Partie 45

2.6K 117 4
                                    

Paris

Point de vue d'Irène

Ken poursuit.

- En vrai je dis ça, mais c'est pas comme si j'avais le choix. Je suis certain que même si je prenais le chemin opposé, il finirait quand même par me ramener à toi...

Il me lance un regard presque accusateur et moi j'ai peur de comprendre ce que je comprend. Mon coeur s'emballe sans mon autorisation.

- ...La vérité, c'est que je peux faire semblant aussi longtemps que je veux, je ne me suis jamais sentie aussi vivant que quand tu es dans les parages. Tout est plus intense. La colère, la rancoeur, mais aussi d'autre sentiments plus... Je n'ai plus de sentiment pour celle que t'étais. Jeune, jalouse, ambitieuse, peu sure d'elle... J'ai passé mon temps à tirer un trait sur cette fille là. 

C'est officiel je ne comprends plus rien.

- Putain mais celle que t'es devenu. Impossible de pas la calculer. Quand tu éclates de rire je suis jaloux du type qui te fait rire, quand tu pleures, j'ai envie de fracasse celui qui te fait pleurer. Putain Léa, tu peux te barrer à l'autre bout du monde, me laisser comme un connard et je peux vivre comme ça, j'ai appris à vivre sous anesthésie. Mais y'a que quand t'es là que j'me sens moi même.

Il reprend son souffle et poursuit... sa voix est plus basse, c'est presque un murmure.

- Quand tu m'as dis que tu avais des sentiments pour moi à Nice... Je sais pas si c'est vraiment moi ou le souvenir que tu as de moi... je me suis même mis à détester ce mec du passé. Ce petit con qui croyait que le monde n'attendait que lui...

J'ai l'impression qu'il se parle à lui même et qu'il n'attend pas réellement de réponse de ma part. La preuve bien vite il reprend.

-... J'y ai pensé toute la semaine... Mais franchement, même si tu me dis que c'est celui du passé que tu kiff, je suis prés à tenter le coup. Je ferrais tout ce qu'il faut pour que tu tombe amoureuse de moi aujourd'hui... putain c'est tellement pas mon genre de balancer tout ça comme ça... Tu vois depuis quelques mois on a un projet pour un album... et t'es revenu pile au moment où on a lancé le truc. J'ai écouté le projet hier. Il est loin d'être finit mais on a la ligne directrice et déjà pas mal de son. Tu veux que je te dise? T'es partout. Dans les textes où je rage, ceux où je me questionne, t'es même dans mes déclarations et toi même tu sais que j'en fait pas souvent...

Je crois que si je ne l'interrompt pas il va être capable de parler comme ça toute la nuit. Alors je ne sais pas, pendant qu'il continu de parler à propos des idées qu'il a pour le lancement, je pose mes mains sur chacune de ses joues et je scelle mes lèvres aux siennes.

Franchement on peut dire ce qu'on veut, se sont ses baisers les meilleurs, les plus doux, les plus tendres et en même temps ceux qui me cause le plus d'arythmie. Je le sens sourire, ses mains se poses d'abord sur mes hanches pour me rapprocher de lui puis l'une d'entre elle remonte dans mon dos pour me serrer encore plus fort.

-Est ce que tu veux bien vivre le chaos technique avec moi?

- Idiot, je n'ai jamais cessé de vouloir ça. Même à Londres, même lorsque tout semblait nous éloigner c'était toi que je suivais...

- Est-ce que j'ai le droit de t'emmener chez moi?

- Pfff, c'est gênant si tu poses la question.

Son sourire d'adolescent, mes joues rouges, nos mains entrelacées, nous prenons la direction de son appartement.

Il a raison. Notre passé, le présent, le futur, tout s'embrouille un peu. Il a raison, il a changé mais la où il se trompe c'est sur le regard que j'ai sur lui. C'est sans doute physiquement qu'il a le plus changé, c'est beaucoup plus un homme et je suis légèrement intimidé.Et puis il a toujours ce petit truc qui le rend unique. Son humour, son regard perçant qui décortique le monde qui l'entour. Son impertinence et sa fausse confiance en lui, ce charisme qui fait s'embraser la foule... Il est toujours là.

Bien vite nous nous retrouvons dans sa cage d'escalier, mon dos plaqué au mur, les mains de Ken partout sur mon corps. Nous sommes avides. Pressés de nous retrouver. Cet instant sonne comme une promesse et pourtant rien n'est fait. 

Dérangé par un étranger qui descend les escaliers, nous rions comme des enfants pris en faute. Bien vite Ken me tire par la main et nous montons le derniers étages en courant pour nous retrouver chez lui. 

Nos vêtements volent, nos mains se découvrent, nos bouches se parcours et nos corps ne font qu'un...

Quand le silence revient, quand je peine à me remettre de toutes ces émotions, la peur, sournoise, m'envahit. Je me souviens d'une nuit au Japon... Je me souviens qu'il est partis. Je me demande alors si il est devenu ce genre d'homme prêt à toutes les belles paroles pour assouvir son plaisir... 

En position foetal sans même m'en être rendu compte je sens alors le corps de Ken se coller à mon dos et son bras passe au dessus de moi pour saisir l'une de mes mains.

- Tu penses trop. J'entend d'ici les questions s'entrechoquer dans ta tête.

Sa remarque a le mérite de me faire sourire. L'adolescente que j'étais aurait gardé pour elle toutes ses questions, toutes ses craintes... mais j'ai appris qu'être adulte c'était oser faire face à tout ça.

- J'ai peur... J'ai peur de me réveiller demain et que tu ne sois plus là. J'ai peur de t'ouvrir mon coeur et que tu le brises.

Délicatement je sens ses lèvres se poser sur ma nuque. Il m'enlace encore un peu plus.

- C'est pas toi qui disais que si je te quittais tu partirais avec moi?

Il a raison. Je me souviens lui avoir dit ces mots à l'époque. Finalement c'est moi qui l'ai quitté. 

- Tu sais... si c'est ce que tu veux, aujourd'hui je peux le faire. Je n'ai aucune obligation géographique.

- Chhhht. Je ne te demande aucune promesse pour le futur. Je veux juste profiter de toi, de t'avoir retrouver. On aura bien le temps plus tard pour la réalité non?

La fuite... Combien sommes nous à préférer repousser le moment fatidique d'une confrontation à la réalité? J'ai beau être consciente de ça je n'ai pas la capacité de le contredire. Parce que je suis bien là dans le creux de ses bras.

Pas moi sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant