Paris - Appartement de Ken
Point de vue de Ken
- Ken t'abuse, ça sent le bouc ici... ça fait combien de temps que t'as pas aéré?
D'un coup, sans prévenir quelqu'un ouvre en grand les volets et la fenêtre sans même se formaliser du fait que je dormais profondément. Ma soeur dans toute sa splendeur. Celui qui crois naïvement que ce genre de casse co***le arrête de lui casser les pieds une fois le domicile familiale quitté est bien naïf: je l'étais.
Tel un ours mal léché je grogne me planque sous les draps.
- Tu fais chier, Irène.
Celui qui croit que l'entente frère-soeur s'arrange avec le temps est bien stupide.
- De tendre mot d'amour à 15h de l'après midi. Je t'attend dans la cuisine, je vais faire du café. Toi... profites en pour prendre une douche, tu pu et tu fais peur à voir.
Faisait un doigt à ma soeur qui sort de la pièce en poussant un soupir, je tend mon bras pour tenter de prendre mon portable. Inondé par des notifications de réseaux sociaux j'ai encore plus la flemme. Il va vraiment falloir que je désactive tout ça. En vrai au début je trouvais ça marrant, mais aujourd'hui ça me fait chier plus qu'autre chose. C'est quoi le délire des gens qui te parlent comme si tu étais leur potes? Gars c'est pas parce que tu écoutes mes sons que tu me connais... mais le pire du pire c'est toutes ces personnes littéralement passionnées par ma vie privé. Comme si savoir avec qui je baise était d'une importance absolue. Nan mais sérieux.
Mon regard est interpelé par d'autres notifications: 5 appels en absences, 8 messages... putain je suis en retard au stud', les gars vont me tâcler.
...
Une bonne douche bien chaude plus tard je découvre ma soeur innocemment attablée, un café fumant entre les mains. Face à elle une deuxième tasse semble m'attendre. Bon ok, elle me connait assez bien pour savoir comment m'amadouer.
- Aller viens t'assoir, je l'ai fait bien noir.
- Qu'est ce que tu fou là Irène?
- Quoi? Une soeur ne peut plus rendre visite à son frère adoré?
Je l'observe perplexe un sourcil relevé... même elle se rend compte que ça ne tiens pas la route.
- D'accord... je m'inquiétais pour toi. Les mecs m'ont appelé pour me dire qu'ils n'avaient pas de nouvelles de toi alors que tu devais les rejoindre ce matin... Diabi va te pourrir sur place.
- Tu veux que j'aille au stud' pour quoi? J'ai rien à leur proposer. Vaut mieux pas qu'ils perdent leur temps avec moi. J'arrive plus à écrire une ligne. Je suis fini.
- Et depuis quand c'est devenu absolument nécessaire d'écrire? Tu as déjà passé des jours au studio sans rien enregistrer juste pour être avec tes potes, pourquoi ce changement? Le rap c'est ta passion mais depuis quelque temps tu le vois comme un métier, une contrainte, regarde autour de toi. T'as plus rien à prouver, ni à toi, ni aux parents, ni à personne. Grâce à toi, la famille, tes proches sont à l'abris alors arrête de te mettre cette pression. Tu as toujours voulu vivre de ta passion. Tu as donné beaucoup de ta personne, tu as fait de nombreux sacrifice. Tu as fait tes erreurs mais il faut que ça te nourrisse. Je sais que la célébrité est en train de te bouffer mais ne te laisse pas sombrer jusqu'au bout. Tu peux te servir de cette expérience pour en sortir grandit. Relève toi bordel.
Je l'écoute en silence. Elle a raison. Toute cette pseudo "célébrité" qui me met une pression de dingue pour ne pas décevoir. Avant j'écrivais et je faisais du rap pour le kiffe. Et aussi parce qu'on me l'interdisait, on me disait que c'était pas sérieux. Moi je voulais faire un doigts d'honneur géant. J'étais impertinent.
J'avoue, à la base comme beaucoup de gars j'imagine, je voulais juste impressionner les filles... J'avais un certain succès, je n'avais pas prévu de tomber amoureux de la meilleure amie de ma soeur. Elles pouvaient toutes crier mon nom ça me foutait la rage quand "elle" m'ignorait.
Un soir, on était en boîte avec les gars, il y avait plein de go hyper fraiches autour de nous. J'étais bien. Et puis je l'ai vu avec un connard qui lui faisait les yeux doux j'ai pas pu m'empêcher de le menacer pour qu'il ne l'approche plus jamais. Forcément ça l'a mise dans une rage folle. Elle m'a pourrie sur place. Genre je me prenais pour qui? Genre j'étais mal placé pour parler. Et alors qu'on se prenait la tête dehors elle m'a balancé "T'es pas mon frère, alors lâche moi" un brin provocateur je n'ai pas pu m'empêcher de confirmer "A non ça je confirme je suis absolument pas ton frère". Elle m'a lancé un regard interrogatif, et moi je lui ai sortit mon sourire en coin. Voir ce petit bout de femme en colère contre moi a finit par m'achever... je suis tomber amoureux d'elle avant même notre premier baiser... 2 ans de nous... Moi qui voulait juste m'amuser je suis tomber pour elle... et elle est partit... alors j'ai scellé mon coeur pour de bon, et j'ai profité des filles, beaucoup de filles. J'ai clairement enchainé les conquêtes et j'ai "épousé ma plume"...
Je sais pas pourquoi je repense à elle maintenant. Peut être parce qu'au fond de moi je sais bien qu'elle est la source principale de tout ce bordel dans ma tête. J'ai toujours été un peu torturé, mais c'est comme si elle maintenait la noirceur dans un tout petit bout de moi. Aujourd'hui j'ai l'impression que tout en moi n'est que ténébre. Je n'en parle jamais mais en vrai je suis sa carrière de prés, un vrai stalker. J'ai même acheté quelques fringues qui viennent de sa marque, quand j'ai envie de me confier, de me retrouver, comme j'aurais pu le faire avec elle, je les porte. ça me donne la sensation de l'avoir encore un peu... et en être arrivé là me plonge encore plus loin dans les ténèbres. Mais comment avons nous fait pour en arriver là,
Est-ce à cause de nos choix?
Si elle n'avait pas fait le choix de partir?
Si j'avais fais le choix de la suivre?
Si elle n'avait pas fait le choix d'être amie avec ma soeur?
Si j'avais fait le choix de ne pas tomber amoureux d'elle?
... Mais avions nous réellement le choix?
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Pas moi sans toi
Fanfiction* Londres - Gare St Pancras Internationale - 19h50* En ce mois de décembre, la gare fourmille de monde. Des gens pressés, des touristes émerveillés, des familles, des couples, des amis, des personnes seules... et puis elle, Léa Stanfield cherchant à...