Partie 47

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Appartement de Ken

Point de vue de Léa

Autant se le dire, la situation est délicate. Josh vient de m'appeler pour me demander de rentrer à Londres quelques jours, voir quelques semaines tout au plus pour organiser le prochain défilé. Il a eu l'accord pour le lieu maintenant à nous de faire le reste. Comment choisir plus mauvais timing. Je doit annoncer à l'homme qui me fait face et que j'aime éperdument que je vais devoir partir dans un autre pays. 

Si nous étions ensemble, ou si j'avais simplement la certitude que Ken nous envisage comme un début de quelque chose je lui proposerais sans hésiter de venir avec moi. La vérité c'est que je ne suis même pas sure qu'il envisage ne serai-ce que l'exclusivité alors... Je suis morte de trouille.

J'ai l'impression d'être forcée à me confronter à la réalité alors que sincèrement j'aurais bien continuer de faire l'autruche quelque temps. Rien ne presse.

Perdu dans mes pensées, je prend alors conscience que Ken est face à moi et qu'après mon annonce, non seulement il n'a pas bougé mais qu'en plus son visage se décompose. C'est comme si je pouvais lire la succession d'émotion dans son regard: surprise, tristesse, colère, rage... puis plus rien. Un bloc de béton que rien n'atteint. Il vient de se fermer. Complètement. Je ne comprend pas sa réaction. Certe hier je lui disais que je pouvais le suivre où il voulait, je pensais plutôt pour y vivre. Je ne pensais pas que ça voulais dire que je ne pourrais plus voyager sur de courtes périodes... Si c'est ce qu'il attend, serais-je prête à faire cette concession? La réponse me semble évidente mais douloureuse néanmoins.

C'est délicat la vie. Nous avons tous tendance à vouloir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière. Qu'on se le dise, personne n'est mieux que ça. Je voulais Ken, la société et un happy end du genre ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfant. Je pensais que vivre à Paris et pouvoir le suivre dans la plupart de ses déplacements serait suffisant. Je pensais qu'il ne me demanderais pas d'abandonner tout ce que j'aime, tout ce que j'ai crée pour le suivre. Mais après tout, lui il crois que je l'ai quitté pour vivre de ma passion, pour construire tout ça. Ce serait normal qu'il n'ai pas envie de m'encourager.

Soudain une petite voix me hurle d'expliquer. Je ne sais pas d'où elle vient mais elle me dit que ce serait trop bête de commencer ce début de rien sur des non dits. Hakim m'a dit de me battre pour avoir Ken. Je veux l'avoir et je veux être heureuse. Après tout si il décide que je doit tout abandonner pour lui, que je sois prête à le faire ou non autant qu'il sache à quel point je l'aime. Je pourrais accepter de tout laisser tomber mais j'ai ce besoin qu'il le sache, qu'il en ait conscience.

- Je... En fait, je sais pas trop comment tu vois les choses mais... J'avais envie de te demander de m'accompagner. 

Inspirer - Expirer. Oser un mini regard dans sa direction. Il est toujours là, il n'a pas encore pris la fuite. On sait tous que les hommes ont peur de l'engagement, on vient de passer une nuit ensemble, je donne peut être un peu l'impression de m'emballer.

Je le vois surpris de mon annonce. Presque déstabilisé. Alors je poursuit.

- Les premiers jours je ne serais probablement pas trop dispo, mais après une semaine au plus je devrais être plus libre. Je devrais en avoir pour quoi, max 10 jours... On pourrait même rester un peu plus longtemps pour profiter de Londres à deux... Enfin, je... fin, comme tu veux.

Moi être redevenue ado.

- Tu ne pars pas pour toujours?

Brusquement, alors que mes yeux se plongent dans les siens je comprend alors la méprise. Non Ken, non, je n'ai pas l'intention de partir pout toujours, parce que je t'aime et je veux faire ma vie avec toi.

Forcément, dans ses moments là, les mots restent bloquer au fond de ma gorge. Alors je me contente de bouger ma tête pour lui signifier que non, tout simplement.

Ce geste simple semble le soulager et il se dirige vers moi pour me prendre dans ses bras.

- Putain, j'ai eu tellement peur que tu te barres encore une fois.

- Et moi j'ai eu peur de plein d'autre chose.

Son sourire moqueur, mon angoisse qui disparait.

- Tu penses trop beauté.

Et alors qu'il embrasse tendrement mon cou et remonte lentement vers ma mâchoire je ressers mes bras dans son dos.

Bof, il pourra bien me dire que je ne suis qu'une de plus sur la liste des "femmes"de sa vie, peut être que mon coeur pourrait le supporter pourvus que j'ai le droit de l'avoir à chacun de mes réveils.

Après m'avoir tendrement et délicatement embrassé, l'une de ses mains caresse ma nuque tandis que l'autre est posé sur ma hanche pour me tenir proche de lui.

- Si tu me laisses quelques jours pour m'organiser ça me va.

Ce n'est toujours pas une promesse de rien, mais c'est un début de quelque chose. Je l'aime, peut importe ce qu'il ressent pour moi, tant qu'il fait partit de ma vie et tant qu'il me laisse l'aimer... Pourtant je sais bien qu'à un moment je voudrais plus, mais pour le moment je m'en contente. Alors c'est décidé, après Nice, nous partons à Londres et j'ai déjà hâte de lui faire découvrir cette ville qui m'a accueilli quand j'étais au plus mal. J'ai tant de fois parcouru les rue londoniennes en l'imaginant dans le décors. 

Un immense sourire lui répond et à mon tour, je colle mes lèvres aux siennes. 

Ce n'est pas une promesse, mais c'est quelque chose....


THE END


Pas moi sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant