Pas moi sans toi

Partie 38

Gare de Lyon

Point de vue de Léa

Le message de Ken était court, simple et efficace.

"Paris gare de Lyon - Nice, demain 6h12."

J'ai passé une partie de la nuit à cogité. Et puis vers 4h, je me suis levée d'un coup de mon lit, j'ai saisi un sac de voyage et j'ai commencé à empiler quelques affaires. Avant de partir j'ai pris soin de laisser un mot d'excuse à Takumi. Irène n'est pas là, après mon retour fracassant d'hier, elle et Takumi sont allé chez le jeune homme. 

Je n'ai pas pris le risque d'attendre l'ouverture du métro, j'ai pris un uber pour me rendre directement à la gare le coeur battant à toute vitesse. Dans le véhicule j'en profite pour envoyer un message à ma meilleure amie. Au plus nous nous approchons de la gare au plus le doute s'empare de moi. Et si il s'agissait d'un test comme la dernière fois? Alors le doute laisse place à la peur et à présent j'appréhende...Lorsque j'entre dans la gare je prend conscience que ce plan est foireux.

Comment le retrouver sans savoir quand il arrive ni où il est, et sans prendre le risque de l'appeler pour ne pas être ridicule si ce n'était qu'un test, ou un blague?

Je m'approche du panneau d'affichage pour vérifier qu'il y a bien un train direction nice à l'heure indiqué et je déchante rapidement quand je constate qu'il n'y en a pas. Désabusé je m'empare de ma valise et m'apprête à faire demi tour quand une voix derrière moi m'annonce

- Il n'y a pas de trains direct pour Nice, il y a une correspondance à Marseille.

Tétanisée je n'ose pas me retourner, je n'ose pas lui faire face. Toujours dos à lui je sens sa main dégager mes cheveux pour découvrir mon coté gauche. Son souffle prés de mon oreille me fait frissonner.

- On devrait y aller sinon on va louper le train.

Pendant qu'il parlait sa main droite s'est posée sur mon épaules. Ce seul contact m'électrise. Son parfum m'enveloppe. 

Alors que la voix enregistrée de la SNCF retentit dans les hauts parleurs je prend conscience d'une chose.

- Je n'ai pas de billet.

Son souffle m'indique qu'il se moque de moi.

- Je t'en ai pris un.

Et le sourire qu'il me lance finit de me convaincre. Peut être qu'il se moque de moi, peut être qu'il va lâchement m'abandonner dans le train (parce qu'il m'a pris un billet mais il n'a pas parlé du sien), peut être qu'il va me laisser toute seule à Marseille, ou à Nice, bref... peut être que s'est intentions ne sont pas celle que j'espère.... Mais j'espère et ça fait toute la différence.

J'espère qu'il m'offre l'opportunité de passer du temps avec moi, j'espère qu'il souhaite passer du temps avec moi autant que moi j'ai envie de passer du temps avec lui, j'espère qu'il souhaite oublier nos différents du passer...

Et je suis folle d'espérer... d'espérer que son coeur s'affole autant que le mien quand nous sommes proche l'un de l'autre, d'espérer que ma voix continue de lui faire le même effet qu'avant, que mon toucher fait naître chez lui un milliard de frisson... J'espère que la nuit que nous avons passer ensemble au Japon était bien plus qu'une nuit, qu'au delà de ce qu'il ma monter, que cette nuit l'a marqué au fer rouge autant que moi...

C'est alors que la main de Ken passe délicatement dans la mienne. Douce et froide je voudrais ne jamais la lâcher. D'une légère pression il me demande silencieusement de me mettre en mouvement pour nous diriger vers la voie de notre train... est-ce un rêve?

Le train semble être déjà en gare et alors que Ken vérifie sur les billet le numéro de notre voiture moi je n'en reviens toujours pas. Est-ce un rêve?

Il s'engage dans un wagon, moi toujours silencieusement à sa suite. Il s'arrête devant un carré de siège et lorsqu'il remarque que je suis ailleurs il se saisi de mon sac de voyage pour le mettre au dessus de nos têtes et il s'assoit coté fenêtre. Est-ce un rêve.

Il rigole franchement de ma réaction et doucement il tire sur ma main qu'il avait laisser vide pour m'inciter à m'asseoir à ses cotés. Est-ce un rêve.

- Rah petite tête, ça va aller.

Dit-il tout en m'attirant contre lui pour une étreinte "amical"

Il a changer de parfum et pourtant c'est toujours son odeur que je retrouve. Est-ce possible? Est-ce un rêve?

J'ose à peine glisser mes bras autour de sa taille. Si c'est un rêve autant profiter, je ne veux pas me réveiller, je veux profiter de ces instants volés.

Un baiser dans mes cheveux, il ébouriffe rapidement ma tignasse ce qui me fait râler. Et alors que je remet un peu d'ordre dans tout ça il ajoute.

- Ah bah enfin, j'ai cru qu'on t'avait perdu.

Lui semble très amusé par la situation... et il faut avouer que sa bonne humeur et contagieuse. On aura le temps pour les regrets, les remords. J'aurais bien le temps de soigner mes peines et mes désillusions. Puisqu'il m'offre maintenant alors je veux vivre au présent. Alors j'oublie. J'oublie ce que nous étions, j'oublie ce que nous pourrions être et je me concentre sur ce que nous sommes: un homme, une femme heureux d'être ensemble. Nous sommes des voleurs de temps, des fugueurs de l'espace.

Alors je le frappe d'un coup léger dans l'épaule et me réinstalle. Bougonne pour la forme je sors mes écouteurs de mon sac et m'installe confortablement (comprendre contre lui) pour lancer ma musique. D'une main il se saisi d'un écouteur pour qu'on puisse partager ensemble ce moment.

- Fait voir un peu ce qu'il se passe dans le rap game londonien... 

Mais il risque d'être déçus. Si Londres m'a inspirer beaucoup sur la liberté vestimentaire musicalement parlant il n'y a que lui et son entourage. C'est simple, ma bibliothèque musicale est une véritable déclaration d'amour et en 6h de trajet il aura tout le loisir de s'en rendre compte.