111 - En pleine tempête

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Algalle courrait dans le blizzard.
Elle n'avait pas froid, Ashitako se chargeait de cela.

_ « Sur ce coup-là, tu me surprends. J'étais certain que tu allais rester tranquillement au refuge. »_ fit le démon.

« Je peux aider, je peux suivre cette piste même dans la tempête. » répondit Algalle en pensée.

_ « Je te rappelle que c'est surtout grâce à moi. J'améliore tes sens, je te protège du froid, en fait tu me dois tout. »_

Algalle l'ignora, elle avait besoin de rester concentré. Elle voulait localiser l'endroit où se cachait le prisonnier échappé puis rentrer aussitôt.

_ « Pas de prise de risques inconsidérés »_ concéda Ashitako.

– On est d'accord.

Le vent s'accentuait encore balayant la neige fraîche qui venait heurter Algalle. Elle visualisait l'odeur mais celle-ci se cristallisait avec la glace et retombait au sol avant d'être recouverte. Ce blizzard rendait la traque compliquée mais cela était plutôt plaisant. Algalle se sentait alors en osmose avec son démon.

« Je me demande comment ce prisonnier s'oriente dans cette tempête ? » s'interrogea la jeune fille.

_ « Je me suis aussi posé la question, surtout qu'il a été amené au refuge tête couverte... »_

« J'espère qu'il n'est pas perdu, sinon on l'est aussi... S'il ne va pas à un endroit précis, on risque de tourner en rond. »

_ « Dans tous les cas le retour va être compliqué, on aura pas de piste pour nous orienter »_ avertit Ashitako.

Algalle soupira puis ses pensées se tournèrent vers Gaara. Il avait été si crédule, si humain.

– Il doit m'en vouloir...

_ « Tu crois qu'il pourrait se lancer à notre poursuite ? »_ s'inquiéta le démon.

« J'en doute. Il ne voudrait pas me mettre en danger. Il doit m'attendre au refuge mais il ce peut qu'il m'en veuille. »

_ « C'est vrai qu'il est un peu rancunier le garçon, mais en attendant tu dois rester concentré. Ta punition arrivera bien assez tôt. »_

Sur ses paroles réconfortantes, Algalle se reconcentra sur la piste odorante. L'odeur se fit plus forte et l'excitation avait un goût agréable, elle se rapprochait, elle avait rattrapé le fuyard.

_ « Juste devant. »_ lança Ashitako tout aussi concentré.

Algalle s'arrêta et plissa les yeux pour voir à travers le blizzard. Immobile, elle scruta le paysage emplit de neige virevoltante jusqu'à voir du mouvement. Pas à pas, abandonnant la visualisation des odeurs et se concentrant sur sa vue directe, elle avança.

« Il sait exactement où aller... » pensa t'elle en voyant un homme marchant droit devant lui.

Hormis un chancellement, il semblait se déplacer normalement.

_ « Il prend son temps, il ne se pense pas suivit. »_ se moqua Ashitako.

Algalle sentit un doux frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale. L'excitation qu'elle ressentait était toute nouvelle mais elle l'appréciait. Elle comprenait pourquoi Gaara aimant tant les combats, pour cette excitation-là.
A pas mesuré, elle suivit l'individu qui cheminait, inconscient de ce qui le suivait.

_ « Tu es d'une discrétion absolue quand tu le veux. »_ ironisa Ashitako.

« Je n'ai aucune envie de me retrouver toute seule face à une armada de mercenaires. »_ répondit Algalle en pensée.

_ « C'est une bonne motivation. »

La jeune fille occulta les rires de son démon et poursuivit sa traque. Plus elle se rapprochait plus elle se sentait fébrile, elle était le prédateur guettant sa proie insouciante.
L'homme s'arrêta alors au creux d'un renfoncement rocheux au cœur des bois. Algalle s'accroupit et se glissa derrière un tronc courbé par les éléments. Elle ne craignait pas le son de ses pas dans le brouhaha de la tempête.
Elle prit le temps de contourner l'arbre puis regarda en amont. L'homme n'y était plus.
Algalle cligna des yeux pour chasser les cristaux de glace de ses cils puis regarda aux alentours. Aucune trace de passage.

_ « Heu... il s'est téléporté ou quoi ? »_ lança Ashitako perplexe.

Algalle passa sa main sur son visage pour dégager la neige fondue qui gelait sur sa peau puis elle se déplaça de quelques pas.
Il n'y avait plus personne.
Sans céder à la panique, Algalle se concentra et visualisa à nouveau les odeurs. Elle voyait distinctement là où l'homme s'était tenu plus tôt puis une très légère piste. Elle s'y aventura avec prudence.
Sans tenir compte du mur végétal qu'elle voyait, Algalle avança. Soudain elle sentit comme un étau froid autour d'elle puis elle se retrouva dans une caverne.

« C'est dissimulé par un sort. » s'alarma t'elle.

_ « C'est pas bon, ça. Il y a des ninjas de haut niveau dans leur rang ! »_ pesta Ashitako.

« Ça explique pourquoi Konoha a du mal à localiser leur repaire. »

Par prudence, Algalle se dissimula derrière des caisses qui encombraient la grotte éclairée par des torches fixées au murs.
Elle ferma les yeux et focalisa toute son attention sur son ouïe.

_ « On n'est pas seul... » grogna Ashitako.

Au loin, Algalle percevait des voix mais elle était incapable de dire combien de personnes étaient rassemblées, ni d'estimer une distance.
Elle rouvrit les yeux et regarda tout autour d'elle. La cache était aménagée et bien garnies, des caisses de matériels et de vivres étaient rangées sur les côtés ne laissant qu'un passage pour deux personnes vers une autre pièce dissimulée par une petite porte en bois.
Accroupit Algalle s'avança vers la porte d'où provenait les voix, elle devait récupérer un maximum d'informations.

_ « Déjà rien que cette planque devrait bien les intéresser, surtout qu'il y a visiblement du monde et... Attention, on n'est pas seul ! »_

Algalle se figea. Tous les sens en alerte, elle balaya la pièce du regard. Elle faillit ne pas le voir : l'homme debout et immobile contre un mur. Il n'avait pas bougé d'un millimètre, même sa respiration était silencieuse, mais c'est surtout son visage entièrement bandé qui inquiéta Algalle.
Elle resta un long moment sans bouger à l'observer. Hormis quelques mouvements compulsifs ressemblant à des tics, l'homme n'avait aucune réaction.

– « Avec son truc sur la tête, il ne doit rien voir. Il est peut-être même aveugle... »

_ « Je trouve ça très malsain. Il émane de lui un truc bizarre, un truc... inhumain. J'espère qu'ils font pas des expériences ou quelque chose du genre. »_

Algalle ne put réprimander un frisson. Soudain avec des mouvements mécaniques et saccadés, l'homme se tourna vers elle. Il s'agita avant de pousser un râle.
Inquiète, Algalle recula d'un pas mais l'homme s'avança alors tâtonnant autour de lui avec des gestes sporadiques.

_ « Il fout les jetons... Éloigne-toi de ce machin ! »_ s'alarma Ashitako.

Tout en essayant de ne pas céder à la panique qui montait en elle, Algalle rebroussa chemin avec autant de discrétion que possible. Elle tenta d'esquiver l'étrange homme mais celui-ci semblait la suivre. Ses râles affolèrent la jeune fille qui essayait de ressortir.

_ « Calmes-toi, tu respires trop fort, il doit t'entendre »_ lança Ashitako.

Algalle tiqua, l'homme était à présent entre elle et la sortie qu'elle tentait d'atteindre. Malgré sa peur, elle prit sur elle et s'imposa le calme. La chose semblait la chercher mais ne plus l'entendre. Algalle remarqua alors une cage non loin.
Elle hésita puis s'y dirigea à pas mesurés. L'étrange homme agité de tics tournait sur lui-même mais sans sembler la remarquer.
Arrivée près de la cage, Algalle plaqua ses mains devant de sa bouche. Roulée en boule dans la cage se tenait une panthère des neiges, très mal en point.
Ne pouvant s'en empêcher, la jeune fille tendit la main pour toucher son pelage devenu hirsute. La détresse et la douleur qui envahirent son esprit lui firent mal.

« Mais qu'est-ce qui lui ont fait ? » pensa Algalle touchée.

_ « Aucune idée mais c'est horrible. Il faut les mettre hors d'état de nuire, et vite ! »_

La colère d'Ashitako empreignit l'esprit d'Algalle et se propagea chez la panthère qui feula. Soudain l'étrange homme poussa un cri étranglé puis commença à se débattre, frappant au hasard autour de lui.
Affolée, Algalle se retourna pour le voir s'agiter dans tous les sens comme un pantin désarticulé.

_ « Il a quoi lui ?! »_ s'écria Ashitako.

– « Il réagit au bruit » comprit Algalle.

Elle s'empressa de s'éloigner de la cage puis, à distance, elle demanda à la panthère de feuler. Aussitôt l'homme accourut de sa démarche saccadée en frappant tout autour de lui.

_ « Je sais pas ce que c'est, mais c'est pas normal ! Ce type n'est pas normal ! »_

Algalle ne put qu'acquiescer, quoi que l'on ait fait à cet homme, il n'était plus humain.

_ « A terre !! »_

Sans réfléchir, Algalle se laissa tomber à plat ventre. Quelqu'un venait d'entrer dans la pièce. Elle entendit ses pas se rapprocher et rampa pour se cacher entre deux caisses.
Elle vit alors un homme ressemblant fortement à un mercenaire venir frapper la cage où la panthère se recroquevilla, apeurée.

– Kaeru !

Aussitôt l'étrange homme bandé s'immobilisa.

_ « On dirait un mot de passe, ou un truc du genre... Ça sent pas bon cette affaire. »_ souffla Ashitako tendu.

Algalle ne répondit pas et regarda le mercenaire envoyer cette étrange chose dans une autre pièce dissimulée par un simple rideau.
Il examina ensuite rapidement les caisses puis s'en alla. Avec des geste lents, Algalle se redressa et le suivit. Elle hésita quand il referma la porte puis elle s'y accola.
Dans l'interstice des planches mal fixées, elle aperçut trois hommes. Celui qu'elle venait de suivre, un autre assit sur une caisse et un dernier couvert ecchymoses.

_ « Le tout fracassé, c'est, enfin c'était, le prisonnier. »_ renseigna Ashitako.

Algalle se concentra pour entendre ce qu'ils se disaient. Visiblement, ils étaient en désaccord sur la garde d'un objet et sur le fait d'attendre encore.
Le prisonnier sortit alors un rouleau de parchemin de sous sa veste. L'homme debout pâlit tandis que l'autre assis semblait ravi.

« C'est quoi ce rouleau ? » questionna Algalle.

_ « Difficile à dire... mais je doute que ça soit juste des poèmes. Regarde, il y en a un qui frôle le malaise. » répondit Ashitako.

L'homme qui était debout venait de s'appuyer sur un mur, le teint livide.

« Ce n'est pas bon, pas bon du tout... » pensa Algalle en frissonnant.



***



– Là, je pige pas, soupira Naruto. Elle est partie toute seule ? Ça n'a pas de sens.

– C'est vrai que c'est surprenant, se hasarda Shikamaru assit sur l'accoudoir d'un fauteuil.

– Je ne l'explique pas non plus, avoua Temari installée sur le divan. Elle est plutôt réfléchie d'habitude.

– Tu ne sais pas ce qui lui a pris ? Demanda Kankurô.

Il se tourna vers Gaara qui regardait au travers de la fenêtre la tempête se déchaîner.

– Elle a dut voir quelque chose d'anormal, répondit le rouquin après un temps.
Shikamaru se leva, mal à l'aise.

– Et... pourquoi elle ne t'a pas amené avec elle ?

Gaara ne prit même pas la peine de se retourner.

– Je l'ignore.

Temari se leva à son tour.

– Elle sait ce qu'elle fait, elle n'est pas idiote. Ça doit être lié à des odeurs ou un truc du genre.

Naruto hocha la tête avec plus de vigueur que nécessaire.

– Oui, elle a dû trouver une piste !

Shikamaru tiqua, alarmé.

– Celle du prisonnier ?

Le silence lui répondit. Il se passa un instant avant que Naruto ne reprenne.

– Je vois que ça. Elle a dû trouver une piste et partir à sa traque.

– C'est quand même hyper dangereux, releva Kankurô avant de se tourner vers Gaara.

– Elle va localiser l'endroit où s'est rendu le prisonnier puis revenir nous en informer.

– T'as l'air sûr de toi, s'étonna Temari. Tu sais quelque chose ?

Gaara lui adressa un regard en biais.

– C'est la meilleure chose qu'elle peut faire, et elle le sait.

Les autres échangèrent des regards interloqués tandis que le rouquin se perdait à nouveau dans la contemplation de la tempête.

– C'est quand même bizarre cette histoire, soupira Shikamaru. C'est même carrément illogique, pourquoi bloquer les accès s'ils avaient réussi à faire s'échapper le prisonnier ?

Gaara se retourna alors.

– Il y a en effet quelque chose de louche dans cette affaire, et Algalle a dû le comprendre, avant nous.

Naruto râla avant de s'agiter.

– Elle aurait pu nous en parler au lieu d'y aller seule... On fait quoi maintenant ?

– C'est impossible pour nous de partir sur ses traces, répondit Lee. On se perdrait dans le blizzard mais en même temps... on dirait qu'on nous a un peu oublié.

– C'est vrai qu'ils ne se préoccupent pas trop de nous, acquiesça Kankurô. Ça fait un moment qu'on poireaute sans que personne ne vienne nous voir...

– Il faut avertir les ninjas de Konoha, fit alors Shikamaru en croisant les bras.

– Ça ne risque pas d'attirer des ennuis à Algalle ? S'enquit Lee.

Shikamaru secoua la tête avant de lancer un regard à Gaara qui demeurait impassible.

– Elle n'est pas de Konoha, elle peut bien faire ce qu'elle veut. Contrairement à nous, c'est un électron libre, puis si elle ramène des informations utiles, personne ne lui en tiendra rigueur.

Il accentua son regard sur Gaara qui n'était pas décidé à lui répondre.

– Et s'il y a un traître parmi nous ? Demanda Temari.

Shikamaru grimaça, elle relevait la faiblesse de son plan.

– C'est une possibilité, admit-il. Et il ne faut pas la négliger... On doit en parler à une personne de confiance. Qu'à une personne de confiance.

– Akouma ! lança Naruto. C'est un ami à Algalle, elle a confiance en lui. Pas vrai ?

Le blond se tourna vers Gaara qui hocha la tête.

– C'est vrai, Algalle le connaît et semble avoir confiance en lui.

Shikamaru fit la moue mais se passa de commentaires.

– Bon, on a plus qu'à trouver ce Akouma, lança Temari.

Tous acquiescèrent.



Fin du chapitre
Algalle s'enfonce dans le repaire des mercenaires tandis que les autres s'inquiètent pour elle.
Est-elle en danger ?
Il y a t'il vraiment un traître dans leurs rangs ?

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