Chapitre 27

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Calme et mesuré, j'observe avec une grande attention la scène macabre qui se déroule sous mes yeux. Cette nuit, l'Apocalypse a élu domicile à L'Emprise et nulle part ailleurs. Sa violence et sa puissance irradient de chaque être qui la sert. Sa couleur vermeille jonche le sol, orne les murs, habille les visages et corps qui se meuvent pour elle. Ceux qui ont péri sont couchés par terre, leurs bras étendus devant eux pour vénérer même par-delà la mort cette nouvelle divinité. Sa colère gronde dans les gorges, sa force se propulse dans les membres toujours vivants, sa détermination se répand dans chaque coup porté, et son chaos vibre dans les cœurs rongés.

Son chant funèbre s'exprime dans chaque cri poussé aux portes de l'agonie. Son rictus de haine est esquissé sur chaque bouche avant qu'elles ne mordent ou n'insultent l'opposant. Sa jouissance explose dans l'éclat de leurs yeux dès que leurs armes ou leurs griffes atteignent leur cible.

Le bruit est assourdissant, les odeurs écœurantes de mort et de sang. Tous se battent, esquivent, repartent à l'attaque, s'acharnent sur leurs proies. Une frénésie sans nom s'est emparée d'eux et guide leur mouvement, dont le seul but final est de tuer à la place d'être tué.

Les lames tranchent, les mains étripent, les pieds écrasent, les coups massacrent, les balles déchiquètent... Tout n'est plus que meurtre et déchaînement autour de moi.

Mes yeux balayent tout ce qui est à ma portée et un drôle de frémissement remonte mon échine à chaque nouvelle découverte.

Tu es fait pour ça.

Ma bestialité refait surface et n'attend plus que de pouvoir se jeter dans cet enfer, mais je la retiens encore un peu. Si je me lance sans avoir réfléchi un minimum sur la marche à suivre, je risque fort de m'en prendre aux mauvaises personnes. Je ne dois pas oublier que je suis là pour lutter aux côtés de mes alliés, que je suis un autre soldat et non pas une machine de guerre sans état d'âme.

Je dois éradiquer les ennemis tout en protégeant mes amis... Je dois arriver à combiner les deux sans me laisser dépasser par le premier.

Alors je réfléchis tout en poursuivant mon analyse de la situation. Dans l'ombre des lieux, je canalise ma force, je la fais cheminer dans tout mon être. Mon envie de meurtre grandit en moi, mais elle finit par me servir pour trouver un plan en même temps qu'elle me nourrit. Je cherche activement un équilibre, l'équilibre dans ma nature. Entre mes penchants vampirique, sorcier, incube, sirène et berserker. Je veux réussir à utiliser toutes mes facultés à bon escient dans ce combat.

Être rapide, fort, rusé, habile, patient.

Être déterminé, réfléchi, calculateur, implacable, intouchable.

Être le meilleur...

Et c'est maintenant que je vais m'efforcer de l'être.

La tête tournée sur la gauche, je vois Darcy acculée contre l'une des parois par un berserker. Son bras droit est grièvement blessé, elle tente d'endiguer l'hémorragie tout en dressant sa lame courbe entre elle et son ennemi pour l'empêcher d'approcher. Le guerrier ricane devant cette piètre défense et agrippe d'un coup sec son membre mal en point. Il y enfonce ses doigts et arrache un hurlement de douleur à la vampire. Je marche vers eux, décidé et la tête froide. Mes pieds glissent aisément sur le parquet taché, me permettent de me poster dans le dos de l'ennemi avant qu'il repère ma présence.

Pour ma plus grande fierté, le berserker a à peine le temps de sursauter avant que mes mains se posent sur sa nuque et la brisent d'un geste sec et précis.

Hors d'état de nuire, je le repousse loin de Darcy et resserre mes doigts sur son cou, de plus en plus fort. Puis je tourne violemment sa tête dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle cède dans un nouveau craquement sinistre. Je me débarrasse de cet appendice inutile en le jetant dans mon dos, puis me penche sur la vampire.

Anien Don I - Entre Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant