Un monde plein de mystère

97 - Un vrai démon

Le chemin était de plus en plus pentu. Il serpentait à présent en fin lacet sur le flanc d'une imposante colline.
Ashitako, silencieux, marchait en arrière. Arrivée un léger pallier, il s'arrêta soufflant et portant sa main à l'épaule blessée d'Algalle.

– Ça va ? S'enquit Gaara quelques mètres plus en avant.

– J'en chie, souffla le démon en grimaçant. Entre la montée et cette fichue épaule, je suis en galère.

– Tu peux pas mettre son bras en écharpe ? Proposa Kankurô lui aussi essoufflé.

– Techniquement il vaut mieux qu'il garde son bras actif, répondit Shikamaru les mains en appuis sur ses genoux. Si on nous observe et qu'on voit qu'Algalle est blessée, elle sera une cible facile.

Pour exprimer son approbation, Ashitako se contenta de lever le pouce.

– Vous y êtes presque, s'écria alors Temari déjà en haut de la colline avec Anomaru. Motivez-vous un peu !

– Facile à dire, souffla Ashitako en secouant la tête.

Il se remit lentement en marche tandis que les trois autres l'attendaient. Ils avancèrent de quelques mètres puis Ashitako s'arrêta à nouveau. Des émanations bleuâtres s'échappaient de l'épaule blessée de la jeune fille.

– On y est presque, l'encouragea Shikamaru. Après on pourra se reposer un peu.

Ashitako hocha la tête mais n'avance pas plus. Gaara redescendit alors à son niveau. Il s'approcha puis enlaça avec douceur la jeune fille.

– Viens, souffla t'il tout bas.

Il y eut un mouvement puis dans un tourbillon de sable, Ashitako et Gaara apparurent aux côtés de Temari.

– Pourquoi t'as pas fait ça plus tôt ? S'indigna le démon.

– Je dois aussi m'économiser.

Ashitako marmonna en se laissant tomber au sol. Kankurô et Shikamaru mirent un temps à les rejoindre puis ils prirent un pause bien mérité.

– C'est moi ou il fait plus frais, reprit Kankurô après un temps de silence.

– C'est aussi ce que je me disais, répondit Temari. On est encore loin ?

Kankurô sortit la carte.

– Je pense qu'on arrivera pas au refuge avant la nuit. On ferait mieux de se trouver un abri.

– Je suis d'accord, acquiesça Shikamaru. J'ai pas vraiment envie de passer la nuit à la belle étoile.

– Le chemin redescend vers le bois, nota Temari. On a qu'à ramasser du bois en attendant de trouver un abri où faire un feu.

– Cela risque de signaler notre présence, intervint Gaara avec indifférence.

– Si on meurt de froid dans la nuit, c'est pas mieux, releva Ashitako.

– Tu dis enfin un truc censé, admit Gaara.

Ashitako lui adressa un regard noir avant de faire la moue.

– Je m'en fiche, je crains pas le froid, moi.

– Nous, si, répondit Temari en se levant. Aller en route.

Ashitako l'imita de manière grotesque ce qui fit sourire Kankurô et Shikamaru, seul Gaara restait imperturbable.

Ils suivirent le chemin qui traversait un petit bois peu dense. Chacun ramassa du bois tandis que la nuit approchait, puis ils débouchèrent sur une plaine leur offrant une vue dégagée.

– Il y a un cours d'eau en bas, remarqua Temari. Passez moi vos gourdes, je vais aller les remplir.

Kankurô et Gaara lui donnèrent mais Algalle et Shikamaru n'en avaient pas, ils n'avaient pas prévu un si long voyage. Temari s'éloigna tandis que Kankurô et Shikamaru faisaient le point sur la nourriture disponible et qu'Ashitako se laissait tomber dans l'herbe. Gaara se posta non loin de lui.

– Arrête de me surveiller, s'indigna le démon. Tu crois quoi ? Que je vais lui faire dévaler la pente en roulant ?

Gaara ne put s'empêcher de sourire.

– Tu es impossible, souffla t'il en s'asseyant à ses côtés. Un vrai démon.

– Merci du compliment, rigola Ashitako avant de rouler sur le ventre. Tu t'en veux pour Algalle ?

Gaara lui jeta un regard en biais mais méfiant il ne répondit pas.
Ashitako soupira avant de s'asseoir. Anomaru vint se coller contre lui et il le caressa machinalement.

– Tu sais, je ne partage pas que le corps et les pensées d'Algalle. Je vis aussi ses sentiments. Je sais à quel point elle peut s'inquiéter et avoir peur pour toi, et la peur c'est de ça que se nourrit Shukaku. C'est ton point faible.

Une lueur de curiosité illumina le regard de Gaara.

– Je... J'ai eu peur pour elle, avoua t'il. Puis j'étais si en colère contre les mercenaires que ça éveillé Shukaku.

– Je comprends, répondit Ashitako. Ta situation n'est pas simple. Shukaku est un démon horrible, tu as beaucoup de mérite à arriver à vivre presque normalement avec lui.

– Ma vie n'a rien de normale...

– Je trouve que passer d'un vrai psychopathe à un jeune garçon censé est une réelle évolution. T'es un chouette type quand tu fais pas la tête, et je sais comment tu es en vrai, quand tu abandonnes ta carapace d'impassibilité.

Gaara adressa un regard surprit au démon qui parlait avec tant de sincérité qu'il en était troublé.

– C'est bizarre comme situation, reprit le garçon après un temps.

– Je suis bien d'accord, rigola Ashitako. C'est vraiment inédit à vivre.

Gaara ne put que hocher la tête avant de reprendre.

– Si tu n'étais pas aussi pénible, on pourrait presque s'entendre.

Ashitako rigola à nouveau.

– Je pense aussi.

Gaara sourit puis regarda la prairie devant lui. Les rayons orangés du soleil déclinant faisait naître mille et une couleurs.

– Pourquoi Algalle ne voulait pas me dire pour l'Akatsuki ?

Gaara continua à regarder au loin tandis qu'Ashitako tournait la tête vers lui.

– Elle voulait pas que tu t'inquiètes pour elle. Elle voulait juste te préserver. C'est ce qu'elle fait tout le temps, quitte à en souffrir en silence.

Gaara soupira.

– Elle garde beaucoup de choses pour elle et elle ne peut s'empêcher d'aider. Elle est vraiment gentille.

– Parfois même trop...

Gaara acquiesça avant de reprendre.

– Elle a toujours été gentille avec moi, elle a toujours vu en moi...

– Et c'est pas faute de lui avoir dit de se tenir éloigné, mais elle voulait rien savoir. Parfois elle est trop têtue.

– J'avais remarqué, avoua Gaara amusé. Dés fois je me demande ce que je serai devenu sans ce lien.

Le garçon effleura son kanji, le regard perdu au loin.

– Je suis certain que tu serais quand même retourné sur le droit chemin, répondit Ashitako. Rien qu'avec Naruto. Tu es quelqu'un de bien.

– Peut être mais... Je ne serais pas amoureux.

Ashitako fronça les sourcils avant de secouer la tête.

– L'amour n'a rien à voir avec ce lien.

Gaara se tourna vers le démon qui le fixait d'un air grave.

– C'est ça qui nous lie et c'est pour ça que l'on s'aime...

Ashitako s'esclaffa.

– L'amour est bien plus complexe que ça, fait-il. Le lien n'a fait que vous inciter à vous rapprocher, le reste vous l'avez fait tous seul. Si vous l'aviez vraiment voulu, vous auriez put vous ignorer, vous éloigner l'un de l'autre.

Gaara tiqua.

– Je... Je comprends pas.

Ashitako rigola avant de se mettre à genoux devant le garçon pour poser sa main valide sur son épaule.

–Si Algalle t'aime c'est parce que tu as su te faire une place dans son cœur.

– Non... Nos kanjis, ils...

Ashitako secoua la tête avant d'indiquer la poitrine de la jeune fille.

– Celui d'Algalle est l'amour de sa mère qui l'a incité à aimer les autres, expliqua t'il. Le tien n'est que le reflet du manque que t'as eu durant ton enfance, mais au fond ce ne sont rien de plus que des tatouages. L'amour a mille et une facette et celui que vous vivez est celui que vous avez construit. Rien de plus.

Incrédule, Gaara dévisagea un temps le démon mais son sérieux l'étonna d'autant plus.

– On... est vraiment tombé amoureux...

Ashitako rit avant de se laisser retomber sur les fesses pour s'asseoir en tailleur.

– Vous vous êtes trouvés, séduits puis vous entretenez cet amour. Tu ignores à quel point il est fort, et combien il vous rend fort. Avec le temps tu comprendras. Tu verras que tant que vous vous aimez sincèrement, rien ne pourra vous atteindre.

Gaara fixa un temps le démon qui avait reprit un air impassible.

– Merci, reprit le garçon tout bas. Tu n'es pas si excentrique quand tu le veux.

Ashitako s'esclaffa.

– Comment tu sais tout ça au sujet de l'amour et de sa force ?

Le démon arrêta de rire et dévia le regard.

– J'ai juste plus d'expérience que vous à ce sujet.

– C'est en lien avec ton premier réceptacle, souffla Gaara. Et je comprends que tu ne
veuilles pas en parler.

– C'est vraiment ce que j'aime le plus chez toi : ta discrétion. Tu piges les choses mais tu sais aussi ne pas en parler.

Sans prévenir Ashitako se pencha en avant et déposa un doux baiser sur la joue de Gaara qui ne put que rougir.

– Si elle t'aime, c'est parce que tu as su te faire aimer.

Le souffle à son oreille fit frissonner le jeune garçon qui lutta pour ne pas enlacer Algalle.

– Hé, venez tous les deux, appela alors Kankurô.

Ashitako et Gaara se levèrent pour aller le rejoindre.

– En rationnant, on a de la nourriture pour bien deux jours, leur apprit Shikamaru. Ça nous permet d'atteindre le refuge sans trop d'encombre.

– Ils nous restent combien d'heures de marche ? Demanda Ashitako en s'étirant.

Il grimaça avant de se masser l'épaule.

– Difficile à dire, avoua Kankurô. Mais je pense qu'on y sera demain.