Partie 9

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Vol Paris - Athène

Point de vu de Ken

Les sentiments. C'est quand même le truc le plus complexe qui existe et pourtant nous ne pouvons vivre sans. J'ai l'impression que tout autour de nous n'est que sentiments.

- la colère, la peur, la tristesse, la joie

- La haine... l'amour.

La revoir une fois a suffit à me sortir de ma léthargie. J'ai décidé de prendre du recul face à tout ça. Ici, à Paname, il y a trop de galère. Le procès avec la maison de disque, la gestion du label, et Léa...  D'un côté j'ai peur de la croiser à une soirée, dans une conversation ou même au coin d'une rue et en même temps je n'attend que ça. Je me suis même surpris à trainer dans les lieux qu'on aimait, qu'elle aimait en espérant l'apercevoir au loin... mais non rien.

Je suis perdu entre le présent et le passé. 

J'ai été totalement idiot, de croire que des sentiments peuvent simplement disparaitre en faisant semblant. Voilà 10 ans que je fais semblant de vivre parfaitement bien avec l'idée qu'elle ne fait plus partie de ma vie. Mais en vérité, voilà simplement 10 ans que je suis simplement vide de l'intérieur. Et en un regard... toute la vie est revenu en moi. La douleur, la colère, la haine même... mais aussi, la douceur, la joie, la paix et l'espoir... cet espoir ridicule...

Voilà trop longtemps que je suis englué dans cette histoire de page blanche. Son retour aura au moins le mérite de débloquer ça. C'est quand même hallucinant, un regard et elle ne sort plus de ma tête.

Il y a quelque temps, mon pote Syrine m'a proposé de me filmer, en mode documentaire, pour la naissance d'un projet. Quand il m'en a parlé, il n'y avait aucun projet, rien à venir. Mais maintenant, je sens que tout est différent. Je la ressent cette mécanique. Ce frisson juste avant que tout commence. Je ne sais pas où tout ça va me mener. Mais quoi qu'il en soit à la fin, je ne serais plus le même. Je trouve ça beau de filmer ça. Pouvoir le regarder plus tard et savoir que tout ça est le tournant de mon histoire. De NOTRE histoire. La fin ou le début...

Quoi de mieux que de commencer tout ça en Grèce. Déjà, j'ai besoin de prendre du recule, de partir d'ici, de souffler. Ici il y a trop de bruit, trop de monde, trop de plein de chose. Là bas c'est calme, là bas tout est simple, là bas je suis avec les miens, je retrouve mes racines. Revoir ma grand mère va me faire du bien. J'ai tant de fois rêver de lui présenter Léa... je lui en ai tellement parler... bref, je m'égare encore vers elle. Encore et toujours. 

J'ai donc appelé Syrine hier, et il m'a envoyé quelques gars se son équipe. Nous partons d'ici quelques minutes. J'ai un peu de mal avec l'idée d'avoir une caméra H24 avec moi, Je suis plutôt du genre pudique. Etrange pour quelqu'un qu'on qualifie de "célèbre" mais j'ai toujours eu du mal à m'y faire. Enfin bon, l'idée de filmer juste la réalité des choses, sans rien planifier, ni jouer me plait bien mais en même temps je fais tout pour disparaitre des radars et là je vais m'exposer pendant plus d'une heure... je ne dois pas être complément sain d'esprit... mais j'adore l'idée. Et puis bon, au pire, je sais parfaitement que Syrine ne m'imposera rien. Si le résultat ne me convient pas aucune obligation de le sortir ce documentaire. Ça restera peut être juste entre nous pour le souvenir. 

Couloir - Devant l'appartement de Mekra

Point de vue d'Irène

Hier Ken s'est envolé pour la Grèce. Il traverse une période de vide artistique et il s'envole avec une équipe de tournage pour tourner un documentaire sur la naissance de son futur album... mon frère a toujours été un peu fou. Comment se mettre plus de pression? M'enfin, il a toujours était fou, mais ça lui a plutôt bien réussis (professionnellement parlant alors...) on le laisse faire, en espérant que tout se passe bien pour lui. 

J'ai profité de mon dernier shootting pour réfléchir à cette histoire avec Mekra. J'avoue aussi que le retour de Léa m'a beaucoup refais penser à leur grande histoire d'amour. Ça m'a donné de l'espoir et un peu de courage. Alors que je me faisais ouvertement draguer par un technicien lumière, je me suis rendu compte qu'Hakim me manquait. Inconsciemment je comparais ce jeune homme avec l'ami de mon frère. Autant dire que j'ai coupé court à la drague. J'ai donc décidé d'arrêter de me voiler la face. Il faut que je devienne adulte. Je me retrouve donc face à cette porte, bien décidé a assumé mes sentiments. Qu'il les partage ou qu'il me rejette peut m'importe, ce qui compte c'est de savoir à quoi m'en tenir pour pouvoir avancer... Bon ça c'est en théorie, parce qu'en pratique je suis totalement tétanisée devant cette porte. Je n'ose pas faire un geste de plus. J'hésite entre prendre mes jambes à mon coup ou prendre mon courage à deux mains... et donc je suis figée comme une statut.

- Tiens salut. Qu'est ce que tu fais là?

Framal, tout souriant se tiens sur la dernière marche des escaliers. Je déglutit difficilement, je ne sais pas quoi répondre. Il m'observe et je n'arrive pas à savoir à quoi il pense. Framal sait être énigmatique quand il veut.

- Allez viens, je t'offre un verre.

- Euh... tu venais pas voir ton frère?

-  Et toi? Et puis je viens de changer d'avis en te voyant figée comme une statut. Allez viens il fait beau ça va nous faire du bien.

Bien consciente qu'il a quelque chose à me dire et que de toute façon ce n'est pas aujourd'hui que j'aurais le courage d'affronter mes sentiments je le suis donc dans l'escalier et j'essais de me dé-stresser en faisant de l'humour.

- C'est marrant, depuis le temps qu'on se connait on a jamais pris un verre ensemble.

- Y'a rien de marrant à ça. Au lycée notre kiffe c'était pas vraiment de trainer avec nos p'tites soeurs... Maintenant...il s'arrête un instant et prend le temps de me regarder pendant que j'arrive à sa hauteur. Maintenant t'es devenue une grande fille...

Alors que nous sortons de l'immeuble, le soleil brille de mille feu. Mes lunettes de soleils me donnent l'illusion que je peut toujours porter ce masque et ne rien dévoiler. J'étais bien loin de la vérité.


Pas moi sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant