Chapitre 15

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3019 du troisième âge ; Minas Tirith

Haldir se tenait debout au-dessus d'une elfine, les cheveux dorés, le regard argent. Ses deux mains tenaient au-dessus de sa tête son épée et sans une once d'hésitation, sans une once de doute, de remord, il fit siffler sa lame pour venir transpercer le corps de cette elfine. Il sentit au même moment son cœur le serrer avec rage.

Bondissant, cherchant à prendre une profonde inspiration, Haldir avait les doigts crispés avec force dans les couvertures sous lui, le souffle bref, haletant. Les tempes brillantes de sueur. Rúmil, alors dans la même tente que lui, s'était éveillé à son sursaut et il observait silencieusement son frère se reprendre et se rallonger lentement. La poitrine serrée, il ne dit rien, il ne vient pas vers lui car il savait qu'il se ferait rejeter. Son frère voulait endurer seul cette douleur qui n'avait jamais totalement disparu et qui probablement ne partirait jamais.

Tant de temps s'était passé et pourtant, plus jamais, aucun ne l'avait vu sourire. Il était devenu encore plus froid, encore plus sévère, encore plus exigeant. D'autant plus avec lui-même. Il ne s'accordait que le strict minimum en repos, en ménagement. Il cherchait à s'épuiser dans ses tâches, il cherchait à la rejoindre en prenant des risques inconsidérés en guerre.

Sa froideur avait inquiété Legolas qui l'avait vu tout simplement fuir l'union d'Arwen et Aragorn. Il avait refusé d'y faire présence. Il avait refusé de voir leur bonheur. Préférant s'isoler dans la tente et attendre, là. Il voyait les jours se lever, se coucher. Les gens avancer. Lui n'avait plus de but. S'il était encore en vie s'était pour ses frères, Galadriel et Celeborn.

Les festivités de cette fin de guerre étaient terminées, il fallait désormais reprendre route pour la Lorien. Ce qu'il fit avec les siens, dans un mutisme dont personne ne pourrait le faire sortir. La route fut calme, sans embuches. Aucun ne pensait qu'il puisse désormais se passer quelque chose. D'ici quelques années ils allaient partir, rejoindre Aman qui les appelait.

Aller à Aman sans elle, sonnait dans l'esprit d'Haldir comme une trahison. Cela revenait au même que si des millénaires plus tôt, il serait parti à la Lorien en lui exigeant de rester à Mithlond. Impensable. Seulement, avant de songer à rester, il devait aider les siens pour ce départ.

Quelques jours après leurs arrivées, un messager arriva dans le bureau de Celeborn où Haldir se trouvait aussi.

Messager : « Mon seigneur. Un groupe de nain du pays de Dun qui arrive par le Sud demande à vous parler »

Celeborn : « Un groupe de nain ? »

Messager : « A leur tête un certain Nurrur »

Même s'il n'avait jamais pu oublier cette trahison deux âges plus tôt, Celeborn avait apprit avec le temps à ne pas mettre tous les nains dans le même sac. Gimli, l'ami de Legolas en était un très bon exemple. Et puis, Nurrur, il en avait déjà entendu parler, c'était un jeune prince héritier, plutôt sage.

Celeborn : « A-t-il dit ce qu'il voulait ? »

Messager : « Non, juste que c'était quelque chose de très important et délicat, qu'il devait vous l'apporter ici, sinon, ce serait compliqué »

Haldir : « S'essayent-ils à jouer les mystérieux pour entrer ? »

Messager : « Je l'ignore. »

Celeborn : « J'ai déjà eu à faire à lui, une fois. S'il est là, c'est que ce doit être réellement important. Amenez-les. »

Le messager acquiesça d'un mouvement de tête et fila.

Haldir : « Vous semblez lui faire confiance. »

HaldirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant