𝐐𝐔𝐄𝐄𝐍 ━ Riverdale

Chapitre 20

Une fois seule à nouveau, je sortis mon ordinateur pour regarder les différentes universités auxquelles je pouvais postuler. Mon bulletin de notes traînait encore sur mon bureau, j'étais dans les premiers de ma classe avec, malgré mes absences, une moyenne de 17,25/20 à mon dernier semestre de première. Les professeurs me prédisaient un bon avenir aussi bien dans les sciences que dans la littérature mais cela ne m'aidait pas dans mon choix.

Mon père avait toujours voulu que je devienne une écrivaine mais mon cœur avait quand a lui préféré les sciences de la vie ou la physique. J'aimais certes écrire, dessiner, peindre, mais j'avais cette irrésistible passion pour la recherche, bien qu'aucun des autres élèves de ma classe ne comprenaient mon point de vue. J'avais envie de faire un métier qui changerait les choses, j'avais envie de laisser ma trace dans l'histoire, que le nom de Alison Jones soit connu pour une bonne action qui aurait aidé l'humanité. Trouver un remède au cancer, être la première femme  à aller sur mars, découvrir la vie ailleurs, sauver les espèces en voie de disparition, ... 

Je voulais faire quelque chose de bien de ma vie mais je n'avais aucune idée de comment et les conseillers d'orientation n'arrivaient pas vraiment à m'aiguiller. 

La pluie commença soudain à s'abattre sur la fenêtre de ma chambre. Je grognais et posais un coussin sur mes oreilles en voyant que le bruit devenait de plus en plus fort.

Des crissements de pneus et des hurlements me firent sursauter. Je me levais de mon lit et me faufilais jusqu'à la fenêtre. Mes deux doigts pour écarter le store et guetter le moindre bruit suspect. La pluie et la noirceur du ciel m'empêchait de voir quoi que ce soit. Mais j'aperçus des silhouettes se mouvoir à la lumière des lampadaires.

Le visage de Malachai apparut soudainement devant moi.

J'eus un hoquet de stupeur et fis un pas en arrière au moment où sa batte cloutée frappa ma fenêtre, qui vola en éclat. Des milliers de bout de verres vinrent se déposer devant moi.

Je tremblais de tout mon être. Un hurlement étouffé s'échappa de la cuisine :

- Maman ?

Pas de réponse. Je couru vers la pièce d'où provenait le cri mais quelqu'un m'attrapa le bras si fermement qu'il arrêta ma course. Je n'eus pas besoin de regarder pour savoir que Malachai avait traversé la fenêtre pour m'arrêter.

- Dis donc Alison je pensais qu'on avait été assez clair, plus de serpents dans le South Side. On avait été indulgent car tu as perdu ton pauvre papa, mais maintenant c'est fini.

Il avait feint des larmes pour se moquer de moi. Je grognais de rage et le frappais au niveau du visage d'un coup de coude. Il perdit l'équilibre un instant et me lâcha le bras. Je profitais de ces quelques secondes pour fuir de ma chambre, rejoindre ma mère qui avait été laissée seule dans la cuisine et courir avec elle hors du mobil-home.

Nous n'avions prit aucune affaire. Rien. Ma mère hurla lorsqu'elle vit les ghoulies assaillir notre chez-nous pour y mettre le feu. Des larmes roulaient sur ses joues, elle avait mit toutes ses économies dans cette maison, aussi petite soit-elle. On pouvait presque voir le reflet des flammes et de notre maison détruite à l'intérieur.

- Maman on ne peut pas rester ici, ils vont nous rattraper.

Elle essuya son visage mouillé par la tristesse et la pluie puis pris ma main. Nous étions qu'à quelques kilomètres du Northside mais j'avais laissé mon téléphone à l'intérieur. Je soufflais bruyamment et ma respiration se dessina dans l'air telle une brume éphémère.

***

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous avions enfin atteint le campement des serpents. La pluie avait cessé et ils s'étaient installés autour d'un feu de camp, le dernier avant la rentrée. Jughead fut le premier à nous apercevoir, il nous fit tout d'abord un signe de la main puis réagit en comprenant que notre présence était anormale. Mon cousin couru vers nous :

- Alison qu'est ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-il inquiet. C'est par hasard que je suis venu ici ce soir, j'ai bien fait apparemment..

- Malachai il veut ma mort, je l'ai fais accuser et maintenant... Maintenant il veut détruire ma vie, il a commencé par le mobil-home de maman..

J'éclatais en sanglot, tout cela paraissait irréaliste. Jughead tenta de me réconforter en frottant mes épaules, et me tira jusqu'au feu.

- Est ce quelqu'un parmi vous aurait une seconde tente ou une place pour héberger nos deux amies ?

- Oui moi, annonça Sweet Pea en levant sa main. J'ai une deuxième tente.

Il partit un instant la chercher et revint avec un tissus et une armature que je connaissais bien. Il me donnait la tente où nous nous étions embrassés pour la première fois.

Je le serrais dans mes bras pour le remercier et entrepris de l'aider à l'installer. Il planta les premières sardines à moins d'un mètre de la sienne, et tendit le tissus pour que nous puissions avoir de la place pour deux. Ma mère s'allongea à même le sol, ce qui énerva Sweet Pea.

- Madame Jones laissez moi au moins vous donnez mon matelas et mon duvet. D'après ce que j'ai entendu vous avez tout perdu, je dormirais sur le sol à votre place.

Elle sourit mais refusa :

- C'est gentil mon garçon mais tu en as déjà fais bien assez pour ce soir.

Il grogna mais je le poussais en dehors de la tente avant que ça ne parte en dispute avec ma mère. On s'écarta assez pour ne pas être entendu :

- Ta mère ne devrait pas dormir à même le sol comme ça ! Railla-t-il.

- Crois moi elle a connu bien pire, maintenant si tu le permets il faut que je dorme.

- Oui je sais. Jughead m'a dit que tu étais d'accord pour qu'ils viennent avec nous demain.

- Oui, j'ai envie de passer plus de temps avec lui, il est ma famille après tout, dis-je en souriant.

-  Je suis content que tu ais pris cette décision. Passe une bonne nuit mini Jones.

Il passa ses mains sur mes joues pour rapprocher mon visage du sien et m'embrassa avec tendresse. Je lui rendis son baiser et l'embrassais sur la joue avant de rejoindre mon nouvel habitat.

Ma mère dormait déjà paisiblement. Je m'allongeais à côté d'elle sans faire de bruit et plaçais mes bras sous ma tête.

Je ne pu m'empêcher de soupirer tristement. Le South Side ne nous appartenait plus, ce qui faisait que le pauvre mobil-home qu'avait réussi à acheter ma mère avait été récupéré par les ghoulies. Malachai voulait ma mort et me faire vivre dans une tente avait été son premier pas pour faire de ma vie un enfer.