Partie 11

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Océan Atlantique – Eaux internationales.
Au large des côtes marocaines.

Alors que le cargo à la liberté mettait le cap sur Casablanca, Nairobi et moi quittions ma cabine-bureau, après avoir parlé de nos vies pendant près de deux heures. Nous avions principalement échangé sur notre expérience de la maternité, et la difficulté de gérer notre rôle de mère et de criminelle, deux casquettes difficilement compatibles.

J'avoue qu'il était agréable de discuter avec Nairobi. Le temps que nous avions passé ensemble m'avait révélé qu'elle était une femme combattante, très énergique et dynamique. Et au vu du langage fleuri qu'elle employait en évoquant mon cher époux. J'en avais très vite conclu que ces deux-là avaient dû être fréquemment en désaccord durant le braquage. Ce qui étrangement ne m'étonna guère, car à eux deux, ils étaient l'air et le feu.

En pénétrant dans la grande cabine des Fonollosa, je découvrais un spectacle des plus attendrissants. Sur le sol, près du bureau, entouré d'un amas de crayons de couleurs et d'autocollants multicolores, ma petite colombe allongée sur le ventre s'appliquait à sa façon, à remplir l'un de ses nombreux cahiers de coloriage.

Tandis qu'assis sur le lit, les bras croisés, Andrés semblait trouver le temps terriblement long. Il devait probablement me maudit mentalement de l'avoir salement abandonné, l'obligeant à s'occuper de sa fille plus longuement que prévu. Alors pour me faire pardonner, c'est en arborant mon plus beau sourire et en roulant des hanches, que je m'approchais de lui, tout en essayant de faire abstraction des éclairs que me lançait son ténébreux regard.

Si Monsieur Berlin était un maître dans l'art de la manipulation, nos presque 4 ans de vie commune m'avaient appris quelques petites choses, pour retourner la situation en ma faveur. Alors sans un mot, je me hissais sur le lit pour venir m'asseoir sur ses genoux et fourrer mon nez dans son cou, pour respirer à pleins poumons son essence. Un délicieux mélange de savon et de parfum musqué. Un pur bonheur pour mes narines. Et alors que mes lèvres couvraient sa peau de tendre baiser, je le sentis se détendre en enroulant ses bras autour de moi.

-  Tu as de la chance, après 5 jours à vivre comme un pouilleux, je sens enfin le propre, sourit-il amusé comme s'il avait lu dans mes pensées.

-  Même si tu aurais eu une odeur de fauve, ça m'aurait été égale, riais-je en passant mes doigts dans ses cheveux. Ça aurait senti l'homme viril qui a durement travaillé. Et j'aurais trouvé ça tout aussi sexy, expliquais-je en caressant ensuite d'une main son doux visage fraîchement rasé.

Il émit alors ce petit rire diaboliquement sexy, avant de m'embrasser tendrement. Andrés se mit ensuite à étudier mes traits, comme si s'était la première fois qu'il me voyait. Et cherchait à les graver dans sa mémoire en les retraçant avec le bout de son doigt. À chacun de ses gestes délicats, il me donnait l'impression d'être unique aux yeux du monde. Mio dio, que cet homme m'avait manqué. Ces 5 mois loin de lui m'avaient semblé durer une éternité, et c'était réciproque.

-  Tu as mangé quelques choses ? S'inquiète-t-il en replaçant une mèche de cheveux brune dernière mon oreille.

-  Non, je n'ai pas très faim, répondis-je en me blottissant contre son torse.

-  Tu devrais quand même avaler quelque chose. Il y a une petite demoiselle qui demande deux parents en état de fonctionnement.

Simultanément, nous tournâmes notre attention en direction de Paloma, toujours très occupée et concentrée à colorier les pages de son cahier. Je mis alors à repenser à la discussion que nous avions évoqués Nairobi et moi, au sujet de la place de nos progénitures dans notre vision très particulière du monde. Un monde où les rôles des vilains et des gentils étaient bien différents de ce que l'on enseignait habituellement aux autres enfants.

Andrés & Fiorella de Fonollosa [EN PAUSE] | La Casa de PapelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant