𝐐𝐔𝐄𝐄𝐍 ━ Riverdale

Chapitre 26

La fin de la semaine était arrivée rapidement et la fin du mois tout autant. Tout avait été si calme pendant ces trois dernières semaines, j'avais rattrapé le retard sur mes camarades et j'arrivais à participer en classe.

Je n'avais toujours pas été changé de chambre mais nous avions trouvé notre routine avec Jacob. Le réveil sonnait à 6h pour être à 7h30 en cours, suivi d'un repas convivial tous ensemble et une fin de journée de cours. Nous prenions une heure par soir pour réviser ensemble les cours de la journée et se préparer aux examens de fin de trimestre. Enfin lorsque nous avions mangé notre dernier repas, on se glissait sous la couette pour regarder les dernières séries Netflix. Nous avions même un tableau sur lequel nous écrivions toutes nos idées de dénouement qui étaient, pour être honnête, rarement bonnes.

Lorsque le cœur n'était pas aux séries, nous pouvions passer des heures entières à discuter de tout et de rien. J'avais appris que la mère de Jacob était décédée lors de sa naissance, il ne l'a connaissait qu'à travers une photo qu'il gardait dans son portefeuille. Il avait grandit principalement chez la famille de Brett qu'avec son propre père, même si cela l'attristait, il s'était habitué et le vivait plutôt bien aujourd'hui.

Moi, je lui avais parlé des serpents, de mon père, de Sweet Pea et de Malachaï. Cela pourrait paraître étrange mais il était très intéressé par l'histoire de cet été là. Bien que je ne lui avais pas parlé du meurtre des Vixens, il savait qu'il était aller en prison et je voyais bien qu'il voulait creuser sur le pourquoi du comment.

Mais même si Jacob était devenu mon confident au fil des semaines, je ne pouvais pas lui dire que Sweet Pea était un meurtrier. Il pourrait témoigner à tout moment, me menacer avec cette information. Je ne pouvais pas me mettre dans cette situation.

Sweet Pea était venu passer un weekend dans l'école, nous avons passé ce weekend là à parler de notre passé et de notre futur, aussi bien en tant que couple qu'en temps que personne. Il pensait partir sur un BTS pour devenir barman afin de pouvoir travailler dans le nouveau "nightclub" de Véronica.

"Je ne pense pas pouvoir aller aussi loin dans les études que vous les Jones, avait-il dit. Mais sache que je t'attendrais toujours à Riverdale, et qu'un jour j'aurais les moyens de nous offrir une maison."

J'y repensais avec nostalgie. Il se donnait tant de mal pour nous deux et moi, je passais mes soirées avec un autre garçon.

Le plus important à retenir c'est que pendant ces dernières semaines, je n'avais pas eu vent de Malachaï. Il avait comme disparu de mes hantises.

***

Ce matin là j'étais arrivée en avance à la cuisine pour avoir le temps de manger mes céréales et boire un jus de fruit sans me presser. Jughead était déjà là bouillonnant de rage.

"Tu te souviens des livres Baxter ? La franchise pour laquelle je dois écrire la suite de l'histoire ?

- Hmoui, tentais-je de répondre la bouche pleine.

- Je crois que mon grand-père la écrite, voir même inventé l'histoire d'origine et qu'il se l'est fait voler par Mr DuPont.

- Mr Dupont ?

- Oui, un gars un peu étrange que j'ai croisé lors d'un entretien. J'en ai parlé à Mr Chipping, il va m'aider. Je te donne plus d'informations ce soir."

Jughead n'en dit pas plus, il était difficile pour nous d'avoir les discussions de ce genre sans voir rapidement rappliquer Jacob ou Brett.

Ce matin, c'était Jacob qui s'installa avec nous pour tartiner son pain de beurre et de confiture.

"Vous parliez de ? Demanda-t-il.

- De nos entretiens pour les universités, mentit Jugh.

- Tu lui as dis ? Répondit Jacob surpris en me regardant.

- Dis quoi ?" Jughead me regarda d'un œil suspicieux.

"J'ai un entretien avec une personne de chez Harvard demain midi.

- Mais Alison c'est super ! Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?

- Parce que petit 1 : je n'arrive pas à réaliser que ça m'arrive vraiment, petit 2 : je suis morte de peur.

- L'entretien va se passer comment ? Me questionna Jugh.

- Autour d'un café dans la librairie, je devrais me présenter et expliquer ce que je peux apporter à l'université."

Jacob me tapa dans le dos en pointant sa montre du doigt, bien que je sois arrivée en avance, j'étais tout de même en retard en cours. Je levais les yeux au ciel et le suivais d'un pas rapide jusqu'à la salle de classe.

Cette semaine, nous allions aborder des cours de mathématiques et de statistiques, un pré-requis indispensable pour toute étude dans une filière scientifique. Le seul petit problème : ça me gonflait plus qu'autre chose. J'essayais de me concentrer sur les nombres défilant au tableau, sur les équations que la professeure essayait tant bien que mal de nous expliquer, mais cela m'était juste impossible. Je n'arrivais juste pas à garder mon attention sur le cours, au grand désarroi de ma professeure qui me jetait des regards exaspérées depuis son estrade.

"Ce cours vous dérange, mademoiselle ?" me lança-t-elle, d'une voix traînante.

Je ne répondis pas, je ne voulais pas aggraver la situation. Elle pouvait bien me reprocher ce qu'elle voulait, cela ne changerait rien à mon état de concentration inexistant.

Je continuais donc mon cours, à jongler entre les variables pour résoudre les équations différentielles, à faire des dérivées et à résoudre des problèmes, lorsque, en fin d'après-midi, un bruit sourd se fit entendre. Comme ci on avait jeté un sac de sport depuis le troisième étage. Sûrement un abruti qui avait fait une blague, pensais-je. Mais je réalisais la gravité de la situation lorsque j'entendis des cris provenant de l'extérieur, accompagné de bruits de pas affolés. La classe entière était désormais en train de marmonner sur ce qui se passait dehors. La professeur essayait tant bien que mal de nous calmer, mais la sonnerie retentit et l'ensemble de la classe sortit en trombe de la salle sans se soucier des cris de notre enseignante nous demandant de rester en cours le temps de noter les devoirs.

C'est alors que je vis Jughead rentrer dans la salle et se diriger vers moi, pâle comme un fantôme. Il me prit par le bras et m'entraîna à l'écart au fond de la pièce avant de s'asseoir.

"Qu'est ce qui se passe ? lui demandais-je.

- C'est affreux, parvint-il à lâcher entre deux respirations. Notre professeur... Mr Chipping...

- Qui y a-t-il ?

Je commençais à m'inquiéter, mais c'est lorsque il m'avoua enfin la vérité que je compris la gravité de la situation :

"Mr Chipping s'est jeté par la fenêtre, Alison."

Il me regarda droit dans les yeux avant de les baisser, en pleurant doucement.

"Il s'est suicidé."