Chapitre 30

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Souffle court et vision un peu trouble, j'atterris et quitte lentement mon nuage de bonheur. Le cocon de chaleur qui m'étreint depuis plusieurs minutes ne me relâche plus, comme un constant rappel du bien-être et de l'extase que j'ai su atteindre.

Je pousse un profond soupir et me sens flotter encore un peu. Des sensations divines parcourent en ondes fluides mon corps.

C'était... Il n'y a pas de mots justes pour le décrire avec précision. C'était trop bon et trop beau pour se contenter de ces termes. Et je meurs d'envie de recommencer au plus vite. L'endurance surnaturelle est un gros avantage à ma condition habituelle, mais là, elle risque de m'être plus précieuse que jamais.

Mes mains reposent sur le dos d'Eleuia qu'elles caressent puis serrent distraitement lorsque je tente de me surélever un peu. Toutefois, je ne parviens pas à mes fins car la jeune femme reste allongée sur moi, ses jambes fines continuant à enserrer ma taille, et sa tête toujours enfoncée dans mon cou. Ce n'est qu'en reprenant conscience de nos positions et de sa force que je comprends que ma liée s'abreuve encore aux veines de mon cou. Quelques bruits de succion viennent entraver celui permanent de l'orage au dehors, et je sens pour la première fois quelques coulures de sang glisser sur mon omoplate et tacher les draps.

Perdu dans le plaisir fou qu'elle m'a procuré, j'avais oublié qu'Eleuia était toujours accrochée à moi. Je souris à l'entente d'un gémissement de contentement étouffé contre ma gorge, et porte l'une de mes paumes sur l'arrière de sa tête pour lisser ses belles boucles emmêlées.

Étrangement, je ne me sens pas mal ou anémié par cette perte de sang ; ça m'avait déjà frappé tout à l'heure et cette sensation ne s'est pas évaporée. Elle semble même se renforcer. Si j'avais été un simple humain, je serais sans doute déjà tombé dans les pommes. Je n'aurais peut-être même pas survécu... Mais le fait d'être surnaturel, de surcroît un hybride lié à une autre hybride, m'en préserve.

Quelques secondes passent, durant lesquelles je médite sur cette nouvelle information, puis je me décide à ramener Eleuia à la réalité en attirant son attention ailleurs que sur ma carotide. Je m'en veux presque de l'arracher au plaisir intense qu'elle éprouve, mais nous ne pouvons pas rester ainsi indéfiniment.

— Eleuia ?

Elle grogne sur ma peau. Un son bas et sexy qui se répand dans tout mon être, et en particulier jusque dans mon entrejambe qui n'a pas encore quitté son vagin. Je ne me suis pas retiré et les sons qu'elle produit m'en dissuaderaient presque.

Je mords ma lèvre inférieure, puis ouvre le poing dans ses cheveux et reprends mes caresses.

— Eleuia. Il faut que tu arrêtes maintenant.

Sa nuque se tend sous mes doigts, signe qu'elle m'a entendu.

— S'il te plaît, Eleuia. Reviens, lui chuchoté-je près de son oreille.

J'embrasse son lobe pour mieux faire passer ma requête. À contrecœur, ma liée me relâche, rentre ses dents et lèche la plaie et les traînées dégoulinantes. Je la laisse faire en silence et poursuis mes cajoleries sur son corps souple. Le grain satiné de sa peau est envoûtant, tout comme l'odeur florale qui l'enveloppe. Elle est la créature la plus belle et ensorcelante que je connaisse. Et elle est enfin à moi.

Son regard de braise rencontre mes yeux lorsqu'elle redresse la tête. Le bas de son visage est un peu barbouillé de sang, ce dont elle se rend compte en passant sa langue dessus.

— Désolée, murmure-t-elle, en quête de quoi se nettoyer. Les draps doivent être tachés, eux aussi.

— Ce n'est rien.

Anien Don I - Entre Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant