Chapitre 10

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— Wow... Cette pièce est immense !

Mon exclamation hallucinée résonne contre les parois de la salle d'entraînement, dans laquelle Gillian et Sander m'ont entraîné à la fin de notre petit-déjeuner. Ils ont insisté pour me mener dans cette partie du domaine, et jusqu'ici je ne regrette pas leur initiative. Nez levé, j'admire tantôt la hauteur sous plafond, tantôt l'armada d'équipements de guerre en tout genre, allant, par exemple, des poignards aiguisés aux gros calibres massifs. Plusieurs cibles sont disposées dans un encastrement, rangées selon leurs fonctions (tir à l'arc ou tir standard), leurs tailles, leurs formats, etc.

Un vaste espace est dédié à l'entraînement physique et musculaire, muni entre autres d'un cheval d'arçon, de barres d'élévation et de gainage, de poutres, de tremplins, et d'appareils à charges. Tout a été pensé pour développer la force et la puissance physiques des habitants de ce domaine.

Et au milieu de cet ensemble hétéroclite, un vrai ring de boxe, à la gauche duquel se trouve une myriade de mannequins de combat à taille humaine.

— Le parcours du combattant se trouve dans une autre salle d'entraînement, m'informe Gillian, installée sur un banc en bois. Il a été conçu par nos soins afin de nous endurcir au mieux et de développer nos réflexes.

— On ira y faire un tour un de ces quatre, m'assure à son tour Sander alors qu'il monte sur le ring.

— C'est impressionnant !

Contemplatif, je m'arrête devant une gigantesque armoire aux finitions travaillées, et me permets de l'ouvrir afin d'apprécier son contenu. Accrochés à des pointes ou suspendus à des crochets, se trouvent un bon nombre d'arbalètes, d'arcs et de flèches redoutables, ainsi qu'un nécessaire de cordes robustes pour remplacer celles qui seraient usées sur les armes.

— Tout le monde ici s'entraîne donc au combat ? demandé-je en effleurant du bout des doigts la branche supérieure ouvragée d'un des arcs.

— Tout le monde, sans exception. Nous n'avons pas tous les mêmes facultés innées dans le maniement des armes ou pour le corps-à-corps, m'explique posément la sorcière. Après tout, nous ne sommes pas tous berserkers ou vampires dont la force physique est naturellement supérieure aux autres espèces.

— Tout le monde ne peut pas naître incroyablement doué et fantastique, glisse Sander avec malice.

Je me retourne à temps vers eux pour voir Gillian le foudroyer sur place – pour la centième fois peut-être depuis que je les connais. Je ravale in extremis mon sourire d'amusement lorsque la jeune femme pivote ses prunelles vertes vers moi.

— Les sorciers sont ceux ayant le plus de lacunes et de difficultés pour combattre. C'est ce qui nous a poussés à nous rechercher des combattants plus expérimentés lors de nos anciennes guerres, comme je te l'ai appris tout à l'heure. C'est ce qui a failli nous coûter la vie plus d'une fois...

Elle pousse un soupir et pince un peu les lèvres, affectée par cette « fragilité » inhérente à sa condition.

— Nous avons appris de nos faiblesses et apprenons chaque jour à nous améliorer avec le concours de nos « professeurs », aussi imbus soient-ils de leur personne.

Gillian coule un regard entendu vers le guerrier bien ancré sur ses pieds, ce qui lui vaut un sourire tordu et un clin d'œil espiègle en échange.

— Il faut dire aussi que depuis qu'une accalmie s'est instaurée avec vos anciens ennemis vous avez moyen de vous entraîner bien tranquillement sans être déconcentrés par un nouveau conflit, se moque le brun en croisant le regard de son amie. Tiens, en parlant d'accalmie ! Ça me fait penser que nous n'avons pas terminé de raconter l'histoire des vampires et sorciers.

Anien Don I - Entre Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant