Chapitre 22

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Dans un pur réflexe, je me baisse et porte mes bras au-dessus de ma tête pour me protéger.

Ce ne sont pas quelques éclats de verre qui vont te faire du mal, Allan. Tu n'es plus un simple humain, maintenant. Et puis, l'attaque n'a pas été lancée ici. Pas encore...

Je me redresse immédiatement et suis les regards préoccupés de mes compagnons au moment où une alarme retentit dans tout le bâtiment.

— On dirait que les sbires de Jarlath sont là, déclare Sander d'une voix épineuse par-dessus le son strident.

— On doit partir et vite, ajoute Gillian en se déportant vers notre hôte. Y a-t-il une autre issue que l'entrée principale ?

— Quelle question ! répond la PDG avec ironie. Bien sûr qu'il y en a une, je ne suis pas née de la dernière pluie... Suivez-moi.

Nous nous calons tous sur son pas énergique qui nous mène jusqu'au fond de son bureau, à gauche de la baie vitrée. La sirène rejette ses cheveux en arrière et lisse ses vêtements d'un geste désinvolte – ce qui lui attire des grognements unanimes d'agacement dans son dos – et esquisse enfin un geste vers le pan de mur qui lui fait face. Intrigué, je m'approche d'elle et observe avec étonnement le mur bouger. Il se déporte sur le côté et laisse la place à une porte métallique entourée de boutons lumineux. Un ascenseur.

— Je l'ai fait installer à mon arrivée, il y a des années de cela, explique Amada en appelant l'engin. Peu de gens connaissent son existence, vous serez donc tranquilles. En théorie.

— En théorie ? rebondit Gillian, les dents serrées.

— Je sais lire dans les pensées, pas prédire l'avenir, ma chère. Si quelqu'un de l'extérieur connaît cette installation – ce dont je doute fort toutefois – je n'y peux rien.

— Super... Nous voilà rassurés...

— Vous préférez peut-être rester ici ?

La réplique acerbe de la sirène est accompagnée d'un bruit sourd ; une nouvelle explosion de verre à l'étage d'en-dessous cette fois.

Dépêchez-vous !

La porte s'ouvre dans un chuintement discret devant nous. Sans attendre, nous nous engouffrons à l'intérieur, et je lâche un bref soupir de soulagement. On va pouvoir se sortir de là...

— Amada ? interpelle soudain Eleuia dans mon dos. Qu'est-ce que vous faites ?

Je fais volte-face et découvre avec incrédulité la femme d'affaires devant la cage d'ascenseur.

— Pourquoi vous n'entrez pas ? demandé-je à mon tour en la regardant reculer encore.

— J'ai autre chose à faire, très cher Allan, me répond-elle avec calme et un léger sourire aux lèvres. Je ne vous accompagne pas.

— Quoi ? Mais enfin c'est ridicule ! Ils vont vous tuer !

— J'ai plus d'un tour dans mon sac, voyons. Je ne vais pas me laisser faire docilement...

— Descendez avec nous au lieu de dire des conneries pareilles ! rugit Sander, aussi pantois que moi dans le fond.

— Je ne peux pas. Partez maintenant, dit-elle sur un ton sans appel.

— Amada, la presse encore la guerrière brune, une main en travers de la porte. Venez !

— Je pourrais presque croire que vous vous préoccupez de moi, rit la susnommée, la tête rejetée en arrière. Pourtant je suis persuadée que je ne vous manquerai pas.

Anien Don I - Entre Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant