𝐐𝐔𝐄𝐄𝐍 ━ Riverdale

Chapitre 11

La nuit était tombée sur Riverdale, amenant avec elle une fraîcheur automnale. Un feu de camp avait été allumé pour les derniers serpents qui voulaient continuer la fête. Nous étions toujours sur les bords de la rivière, regardant les braises des flammes rougeoyer lorsque c'est arrivé.

Il y eut d'abord un hurlement, nous avions pensé à des serpents un peu éméchés qui s'amusaient dans la forêt. Mais lors du second qui me glaça d'effroi, Jughead décida d'aller voir si tout allait bien. Et pour une raison que je n'explique toujours pas et malgré mes béquilles, j'ai décidé de l'accompagner suivit de près par Sweet Pea et Fangs. C'est comme ça que nous sommes tombés sur les corps inertes des deux cherleeaders, par hasard, en voulant simplement vérifier que tout allait bien.

Enfin ça.. Ça c'est la version que j'ai raconté la police.

La vérité est tout autre. Mais ce qui est fait est fait, pensais-je en remuant les menottes qui me laceraient les poignets. Autour de moi les garçons étaient silencieux, mais après tout, il n'y avait rien à dire. Nous étions quatre dans l'une des cellules du shérif Keller. Une nuit de garde à vue nous attendait, peut être plus en fonction de son jugement. Et il n'y avait rien d'autres à faire à part rejouer la scène encore et encore à chaque fois que je fermais les yeux.

En vérité, Sweet Pea m'avait porté sur ses épaules jusqu'à l'arrière du restaurant de chez Pop's. L'endroit était désert, mais on pouvait apercevoir au loin les dernières flammes avec lesquelles se réchauffaient Fangs et Jugh. Sweet Pea m'avait plaqué contre le mur et m'embrassait, en laissant parcourir ses mains sur mon corps. Encore sous les effets de l'alcool et de l'euphorie de l'après midi je l'avais laisser faire.

Peut être que dans d'autres conditions, les deux lycéennes ne seraient pas passés par là.

Peut être que Sweet Pea n'aurait pas réagit ainsi si elles ne portaient pas les vestes à clou des Goulies, les ennemis des serpents.

Peut être qu'il n'aurait pas sortit son couteau et qu'il ne les aurait pas attaqué.

Peut être qu'elles seraient encore en vie.

Peut être que je n'aurais pas eu a mentir à la police.

Quelques heures plus tôt :

- Sweet Pea.. Qu'as-tu fais ? Soufflais-je paniquée. Ce sont des cherleeaders du lycée, pourquoi tu les as attaqué ?

La scène s'était déroulé très vite et mes mains couvertes de gouttes de sang tremblaient. Je les glissais dans mes poches pour que personne ne les voit. Le silence était revenu et cette fois-ci, il était effrayant, c'était un silence de mort.

- Elles sont arrivées par derrière, et avec leurs clous j'ai cru qu'elles allaient te blesser je..

Je le pris dans mes bras, je ne l'avais jamais vu dans cet état. Il tremblait. Fangs et Jughead ne mirent que quelques minutes à nous rejoindre. Le premier réflexe de mon cousin fut de prendre l'arme du crime, de la rincer dans le fleuve et de la cacher dans la doublure de sa veste. Mais il restait toujours le plus important, les corps des deux adolescentes. Je les avais reconnu immédiatement, elles faisaient partit de ses filles que je ne supportais pas. Toujours parfaite, avec une vie de princesse, et qui me jugeais sans me connaitre.

D'une certaine façon, je ne regrettais pas leur mort. Mais d'un autre côté, personne ne méritait de finir comme ça, inerte et froid, devant la devanture d'un restaurant. En arrivant ici, j'avais eu peur de m'ennuyer, maintenant j'avais peur de ce qui allait suivre.

- Je ne veux pas finir en prison encore une fois, paniqua Fangs. Comment c'est arrivé ?

Malgré sa voix frêle, il avait réussi à me sortir de mes pensées. Il posa sa main sur le visage de l'une d'elle et ferma ses yeux, il fit de même avec la seconde cheerleader quelques instants après.

- Ne lui explique pas la vérité, réussit enfin à dire Jughead. Dis nous simplement ce qu'on va raconter à la police, notre mensonge en sera plus crédible.

Alors il inventa une version, une vérité erronée et Jugh fini par appelé la police. Le shérif Keller nous envoya directement en garde à vue, sans chercher à comprendre, sans vouloir connaitre notre version des faits. Nous avions dû attendre d'être là bas pour être interrogés, je fus la première. Le shérif m'amena dans une pièce où se trouvait seulement une table et deux chaises, mais je savais qu'à travers le miroir à côté de moi d'autres personnes m'observaient.

- Alison Jones, nièce de Forsythe Pendleton Jones dit FP, tu es accusé de meurtre. Qu'as-tu à dire pour te défendre ?

J'explosais en sanglots, ce n'était pas prévu dans le mensonge que nous avions créer mais lorsqu'il dit ses mots je pris réellement conscience de la situation.

- On ne les a pas tué, dis-je entre deux larmes. On les a entendu hurler puis on est venu et elles étaient.. elles étaient..

Je n'arrivais pas à finir ma phrase, l'image des deux corps revenant dans mon esprit comme un mauvais rêve. Mes mains tremblaient à nouveaux et je tentais tant bien que mal de cacher ma terreur en les glissant sous la table.

- Tu dis donc, reprit le shérif, que vous n'avez rien fait ?

J'hochais positivement la tête et essuyait mécaniquement mon visage humide.

- Tu sais que mentir à la police est considéré comme un crime Miss Jones ?

- Oui et je ne le ferais jamais, je veux pouvoir revoir mon père de son vivant.

Je lui avais dis ça avec sincérité et lui offris un sourire triste, j'avais sortit l'information de son contexte mais tout le monde en ville connaissait mon histoire et je comptais bien en profiter aujourd'hui. Je reniflais bruyamment et attendais qu'il brise le silence. Mais il ne le fit pas et se contenta de m'amener dans une cellule différente de celle des garçons. Lorsqu'il ferma la porte derrière moi, il m'adressa un faible sourire et parla à voix basse :

- Alison, j'espère que tu ne me mens pas car je peux t'aider à te sortir de cette situation. Mais si tu as mentit, alors là tu vas découvrir le côté obscure de la loi. Es-tu sur de ce que tu m'as dis tout à l'heure ?

- Oui monsieur.

Je n'arrivais pas à prononcer d'autres mots, j'avais trop peur que le son de ma voix trahisse les serpents. Il retira la clef de la serrure et quitta la partie du commissariat où il m'avait enfermé. Lorsque le bruit de ses pas disparut enfin, je laissais mon corps tomber lourdement sur le sol.

Je ne pouvais plus rien faire d'autres qu'attendre.

Alors c'est ce que je fis.