Partie 33

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Aéroport d'Orly

Point de vue de Léa

Je suis à l'aéroport et j'attend Takumi qui ne devrait plus tarder. Son vol à atterrit il y a déjà 20 minutes mais je me doute bien que le temps de récupérer ses bagages et de passer la douane ça prend du temps.

Pour au moins la 10 ème fois je porte ma main devant ma bouche pour cacher un bâillement signe de ma fatigue. Comme je m'y attendais la soirée d'hier a été de confidence en confidence. J'ai absolument tout raconté à Irène. Nous nous sommes couchés à 6h du matin... sachant que je me suis levée à 9h30 pour être à l'heure... je vous laisse deviner l'état dans lequel je suis.

Lorsque mon bâillement cesse enfin, j'aperçoit la haute silhouette de mon ami. Il est stylé comme toujours. Je remarque que quelques têtes se retournent sur son passage: pour sûre cet homme laisse peu de monde indifférent.

Lorsqu'il m'aperçoit son visage s'illumine et il me fait signe de la main tout en se dirigeant vers moi. 

- Et bah, qu'elle tête. Tu as fais nuit blanche ou quoi?

Il rigole tout en m'ébouriffant les cheveux. Plus friend zone que ça tu meurt, Irène se fait probablement des idées et j'avoue que ça me rassure un peu. Ça m'aurait dérangé que Takumi espère plus que de l'amitié.

- Presque...

Je peste tout en tentant de remettre de l'ordre dans ma coiffure. Je prend la direction des parking lui laissant tout le loisir de se débrouiller avec ses bagages. petite vengeance personnelle.

Lorsque nous arrivons à ma voiture, il siffle d'admiration.

- Hey bah, tu me l'avais caché celle là...

- En même temps j'ai jamais eu l'occasion de t'emmener en voiture. Je vois pas comment j'aurais pu glisser ça dans la conversation.

- Je t'imaginais pas du tout dans le genre mustang.

- Ah bon? Et tu m'imagine plutôt avec quelle genre de voiture?

- Je sais pas. Une petite voiture nerveuse et avec de la classe, genre une mini.

Une Mini? Mais les minis c'est classique. Moi je suis pas du tout une fille classique...

- Comme quoi tu as encore beaucoup de chose à découvrir.

Dis-je tout en rigolant.

- Mais je ne demande que ça ma belle.

Ça remarque m'interpelle. Il doit parler en amitié. Oui très certainement.

- Bon tu veux faire quoi? Manger ou te reposer?

- Si ça t'embête pas je veux bien qu'on rentre chez toi. Je prendrais bien un thé avant d'aller me reposer un peu.

- Pas de soucis...

Le silence s'installe entre nous. Il n'est pas pesant. Takumi regarde par la fenêtre perdu dans ses pensées. Moi j'essais de me concentrer sur la route, je n'ai plus trop l'habitude de conduire, alors dans le trafic parisien n'en parlons pas. Alors que je sors du périphérique et que nous nous rapprochons de l'appartement Takumi reprend la route.

- Comment tu vas toi depuis la dernier fois? Tu as pu oublier le garçon qui t'as brisé le coeur?

- Et bien figure toi que nous essayons de devenir ami... même si j'avoue qu'en ce moment il passe son temps à se moquer de moi je ne désespère pas.

- Tu sais... si il ne se rend pas compte de la chance qu'il a... tu sais d'avoir une seconde chance avec toi... peut être qu'il ne le mérite pas vraiment...

Pourquoi ai-je la désagréable impression que cette remarque n'est pas purement amical? Pour lui répondre je décide de jouer franc jeux.

- Que je le veuille ou non, je suis incapable de faire ma vie sans lui.

Son visage esquisse une légère grimace, mais il se reprend bien vite pour ne rien laisser paraitre. 

- Tu as pourtant réussis ces dernières années...

- Pas vraiment... J'ai passé mon temps a l'espionner sur les réseaux. Je faisais tout pour ne pas le croiser... c'est pas vraiment ce que j'appel avoir tiré un trait sur quelqu'un.

Je le vois froncer les sourcils. Je pense que ma réponse ne lui convient pas. Je comprend alors que mon amitié avec Takumi est fragile. Soit elle survit à la désillusion d'un potentiel rapprochement que le jeune homme a pu conserver, soit elle éclate en mille morceau. Imaginer le perdre me fait un pincement au coeur. Pourtant cette douleur n'est rien comparé à celle que je ressent quand j'imagine devoir faire un trait sur toute relation avec Ken. Même imparfaite. Même amicale. Même à sens unique.

Je me promet de faire attention à ce que je dit et à mon comportement pour éviter de lui donner de faux espoir. Je me promet de lui dire la vérité sur mes sentiments, même si rien ne sert d'être trop dur avec lui, je ne veux pas le blesser. Il va me falloir beaucoup de tact pour ne pas lui faire de mal inutilement.

Je me gare sur l'emplacement qui m'est réservé sur le parking souterrain et gentille l'aide à porter ses bagages en me saisissant de son bagage à main. Il me suis silencieusement et nous empruntons l'ascenseur sans un mot. Je ne sais pas à quoi il pense, je ne suis pas sure d'avoir envie de le savoir.

Lorsque nous arrivons dans l'appartement je le vois détaillé les lieux avec curiosité. L'appartement spacieux et lumineux à quelque ressemblance avec l'appartement que j'occupé à Londres. Pourtant la présence d'Irène se mélange parfaitement à mes affaires et ce mélange le rend beaucoup plus chaleureux je trouve.

- Attend vient, il faut que je te montre quelque chose.

Comme une enfant qui voudrait montrer un endroit magique à un ami je le saisi par la main et le tire derrière moi pour l'emmener dans ma nouvelle pièce atelier. Nous partageons cette même passion. Ce serait dommage que ces quelques jours de cohabitation se passe mal alors que dès qu'il s'agit de mode nous sommes tous les deux sur la même longueur d'onde.

Mon attitude enfantine le fait rire, et le voir rire ne fait qu'augmenter mon amusement.

Est-il possible de créer une réelle amitié, sincère et profonde sur ces bases incertaines? 

Pas moi sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant