Chapitre 12

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— C'est trop lent, Allan ! Et sers-toi plus de tes hanches pour pivoter !

Je souffle bruyamment, à genoux sur le ring d'entraînement, et essuie la sueur qui coule sur mon front. Je jette un regard noir à mon coach personnel juché sur un poteau à deux mètres de là, puis me relève de moi-même avant que Sander décide de le faire à sa manière.

— Et s'il te plaît, n'oublie pas de remonter un peu plus haut ta garde, ajoute encore sa voix basse, alors qu'il analyse ma posture défensive.

Ma troisième semaine au sein de la maison de Necahual débute sur les chapeaux de roue, comme les précédentes. Sander a décidé de laisser tomber, je cite, « les exercices dignes d'un échauffement superficiel et primaire », pour passer au niveau supérieur. Et ce programme débute par de véritables combats au corps-à-corps, suivis par ceux avec des armes. Selon lui, maintenant que j'ai acquis plus de muscles et de force, je devrais pouvoir m'en sortir « honorablement » lors d'un duel singulier. On ne peut pas dire que ses conclusions soient tout à fait justes, pour l'heure.

L'adversaire que j'ai en face de moi, Onyr, un berserker tout aussi impressionnant que mon compagnon, vient juste de m'envoyer un beau direct dans le foie. Il enchaîne avec un crochet du bras qui finit sa course sur ma pommette. Je me retiens de vomir – pour la troisième fois depuis le début de ce combat – et ravale la bile acide qui remonte dans ma gorge.

— Tu as baissé ta garde, soupire mon guide plus loin. Encore une fois.

— Un peu d'encouragement ne serait pas de refus, tu sais. Avant de finir massacré, je préférerais entendre des choses plus sympathiques, l'interpellé-je, dents serrées, tout en replaçant mes jambes sur le tapis.

— Si tu évites de te faire massacrer, je pourrais peut-être te faire quelques éloges par la suite.

— Je suppose que je n'obtiendrai pas mieux de ta part...

De nouveaux coups sont échangés, noyés par nos râles et grognements d'effort. Je parviens à déséquilibrer par deux fois l'armoire à glace qui me fait face, me permettant ainsi de l'atteindre au thorax et à l'épaule. Toutefois, Onyr revient à la charge, à peine l'air plus énervé qu'avant. La puissance de frappe qu'il possède m'aurait enterré vivant depuis très longtemps si je n'avais pas été aussi solide. Toutes ces heures passées sous des machines de torture et les directives intensives de Sander auront au moins servi à ne pas me tuer trop vite...

Si tu me laissais intervenir, peut-être que l'enjeu serait différent.

Je grogne de douleur face aux attaques combinées d'Onyr et de ma voix interne, et choisis de faire la sourde oreille pour la seconde tandis que j'arme à nouveau mes poings pour répondre à la première. Hélas, le back-fist que je tente, un coup de poing de revers, n'atteint pas sa cible. Celle-ci pivote à la dernière seconde sur son talon gauche et réajuste l'angle de son bras droit pour l'enfoncer dans mes omoplates à découvert.

— Attaque le moins frontalement possible pour le moment, jeune hybride, m'avertit le berserker en respirant fort. Contente-toi de trouver une faille dans mes attaques et de t'en prendre à mes flancs.

— Non ! Il doit apprendre ce qu'est un vrai combat, Onyr. Il est prêt pour ça.

Harassé, je me plie en deux une seconde puis me redresse et bombe un peu le torse, les poumons remplis d'air. De nouvelles perles de sueur dégoulinent sur ma peau, nue dans l'ensemble, et font briller par endroits les bleus et coupures qui me recouvrent.

— Baisse tes épaules, elles sont trop proches de tes oreilles. Ne contracte pas trop la mâchoire, tu risques de la briser au moindre mauvais coup. Maintenant, vas-y !

Anien Don I - Entre Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant