107 - Révélations nocturne

230 25 3
                                    

La luminosité commençait à baisser. La nuit n'allait plus tarder.

– C'est bizarre que Lee et Naruto ne soient pas encore là, fit Shikamaru qui venait d'arriver dans le salon.

– Soit ils se sont perdus, soit ils sont encore tombés dans les escaliers, répondit Kankurô avec indifférence.

Shikamaru haussa les épaules.

– C'est vrai que c'est un obstacle de taille pour Naruto...

– Les pauvres, vous pourriez avoir pitié d'eux, intervint Algalle. Avec la nuit qui tombe les marches vont regeler... On devrait peut-être aller voir ?

_ « On s'en fiche, ils n'ont qu'à se débrouiller. »_ désapprouva Ashitako.

– T'es trop gentille, rigola Kankurô. Il faut parfois penser à soi et laisser les autres se débrouiller.

Algalle tiqua et sentit ses joues s'enflammer.

– Tu ne disais pas ça quand elle t'a rattrapée et remontée de la falaise, fit alors Gaara avec calme.

Kankurô fit la moue tandis qu'Algalle sourit, contente d'avoir un allié.

– C'est vrai, admit le marionnettiste. Je m'en rappellerai.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? S'étonna Temari.

Kankurô soupira avant de s'expliquer.

– Tu l'as échappé belle, reprit la blonde. Je suis quand même impressionnée de la diversité des capacités de ces ninjas mercenaires. Ils ont de sacrés atouts parmi eux.

– Je suis d'accord, acquiesça Shikamaru. Ils ont bien cachés leur jeu, on les a vraiment sous-estimés.

Le ninja de Konoha vint alors s'asseoir près du feu. Étant un peu à l'étroit, Algalle se poussa contre Gaara, s'adossant presque à lui. Le rouquin la prit alors contre lui et rabattit sa couverture sur eux. Algalle rougit puis voyant que personne ne semblait y faire attention, elle se détendit et se laissa aller contre le torse de Gaara.
Doucement elle lui prit la main et le garçon colla sa joue contre la sienne.
Bercée par la respiration calme et la douce odeur de Gaara, Algalle se laissa aller.
Au fil des discutions, la nuit tomba et la fatigue commença à se faire sentir.
Algalle étouffa un bâillement tandis que Temari remettait du bois dans la cheminée.

– Je suis claquée, soupira la blonde en s'étirant.

Un ninja de Konoha arriva alors.

– Le repas est prêt, si vous voulez manger.

Tous acquiescèrent puis se levèrent en silence.
Il semblait à Algalle qu'elle n'avait pas prit un repas digne de ce nom depuis une éternité et Ashitako insista pour qu'elle mange plus que nécessaire, prétextant avoir besoin d'énergie pour refaire son chakra.
La jeune fille passa un bon moment malgré l'absence de Naruto et Lee que des ninjas étaient parti chercher.



Une fois rassasié, la chaleur de la cheminée avait comme un effet soporifique sur Algalle qui somnolait à moitié, tout contre Gaara.
Soudain une porte s'ouvrit. Un courant d'air agita les flammes dans l'antre de la cheminée et une odeur parvint aux narines de la jeune fille. Réveillée, elle se redressa tandis que des pas s'approchaient. Lee entra dans le salon.

– C'est pas trop tôt, soupira Shikamaru avachi sur un divan. J'étais à deux doigts d'aller moi-même vous chercher.

Temari pouffa et Shikamaru lui adressa un regard interrogateur tandis que Lee se laissait tomber devant la cheminée.

– Ça va ? S'enquit Algalle.

– Je déteste les escaliers... on est tombé je ne sais combien de fois.

– Ha bon ? S'étonna Temari. C'était pourtant pas si difficile...

– On arrivait pas à s'empêcher de faire la course, avoua Lee en rougissant. C'était un entraînement tentant.

– Où est Naruto ? S'inquiéta Algalle.

_ « Transformé en glacier. »_ s'esclaffa Ashitako.

– Au début, on restait au coude à coude puis je l'ai aidé plusieurs fois mais on tombait tous les deux...

Lee fait la moue alors que tous attendaient la suite.

– Et ? S'impatienta Shikamaru.

Lee soupira puis reprit d'un ton penaud.

– J'ai fini par juste me pousser du milieu et... Naruto est tombé... seul.

Un éclat de rire retentit dans le salon, même Gaara s'y laissa prendre.

– J'espère quand même qu'il va y arriver, souffla Algalle en se tournant vers les fenêtres.

_ « Il est naze ! Il veut devenir Hokage et il arrive même pas à monter un escalier ! »_ s'exclama Ashitako hilare.

Algalle soupira, dehors le vent se déchainait et la neige tombait à gros flocons. Gaara bougea dans son dos et elle frissonna en sentant ses lèvres tous près de son oreille.

– Ne t'inquiète pas pour lui, au pire on ira le chercher demain.

Ashitako rigola de plus belle tandis que le vent battait les vitres.

– Je n'ai aucune envie de sortir par ce temps, se justifia le rouquin.

– Ça, moi non plus, avoua Algalle.

Elle soupira avant de se reposer sur le garçon.

– On est bien là, souffla t'elle tout bas.

Gaara lui sourit puis, sous la couverture, lui caressa le bras avant d'entrelacer leurs doigts.
Le silence était retombé et tous étaient perdus dans leurs pensées. Agalle se détendit et se laissa aller à la somnolence.



Sans un mot, Lee partit manger puis Temari alla aux toilettes. Kankurô bailla avant de s'étirer.

– Elle s'est endormie, fit-il à l'intention de Gaara.

Le rouquin remarqua alors qu'Algalle dormait profondément dans ses bras. Bien qu'il n'osait plus bouger, à peine respirer, il se sentait bien. Elle était suffisamment en confiance pour s'abandonner au sommeil contre lui.

– Je suis surprit de sa force, fit alors Shikamaru toujours sur le divan. Elle paye pas de mine quand on la voit comme ça.

– Moi aussi, elle m'a surprit, avoua Kankurô. On dirait qu'elle a toujours un coup d'avance, bon en même temps ils sont deux dans ce corps.

– Elle est surtout très observatrice et comprend vite les choses, répondit Gaara. Elle a un très bon instinct et sait prendre les bonnes décisions mais ça elle l'ignore.

Kankurô eut un sourire amusé qui mit Gaara mal à l'aise. Il évitait son regard quand Temari revint.

– Aller, au lit, fit-elle en tapant ses mains. Une bonne nuit de sommeil nous fera du bien.

Réveillée par le bruit, Algalle se redressa en se frottant les yeux.

– Tu viens te coucher ? Lui demanda Temari.

Algalle hocha la tête avant de se tourner vers Gaara.

– Tu vas rester ici ?

– Toute la nuit.

– Il y a intérêt, intervient alors Temari. Si je trouve un grain de sable dans notre chambre, ça va barder pour toi.

Gaara se tourna vers sa sœur pour la fixer puis se contenta de hocher la tête sous le regard surprit de Kankurô. Ravie, Temari leur adressa un sourire radieux avant de s'en aller.

– Elle en profite pas un peu ? Demanda alors Shikamaru.

– Complétement... mais qu'est-ce qu'on n'y peut ?

Résigné, Kankurô secoua la tête. Algalle esquissa un sourire avant d'hésiter. Elle déposa un bref baiser sur la joue de Gaara puis s'en alla à la suite de Temari.
Le silence retomba dans le salon, seulement entrecoupé par le vent déchainé qui griffait les fenêtres. Les trois garçons restèrent un long moment silencieux, perdus dans leurs pensées, puis Kankurô se leva.

– Je vais aussi me coucher, fit-il en s'étirant. Elle serait capable de venir vérifier... Tu restes vraiment là ?

Gaara se contenta de hocher la tête tandis que Shikamaru se levait du divan.

– Bon... reprit le marionnettiste. Si on se lève pas demain matin c'est qu'on aura gelé durant la nuit...

– Je viendrais vous décongeler, si c'est le cas.

Kankurô et Shikamaru rigolèrent avant de s'en aller, laissant Gaara seul avec Anomaru et la cheminée.
Le rouquin se rapprocha de l'antre, tournant le dos aux fenêtres. Il n'avait pas envie de voir la tempête dehors, il avait eu assez froid comme ça.



***



Allongée dans son lit, Algalle passait en revue sa journée.

_ « Ça a été quelque peu mouvementé. »_ commenta Ashitako.

– « Je sais pas trop quoi en penser... je... j'ai du mal à me situer par rapport aux autres. J'ai l'impression qu'ils suivent un chemin défini alors que moi je dois tracer le mien... »

_ « Tu n'as pas reçu le même enseignement. Les autres sont formatés par leur village et la voie du ninja qu'on leur dicte depuis leur naissance, c'est presque un automatisme pour eux. »_

Algalle acquiesça puis plongea dans la forêt d'Ashitako. Elle remonta le sentier jusqu'à la grotte devant laquelle il était assis.

– Toi, t'as vécu d'autres choses, développé différemment ton esprit, continua le démon. C'est ta faiblesse mais aussi ta force, tu vois ce que eux ne peuvent plus voir.

– C'est vrai... mais je me sens aussi en marge.

– Tu es un Passeur, pas un Ninja de village, eux aussi seraient largués à faire ton boulot. Imagine Kankurô ou Naruto transmettre des messages de la plus haute importance !

Algalle esquissa un sourire, elle comprenait ce que son démon voulait dire. Fatiguée, elle s'assit à ses côtés puis reposa son dos et sa tête contre le loup.

– Au fond, j'ai peur, avoua t'elle après un temps. Je ne sais pas quelle décision prendre, j'ai peur de me tromper, ou peur de passer à côté de quelque chose en restant Passeur puis... j'ai peur de Suna.

– Tu m'étonnes, il fout les jetons ce village ! Après le changement fait peur aussi mais tu sauras quelle décision prendre quand ça sera le bon moment.

– Je l'espère, souffla Algalle en effleurant son Kanji. J'ai tellement eut peur pour Gaara, je veux pas revivre ça.

– Normalement, il ne devrait pas tomber régulièrement dans un lac gelé, ricana le démon. Dans tous les cas, tu lui as sauvé la vie. A cause de sa jarre et du poids du sable, il aurait coulé à pic.

– Je veux même pas y penser...

– Au fond, vous êtes assez complémentaire. Tu peux fournir du sable à Gaara et lui n'a de cesse de te protéger.

Algalle eut l'impression qu'Ashitako allait continuer mais il se tut. Surprise, elle leva la tête pour voir son démon troublé.

– On dirait vraiment que vous êtes fait pour être ensemble, reprit t'il après un temps. Pas forcement pour vous aimer mais pour vous soutenir, vous entraider... Je me demande si ta mère savait cela...

Algalle tiqua.

– Pourquoi tu parles de ma mère ?

Ashitako coucha les oreilles comme s'il prenait conscience d'en avoir trop dit.

– Tu t'en rappelles pas, en même temps t'avais que quelques heures... En te déposant devant mon temple, ta mère a dit un truc que j'ai prit pour une simple phrase d'adieu mais maintenant je me demande si ce n'était pas plus une prédiction.

Intriguée, Algalle se redressa à genoux.

– Ça... ça disait quoi ?

Ashitako détourna le regard et Algalle crut qu'il n'allait pas lui répondre mais sans la regarder il murmura.

– Ne n'oublie pas et n'oublie jamais qui tu es. Algalle, Algalle Du pays du Vent. Celle qui fera tomber Suna et ses démons par son amour. Je le prédis.

Interdite, Algalle fixait son démon. Elle ne savait pas ce qui la troublait le plus : le fait qu'il se souvienne mot pour mot de la dernière phrase de sa mère ou le fait qu'elle ait visiblement fait une prédiction sur elle.

– Je ne pensais pas que ça serait si important dans ta vie, avoua Ashitako tout bas.

– Je ne vois pas en quoi je pourrais faire tomber Suna, répondit Algalle en se rasseyant à terre. Que peut une seule personne contre un village tout entier ?

– Tu l'as déjà en partie fait en empêchant Gaara de rayer Konoha de la carte, puis faire tomber peut aussi dire changer quelque chose. Tu dois peut-être changer Suna, rendre le village meilleur ?

Algalle eut un sourire, voilà une idée qui lui plaisait.

– Rendre Suna comme Konoha, un endroit où il fait bon vivre et où personne ne se sent exclu.

– Tu vas en avoir du boulot, se moqua Ashitako.

Algalle eut un petit rire mais ses pensées retournèrent vers sa mère.

– Elle était comment ? Osa t'elle après un temps.

Ashitako inspira puis leva les yeux vers le ciel nocturne qui surplombait sa forêt.

– Tu lui ressembles beaucoup, tant physiquement que dans la manière de te comporter.

– C'est... normal que tu t'en souviennes si bien ?

Ashitako eut un petit rire puis il baissa ses yeux ardents sur Algalle.

– Elle est la première personne que j'ai vu après des siècles de néant. Alors que j'émergeais des brumes, elle était là. Sa voix est aussi une des premières choses que j'ai entendu, et tu sais ce qu'elle a dit ?

Algalle secoua la tête sans oser parler, ils n'avaient jamais fait mention de sa mère.

– Tu es magnifique, ma fille. Et toi, à l'intérieur, qui que tu sois, sache que je t'aime aussi. Je vous aime tous les deux... Elle était d'une grande gentillesse et d'une bonté rare. En ça, tu lui ressembles.

Incapable de parler, Algalle se contenta d'enlacer son démon. Ashitako rabattit sa tête contre son dos et savoura cette étreinte, cette osmose.
Les minutes passèrent dans un calme absolu, chacun ayant retrouvé sa sérénité, son équilibre.

– Un jour, quand tu seras prête, je te la montrerai, reprit le démon en se redressant.

Il vit alors qu'Algalle, épuisée, s'était endormi. Doucement, il se décala pour la coucher sur le sol puis il s'allongea à ses côtés avant d'apposer sa tête contre celle de la jeune fille.

– Je pense que ta décision est déjà prise, tu le sais juste pas encore...

Avec des gestes prudents, le démon couvrit son réceptacle de son corps puis il s'abandonna à un repos bien mérité.



Fin du chapitre
Un moment de calme après tant de tumultes même si des questions restent sans réponse.
^_^






Un monde plein de mystèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant