Pas moi sans toi

Partie 19

Aéroport Haneda

Point de vue de Léa

Il est tant de reprendre le contrôle de ma vie. Je me rend compte que tout n'est qu'un joyeux bordel.

Il y a un a , j'étais une styliste accomplie à la tête d'une entreprise florissante. J'étais invité à toutes les soirées dans lesquels il y avait toujours un charmant jeune homme pour me draguer ouvertement. Je ne me sentais pas seule. Je me sentais comblé. Qu'est ce qui a changé? Et bien un jour je revenais d'un voyage à New York. Dans l'avion j'étais assise à coté d'une vieille dame qui n'a pas tarder avant d'engager la conversation. Durant les heures de vol c'est avec plaisir que je l'ai écouté parler de sa vie, de son défunt mari... Cette dame à connu la guerre, elle a dû se battre pour vivre librement son amour avec un homme d'un autre milieu social qu'elle. Ils ne faisaient pas partie de la haute société mais il suffisait de l'entendre pour comprendre que sa vie avait été riche et comblée. Son récit à fait échos en moi. J'ai alors pris conscience de l'extrême solitude dans laquelle je m'étais enfermée. J'étais partie de Paris pour sourire après mon rêve et j'en avais oublié mes proches et qui j'étais vraiment... Ce jour là un petite graine était planté, elle n'a cessé de grandir jusqu'à devenir insupportable. Jusqu'à me rendre incapable du moindre dessin.

Passer la nuit avec Ken et devoir affronter son départ le lendemain m'a fait atrocement mal. Mais à vrai dire cette douleur est presque salutaire, voilà des années que je n'avais pas ressentis quelque chose d'aussi fort. J'ai tellement mis de cotés mes sentiments que j'en avais oublié de ressentir tout simplement. Pour la première fois, j'ai abaissé mes barrières et j'ai raconté mon histoire à Takumi. Une petite fille qui a grandit dans le 15ème. Un peu à part, effacée, souvent seule. Une mère célibataire qui travaillée beaucoup à l'hôpital afin de subvenir au besoin de son enfant. Et puis l'arriver d'un couple avec un garçon et une fille de mon âge. Le naturel joyeux d'Irène qui est rapidement devenu mon ami. Mon amour pour le dessin, pour la mode et la couture. Mes premières créations en 3ème... La passion qui grandit. Nos shooting avec Irène. Et puis un jour mon premier baiser avec Ken. Cet amour si grand, si puissant que j'aurais pu abandonner mon rêve pour lui. L'hésitation que j'ai eu à envoyer mon dossier à l'école de Londres et puis cette conversation que j'ai surprise entre Ken et un représentant d'une maison de disque qui souhaitait le signer et le refus de Ken de m'abandonné. Ça a été un électrochoc. J'ai refusais d'être la raison qui l'empêcher de vivre son rêve à lui, alors je me suis accrochée au mieux et j'ai prétexter qu'il n'étais pas plus important que ça. C'était faux, je le voulais heureux tout simplement. Raconter cette histoire a comme détruit le barrage que j'avais mis tant de temps à construit. Je souffrais, je me sentais nue, sans la moindre défense mais pour la première fois depuis longtemps je me sentais vivante. J'avais tout fait pour ne pas penser à ces souffrances passées, je les ai méticuleusement enterré dans un coin de mon esprit. Tout ressortait aujourd'hui et c'est avec 10 ans de retard qu'il fallait que je fasse la paix avec tout ça.

Rester à Tokyo n'aurais servis qu'à retarder encore ce moment où je devrais faire fasse à moi même. Il fallait que je revienne véritablement à Paris. Que je renoue avec mon passé au lieu de le fuir.

Je me suis acheté un carnet décorer et inspirant. J'y ai noté une liste d'objectif. 

- Ramener mes affaires à Paris pour m'y installer définitivement.

- Reprendre le dessin pour mon plaisir personnel.

- Enseigner.

- Me faire des amis (autre qu'Irène).

- Avoir des rencards (des vrais rencards).

Je garde ce carnet dans mon sac afin de pouvoir y noter les pensers et autres inspirations qui me passent par la tête.

L'embarquement de mon vol est annoncé. Il est temps de remplir mon premier objectif: m'installer définitivement à paris. Pour ça, destination Londres afin de faire mes cartons.

Londres - Appartement de Léa

Point de vu de Léa

- Tu es sure de toi? 

- Oui, ma vie est à Paris. D'ailleurs souviens toi, au début on imaginait s'installer là bas.

- Je sais, et puis on a eu un premier contrat ici alors on est resté. Tu sais je ne me vois pas quitter Londres maintenant.

- Et je ne te le demande pas.

- Tu vas drôlement me manquer. Te voir tous les jours.

- Tu sais que c'est pour le mieux. Avoue c'est derniers temps on ne se voyait plus beaucoup et quand on finissait par se croiser on ne parler que de boulot.

- C'est vrai... d'ailleurs ça m'a fait du bien notre discussion de la dernière fois. 

- A moi aussi. Et puis tu sais que mon appart' est toujours disponible pour toi. Je reviendrais souvent pour suivre l'avancé des collections et une fois sortie de l'atelier on ne parlera plus boulot. On ne sera plus associé mais simplement des amis.

- Ah ça me donne une pêche de t'entendre parler comme ça. Ça me donne plein d'idée de développement mais contrôler et responsable. 

L'entendre parler me fais du bien. J'avais peur qu'il m'en veuille de mettre un terme a ses rêves de grandeurs. Mais finalement il semble plutôt bien vivre la nouvelle direction que nous sommes en train de prendre.

- Je compte sur toi pour préparer une présentation pour notre réunion hebdomadaire de Lundi?

- Oui tu as raison, ne commençons pas à mélanger boulot et amitié.

Nous terminons l'après midi en triant mes différentes affaires. Les vêtements à donner, ceux à laisser ici et ceux que j'emmène. Les meubles restent ici. J'embarque les livres, quelques cadres photos et autre souvenir affectifs. Etrangement, ranger mes affaires me donne la vague impression de ranger ma vie. Tout n'entrera pas dans ma voiture, j'étiquette donc soigneusement les différents cartons afin que Josh sache exactement ceux à confier aux déménageurs. Une fois prête je prend deux valises que je souhaite ramener dès aujourd'hui et donc descendons au parking souterrain. Lorsque j'enlève la bâche qui protégeait ma voiture je le vois écarquiller les yeux. 

- C'est quand même un crime de faire dormir cette merveille. Paix à son âme car c'est pas à Paris qu'elle va plus voir la lumière.

- Ne t'inquiète pas je vais en prendre soin. J'ai prévu quelques escapade en bord de mer.

Je déverrouille les mortes de ma mustang rouge, mets les valises dans le coffre et je m'installe au volant. 

Paris nous voilà.