Partie 44

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Appartement des filles

Point de vue de Léa

Voilà une semaine que j'ai quitté Ken devant l'hôpital. Je l'ai accompagné jusque devant l'établissement puis j'ai lâché sa main et je lui ai dit de saluer sa mère pour moi. Depuis silence radio. Je ne sais pas trop où il en est depuis ses confidences de la nuit dernière. Malgré moi, voilà une semaine que je guette non stop mon téléphone espérant un appel, un message ou n'importe quel signe de lui. 

Mekra est à l'appartement depuis une heure et je n'en peux déjà plus des deux. Depuis leur câlin à l'hôpital ils ne se cachent plus et ensemble ils sont insupportables. En plus d'être super complices et amoureux, en ce moment ils sont en train de se foutrent ouvertement de moi. Soit disant que je suis accro. 

En vérité je nage en plein doute: une vague d'espoir m'a envahit la semaine dernière et depuis j'ai l'impression de chuter... la chute est longue et j'ai peur du moment où je toucherais le sol... violemment. J'en suis a me demander si les aveux de Ken étaient sincère où si ils étaient sous le coup de l'émotion. J'ai tenté subtilement de cuisiner Mekra pour savoir si Ken avait vu Karidja, où il en était etc. Mais il faut croire que je n'étais pas si subtile que ça parce que chaque fois, Mekra a botté en touche.

- Mais va le voir au lieu de tourner en rond là, tu me donnes le tournis.

Ça c'est ma sit disant meilleure amie. Elle est gentille avec ce conseil et en d'autre circonstance je serais d'accord avec elle. Sauf que... allez le voir, le confronter, c'est prendre le risque qu'il me dise qu'il regrette ses mots, qu'il préfère qu'on reste ami, ou pire encore, qu'il souhaite qu'on ne soit même plus ami du tout. La vérité violente peut être pire que le doute. Donc je suis effectivement là en train de tourner en rond parce que j'ai foutrement peur de la vérité. Pitoyable.

- Je vais faire un tour.

Prendre la fuite encore... Plutôt que de rester là avec ces amoureux comblés (et donc partiellement agaçant quand mon avenir amoureux est en plein chaos technique) je préfère affronter la nuit parisienne. Sans demander mon reste et les regards de ma colocataire et de son petit ami devenu presque officiel, je saisie mon manteau, mon sac, mon téléphone, mes clefs et je sors de l'appartement. En descendants les escaliers (pourquoi prendre l'ascenseur puisque je ne suis pas pressée car je ne vais nul part) je me demande justement quoi faire de cette nuit qui m'est offerte.

- Aller boire un verre: mauvaise idée. Etre seule dans un bar bondé n'est pas du tout le meilleur moyen de me remonter le moral.

- Aller voir une expo: Y-a-t-il des expos en ce moment? Il faut que je fasse attention à ce que l'expo ne soit pas médiatiser, parce que me retrouver sur les réseaux ou autre magasine people avec pour titre "Lea Standfield alone"... non merci

- Aller voire un film: mouai, pourquoi pas. Au moins je serais au chaud dans une salle sombre ou ma solitude n'attirera pas les regards indiscrets et si en plus je peux trouver un film sympas...

Lorsque j'atteins le hall de l'immeuble de m'apprête à affronter le froid extérieur en remontant le col de mon manteau et lorsque je relève la tête je me fige: Ken, Ici... détendu, les mains dans les poches.

Mon dieu, emmenez moi loin d'ici.

Quand il me remarque, il me fait son éternel sourire en coin et s'avance vers moi. Tout mon corps est en panique. Enfaite non, plus rien ne répond dans mon corps. Défaite par KO.

La bonne habitude dans ces conditions? Ne rien faire et attendre que lui agisse et tenté de réagir... Sinon il m'est toujours possible d'atteindre la porte derrière lui et de m'enfuir à toute jambes... sauf que je ne suis pas certaine que mes jambes suivent, et quand bien même, si c'est moi que Ken veut voir, il est fort probable qu'il court plus vite que moi.

Lorsqu'il est assez prés pour que je puisse sentir les effluves de son parfum (plutôt after shave que parfum d'ailleurs) je déglutit difficilement. Confrontation dans 3...2...1...

- Salut.

Sa voix est basse, presque murmure. A cause des battements assourdissant de mon coeur je doit me concentrer pour l'entendre.

- Salut. répondis-je.

Situation bizarre où ni lui, ni moi ne bougeons. Son regard fixer sur moi il semble vouloir lire en moi alors que moi je mon coté je cherche à le fuir par tous les moyens. Soyons franc, si Ken pensait réellement ce qu'il a dit la semaine dernière, il n'aurait pas attendu une semaine pour briser le silence radio.

Ses doits qui saisissent une mèche de mes cheveux pour la remettre derrière mon oreille me fait sursauter de surprise. Tendue moi vous pensez?

Ma réaction réactive le mode sourire en coin de Ken. Je vais lui faire avaler ce sourire...

- On va faire un tour?

NON, NON, NON et NON

- Ok.

Giflez moi.

Voilà bien 10 minutes que nous marchons cote à cote dans les rues de Paris. Les mains dans les poches il semble pensive, agrippée à mon sac je suis sur la défensive.

Soudain, arrivé à un carrefour il s'arrête. Il me faut quelques seconde avant de m'en apercevoir. Je m'arrête et me retourne pour lui faire face. Regard interrogateur.

- J'ai l'impression d'être à un carrefour de ma vie. Soit je prend un chemin que j'ai déjà pris et accours duquel j'ai vécu les meilleurs moments de ma vie mais aussi les pires. Soit je prend le chemin opposé qui me promet moins d'émotion forte en bien comme en mal.

J'imagine que je suis le meilleure et le pire. C'est une sacrée question qu'il pose. Faut-il préférer le chemin sécurisant, tranquille, ou alors faut-il préférer le chemin risqué mais passionnant?




Pas moi sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant