis juste blasé... J'ai les mains liées et les yeux bandés, et toi ?

– Pareil, mais ça va aller. Comment va ta jambe ?

– Ça pique un peu mais ça va. T'as un plan ou un truc du genre ? Moi, j'ai mal au crâne et...

– Attend. Ils arrivent.

Il y eut un temps de silence avant que Shikamaru ne reprenne.

– Comment tu le sais ?

– Je les entends.

Le silence retomba puis la porte s'ouvrit. Algalle perçue un peu de lumière et surtout une odeur d'alcool et de sueur.

_ « Deux personnes. »_ renseigna Ashitako sur ses gardes.

– Vous êtes enfin réveillé, fit une voix rauque. C'est pas trop tôt. Bon, tout va bien se
passer, enfin si vous restez sage. Aller, debout.

Ashitako gronda tandis qu'on relevait Algalle sans ménagement. Elle se laissa faire et suivit ses ravisseurs sans rechigner.
Elle nota autant de choses que possible, la pénombre, la différence de sol, les odeurs entremêlées, le chant des oiseaux, la chaleur du soleil sur sa peau...
Brusquement on ôta son bandeau. Aveuglée, Algalle cligna des yeux avant de parvenir à discerner ce qui l'entourait. Elle frémit en voyant un homme devant elle.
De carrure assez grande, il portait des habits de voyage dépareillés et surtout une multitudes de plaies recousues ou à peine refermées. Elle le reconnu pourtant sans peine.

– Je vois que tu te rappelles de moi, et je suis content de te revoir moi aussi. Surtout que tu fais moins la maline.

_ « Bon, lui est redescendu en vie sur terre... C'est bien notre veine. »_ soupira Ashitako.

– Vous êtes du genre rancunier, non ? Demanda Algalle avec autant de calme que possible.

_ « Fais quand même attention à ce que tu dis, oublies pas qu'il peut balancer des arbres et qu'il est plutôt du genre colérique. »_ conseilla Ashitako.

– Vous allez faire quoi de nous ? Questionna Shikamaru comme indifférent à la situation.

L'homme le regarda mais c'est un autre, plus jeune et agité, qui répondit.

– T'es de Konoha, toi ? Fit-il accusateur. C'est des voleurs ! Des sales voleurs, ils nous ont piqués...

– Hé, ferme là ! Le coupa l'homme devant Algalle.

_ « Le petit c'est pas un ninja. Il est clairement pas malin de nous livrer une information pareille. »_ se moqua Ashitako.

– Quoi ? Reprit le jeune homme énervé. On veut le récupérer, non ? Ils sont bien notre monnaie d'échange ?

– Mais tu vas la fermer !

Shikamaru se mit alors à rire.

– Moi, je suis bien de Konoha, mais pas elle, c'est un Passeur. C'est pas certain que Konoha cède à ce chantage, mais merci de l'info.

– On prend le risque, répondit l'homme avant de se pencher sur Algalle. Et je pourrais prendre ma revanche sur toi. Tu m'as laissé pas mal de souvenirs lors de notre derrière rencontre.

Tout en souriant, il prit le visage de la jeune fille pour la regarder de plus près.

– Au fond, t'es bien mignonne, je comprends l'intérêt de ton petit ami.

Algalle pensa alors à Gaara. Heureusement qu'il n'était pas là...
L'homme lui caressa la joue laissant une odeur de graisse et de crasse.

_ « Je vais le bouffer celui-là ! Pour qui il se prend ? Je vais lui faire payer ça ! »_ gronda Ashitako furieux.

–« Pas encore » répondit Algalle en pensée.

Ashitako grogna de plus belle tandis que l'homme se mettait à rire.

– Pourquoi tu parles plus, ma belle ?

– Je réfléchis.

L'homme rigola à nouveau.

– Et à quoi donc ?

Algalle ne put s'empêcher de sourire.

– A la meilleure manière de vous tuer.

Il y eut un moment de stupeur où la surprise envahit le regard sombre de l'homme qui sembla hésiter.

– T'as du cran, gamine.

Algalle se contenta de sourire. Elle reporta alors son attention sur le jeune homme qui semblait bien nerveux, presque soucieux. Il marmonnait sans cesse, visiblement il ne croyait pas un échange possible. Algalle se concentrait sur ses jérémiades mais soudain on les ramena dans la grotte dont on les avait sorti. A nouveau, ils se retrouvèrent plongés dans la pénombre.

– C'est qui ce type charmant ? Demanda alors Shikamaru.

– C'est une longue histoire...

– Étrangement, on a justement du temps à tuer... puis j'ai besoin d'avoir toutes les informations.

Algalle soupira mais acquiesça. Elle hésita puis lui raconta tout, de l'altercation en présence de Gaara à l'auberge à son retour vers Konoha.

– C'est presque personnel là, soupira Shikamaru. Et j'en reviens pas que tu sois sortie en douce pour rejoindre Gaara...

– Il avait besoin de moi.

– Maintenant c'est nous qui aurions besoin de lui. J'arrive à rien avec mes liens, je vais essayer avec les tiens.

Algalle acquiesça avant de se pencher vers le ninja. Il tenta de desserrer les entraves de cuir mais en vain.

– Ils sont bien noués, pesta Shikamaru en abandonnant. Ces types sont des pro question nœuds.

– Mais pas pour garder des informations, rappela Algalle. La chose que Konoha leur a prit doit être importante.

– Sûrement, mais j'en sais pas plus, dommage...

Algalle sentit l'amertume dans le voix de Shikamaru, elle décida de changer de sujet.

– J'espère que Naruto et Lee vont bien.

– Ça, moi aussi. Ils sont un peu notre chance de nous en sortir.

– Ça va aller, ne t'en fait pas.

– Pourquoi t'es si sereine ? T'as l'habitude de te faire séquestrer ?

Algalle sourit à Shikamaru.

– J'attends juste le bon moment.

_ « Ça, ils vont avoir une drôle de surprise. »_ ricana Ashitako.

Le silence retomba et ils attendirent que leurs ravisseurs reviennent.
Algalle ne put déterminer le temps qu'ils passèrent dans la pièce sombre, quelques minutes, quelques heures... aucune idée. Elle faisait jouer ses liens malgré sa peau qui s'irritait, Ashitako gérait ça.
On revint alors les chercher et la tension était palpable chez leurs ravisseurs.
Alors qu'on les sortait devant la grotte, Algalle regarda autour d'elle. En plus des deux précédents, il y avait six autres hommes.
Sans ménagement, on les poussa en avant. Algalle suivit le mouvement avant de faire mine de tomber. Elle chuta lourdement sur le côté puis on la redressa sans soin.
Algalle retint son sourire en sentant que ses liens s'étaient un peu détendu, mais soudain elle se prit un coup dans le dos qui lui arracha un cri de douleur. Elle tituba et on la rattrapa par les cheveux pour la remettre en marche.

– Laissez la ! cria Shikamaru tandis qu'Algalle se débattait.

Un homme asséna alors un coup dans le ventre du ninja qui s'effondra à son tour.

– Arrêtez ! S'écria Algalle en tentant de frapper au hasard.

Elle se prit un mauvais coup au visage et le goût du sang envahit sa bouche.
La situation dégénérait. L'homme qui tenait Algalle tentait de la pousser en avant tandis qu'on relevait Shikamaru. Malgré le sang qui coulait de sa lèvre coupée, Algalle essaya de résister. Elle tentait de se retourner pour voir Shikamaru qu'elle n'entendait plus quand soudain quelque chose jaillit sur le chemin, juste devant eux.
Il y eut un temps de stupeur puis Algalle frissonna. Anomaru la dévisageait gaiement.
Inquiète, elle lui intima de ne pas s'approcher et le chien se mit à aboyer.

– C'est quoi ce clébard ! Il est à qui ?

Les ravisseurs et ceux qui les escortaient semblaient perplexe quand soudain trois personnes arrivèrent sur le chemin.
Algalle sentit son estomac se tordre en reconnaissant l'équipe de Suna.

_ « Je sais pas si c'est une bonne chose, en fait... »_ se hasarda Ashitako.

Aussitôt les mercenaires se mirent en position, mais déjà Gaara apercevait les blessures d'Algalle et la colère se lit sur son visage.
L'homme aux multiples blessures attrapa alors la jeune fille par les cheveux et la hissa devant lui.

– Toi, le rouquin, tu restes calme sinon je lui tranche la gorge !

Algalle sentit une lame froide sur sa peau mais surtout elle vit que Gaara fulminait. Il était déjà à la limite de ce qu'il pouvait tolérer.

_ « Je tiens à préciser qu'il va partir en vrille, si ça s'arrête pas très vite ! »_ s'alarma Ashitako.

– Vous êtes en bien mauvaise posture pour tenter ça, répondit Temari en sortant son éventail.

– On est en surnombre, ma grande, apprend à compter. Huit contre trois.

– Qu'est-ce que t'en sais de notre nombre ? Rétorqua Kankurô en préparant sa marionnette.

L'homme hésita et jeta un regard vers les arbres de part et d'autre du chemin. Il reportait son attention sur le trio quand soudain Gaara fut prit de tremblements. Il se prit la tête en gémissant et une émanation de chakra jaillit, si puissante que même les mercenaires la perçurent.

– C'est pas normal ! S'alarma un des hommes. Ce gamin est pas normal !

Gaara releva alors la tête, un de ses yeux étincelait d'une lueur malsaine.

– Gaara, reprends toi ! S'écria Temari en reculant.

Kankurô l'imita, il valait mieux ne pas se trouver face à lui. Soudain Gaara hoqueta avant de pousser un hurlement qui fit vibrer les arbres alentour.

_ « Fais quelque chose ! Il va perdre le contrôle et on va se retrouver avec Shukaku sur les bras ! »_ s'alarma Ashitako.

– Gaara ! S'écria Algalle. Calmes-toi, ça va aller !

Soudain l'homme qui la tenait lui empoigna le bras et lui tordit faisant redoubler la rage de Gaara. Déjà le sable s'agitait dans une danse funeste.

– Tais toi ! Cria l'homme.

_ « Mais dégage cet abruti ! « _ enragea Ashitako.

– J'essaye juste de vous sauver la vie, rétorqua Algalle en se débattant. Mais si vous voulez mourir dans d'atroces souffrances, c'est votre problème !

L'homme hésita.

– Il a quoi ton petit copain ?

– Ho, juste un démon en colère.

Gaara se prit à nouveau la tête et le sable se mit à frémir autour de lui.

– Vous feriez mieux de l'écouter et de filer tant que c'est encore possible, ajouta Shikamaru tout aussi alarmé.

Les mercenaires hésitaient tandis que Temari et Kankurô tentaient de raisonner leur frère mais Gaara semblait sourd à leurs appels.

_« C'est la merde ! Faut se barrer et vite, je sais pas s'il va pas tenir encore très longtemps ! »_ paniqua Ashitako.

– « Qu'est-ce que je dois faire ? » demanda Algalle en pensée.

_ « Te libérer de ce type ! C'est le fait que tu sois en danger et lui dans l'incapacité de t'aider qui le rend si instable. Si tu te libères, ça devrait le calmer un peu, au moins le temps que tu prennes le relais. »

Algalle hocha la tête. Elle se tendit mais l'homme derrière elle resserra sa prise sur son bras. Elle grimaça mais tint bon.

_ « Ok, je comprends ce que tu veux faire, mais ça va faire très mal. Pas sûr que tu restes consciente. »_

– « Je sais mais j'ai pas vraiment le choix... Je te laisses les rênes. »

D'un brusque mouvement rendu puissant par le chakra de son démon, Algalle força sur l'articulation de son épaule.
Il y eut un instant comme suspendu dans le temps, puis un effroyable craquement.

Fin du chapitre
La situation d'Algalle et Shikamaru n'est guère glorieuse et les choses dérapent avec l'arrivée de Gaara.
Arrivera t'il à reprendre le contrôle ?
Algalle a t'elle raison de laisser libre court à Ashitako ?

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