Au début, ce n'est qu'effleurement et légèreté. Nos lèvres coulent les unes sur les autres, se testent, se découvrent avec lenteur, mais abandon. Nos bouches se meuvent avec délice, elles sont brûlantes d'envie et de douceur mêlées. Les mains d'Eleuia serrent plus fermement les miennes dans leur étau, toujours ramenées sur sa poitrine vibrante. Je réponds à cette étreinte simple, transporté par le crépitement ténu de mon corps.
La lave qu'est devenu mon sang dans mes veines coule avec langueur, se combine au bien-être incommensurable qui se diffuse dans tout mon être. C'est vraiment en train de se produire. Je sais que c'est vrai, parce que je ne suis jamais parvenu à rêver des sensations aussi merveilleuses toutes les fois où nous nous retrouvions ainsi enlacés, Eleuia et moi.
Nos lèvres se séparent une première fois, nous permettant de nous replonger dans le regard de l'autre. Un éclat troublant habite le sien, un de ceux qui me remue aussi efficacement que le baiser que nous venons d'échanger. Un même frémissement nous saisit à cet instant précis, indescriptible tant il véhicule de nouvelles sensations chaleureuses et explosives dans nos deux êtres. Son effet est grisant, il éveille en une déflagration la puissance de notre lien qui était presque resté en sourdine jusque-là.
Ancré à ses iris couleur nuit, je libère mes mains des siennes, porte la droite sur sa joue chaude et laisse mon pouce dévier vers sa lèvre inférieure. La foudre aux reflets bleuâtres éclaire la partie de la pièce où nous nous trouvons, et expose le désir incandescent qui se consume en Eleuia. Je réfrène un gémissement et pose mon autre main sur le mur près de sa tête, mes doigts agrippés à la pierre.
Je meurs d'envie de recommencer, je meurs d'envie aussi de la serrer dans mes bras pour ne plus jamais la lâcher, mais je ne sais pas comment me comporter à présent. Malgré ce qu'elle a dit, elle pourrait encore me rejeter et se détourner de ce que l'on partage... Depuis notre rencontre, elle a été seule à mener cette danse chaotique et imprévisible. Alors au lieu de prendre des initiatives, de peur de les constater infructueuses, j'alterne entre ses prunelles tentatrices et ses lippes plus tentantes encore, et j'attends. Au bord du précipice.
Eleuia semble remarquer mon trouble et mon hésitation. Un petit sourire incongru étire sa bouche tandis qu'une lueur plus douce attendrit son regard sur moi. Elle se hisse sur la pointe des pieds, avance son visage à quelques centimètres du mien, puis tourne la tête afin de rencontrer mon oreille.
— Je te promets que je ne partirai pas, susurre-t-elle, son souffle chaud me faisant frémir. Alors n'hésite plus...
Un nouvel éclair zèbre le ciel, son halo éblouissant passe la barrière de mes paupières closes. J'absorbe les mots séducteurs de la belle brune en cherchant mon air. Sa bouche frôle mon lobe, descend ensuite sur le contour de ma joue, de ma mâchoire, et s'arrête à la commissure de mes lèvres. Je bande tous les muscles de mon corps et contracte ce satané poing resté sur le mur, alors que le bout de sa langue effleure ma peau chauffée à blanc.
— Moi, je n'hésiterai plus désormais, assure sa voix basse.
Le tonnerre gronde, prêt à faire trembler la terre, et la bouche impatiente d'Eleuia s'écrase sur la mienne, prête à me faire perdre la raison.
Son baiser est précipité, heurté, rempli d'une passion dévorante qui me rend fébrile. La légèreté et la douceur n'ont plus lieu d'être ; la jeune femme perd toute mesure, toute retenue pour mon plus grand plaisir.
Automatiquement, mes mains viennent enserrer sa taille et cambrer son dos sur la paroi afin de souder davantage nos lèvres fiévreuses. Les doigts d'Eleuia palpent de manière incontrôlable le roulement des muscles tantôt de mon dos, tantôt de mon torse, égarée dans son désir grandissant. Et je suis aussi perdu qu'elle. Aussi délicieusement perdu dans la tourmente...
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Anien Don I - Entre Deux Mondes
ParanormalSocrate nous disait qu'il ne savait qu'une chose, c'était qu'il ne savait rien. Il admettait l'ignorance et les limites de son être. Mais le jeune Allan Ford, plongé dans le désarroi, ne trouve rien de plus angoissant que de ne pas savoir de quoi il...