Partie 7

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Une semaine plus tard - Appartement d'Irène

Point de vu de Léa

Epuisé par mon voyage, je pose mon sac sur le parquet, jette mes clés sur la table et respire profondément l'air de l'appartement. Je suis partie quelques jours me ressourcer en Bretagne, en bord de mer. Respirer, prendre mon temps, couper avec le monde. J'avais louer une petite maison reculée. Me retrouver seule avec moi même... voilà qui fait un bien fou. 

Durant de longues balades j'ai pu à loisir observer la beauté des paysages, regarder les gens vivre tout simplement. M'émerveiller de la beauté humaine. Voilà bien longtemps que je n'avais pas observer sans la moindre pression. Regarder ce qui m'entoure sans avoir la pression constante de devoir absolument et à tout prix être inspirée. Juste graver les images dans ma tête, m'en imprégner avec une absence totale d'injonction créative. En fait ça ne m'étais pas arrivé depuis le lycée, quand tout n'était qu'une passion que je vivais pour moi même et quelques amies privilégiées. 

Je ne dirais pas qu'aujourd'hui le moindre vêtement est un calvaire, mais il est vrai que parfois je ne dessine pas ce qui me plait mais ce qui a le plus de chance de plaire, d'avoir du succès. Je ne prends plus d'initiative comme au début tellement j'ai peur de décevoir mon "public".

Depuis ma discussion avec Josh, j'ai réussis à faire taire la petite voix qui me répétait constamment "il faut que tu dessines", "La nouvelle collection ne va pas se faire par miracle"... Je sent la boule d'angoisse diminuer peu à peu. Le sommeil revient lentement... je suis encore loin de la paix intérieur mais j'ai au moins arrêter la chute. Et ça fait du bien.

Le silence de l'appartement dans la nuit parisienne commence à me foutre le cafard. A l'extérieur, on entend le brouhaha de la ville. Pourtant je sais que toute cette vie n'est qu'un mensonge. La réalité c'est que les gens se croisent sans se regarder. Chacun court vers sa destination sans même prendre la peine de regarder ce qu'il y a sur le chemin. Les voitures accélèrent, klaxonne, pressée, manque de temps... chacun va quelque part, alors que moi je ne vais nulle part dans tous les sens du terme. 

Ne pas me laisser allée à cette mauvaise nostalgie. Je fais entrer la lumière en allumant quelques lumières et bougies, un peu de musique, une douche bien chaude et des vêtements confortables, un plaid, un mug de thé et un roman d'amour... Bref créer une ambiance propice pour être bien avec moi même. 

***

Une caresse sur ma joue me fait ouvrir les yeux. J'ai du m'endormir sans m'en rendre compte. Lorsque j'ouvre les yeux je peine à y croire. Son regards est fixé sur moi. Des yeux marrons dorés, un grain de beauté, une bouche, comme un vieux souvenir du passé. Il est accroupis pour être à ma hauteur. Je peux voir les marques du temps sur son visage. Il n'a jamais était aussi beau. Il ne m'a jamais semblé si mélancolique. Familier et pourtant un étranger. J'ai envie de remettre une mèche de cheveux qui lui barre le visage derrière son oreille. J'ai envie de caresser sa joue. j'ai envie de le prendre dans mes bras... Mais comme je disais, familier et pourtant un étranger.

- Tu devrais aller te coucher tu va prendre froid.

Sa voix que je connaissais par coeur sonne étrangement aujourd'hui. Un peu cassée, un peu brisée. Il chuchote comme par peur de rompre quelque chose... l'instant présent peut être?

- Euh.. je... qu'est ce que tu fais ici?  Dis je tout en me redressant pour tenter de reprendre contenance.

- Je suis passé devant l'immeuble, j'ai vu de la lumière, j'ai cru qu'Irène était rentrée et j'avais envie de lui parler... comme ça ne répondait pas quand j'ai frappé à la porte, je suis entré pour vérifier que tout aller bien, j'ai un double, et je t'ai vu toi... ici.

Il se tait quelques instant puis reprend. Sa voix est douce... il parle si bas, comme si il avait peur de se réveiller lui même d'un rêve. Est-ce que son coeur bat aussi fort que le mien? Est-ce que les pensées se bouscules? Est-ce que le souffle lui manque? Est-ce que le trouble l'envahi? En tout cas moi oui.

- Je vais te laisser.

Mais tout ça n'a duré qu'un bref instant. Alors qu'il se relève je lui attrape la main. douce et rugueuse. Familière et nouvelle.

- Reste...

Un silence, puis la chute.

- C'est toi qui est parti... 

Il retire sa main de la mienne, retrouve sa liberté et s'éloigne. Sa voix n'a pas tremblé. Son ton n'était pas agressif, pas triste non plus. Il était juste en train d'évoquer un fait. Je suis partie, sans me retourner. Je suis partie et il ne m'a pas retenue, j'avais tout fait pour m'en assurer. Je suis partie il y a 10 ans... et aujourd'hui j'en paie le prix fort. Les blessures du passé ne m'ont jamais semblé aussi douloureuses, aussi marquée. Qui a dit que le temps apaisé les coeurs?



Pas moi sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant