Partie 17

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Casablanca - Maroc
35h après avoir quitté l'Espagne.

Une heure. Voilà le laps de temps qui nous séparait, ma famille et moi, de notre nouvelle vie. 60 minutes de route entre le port et l'aéroport, avec le coffre rempli de sacs débordant d'argent.

Les deux nottambuli [oiseaux de nuit] installés à l'avant du véhicule, nous conduisait vers notre dernière étape avant la liberté et le début de la fête. Encore 3600 seconds à retenir mon souffle, avant d'être certaine d'être en sécurité. Bien que d'une certaine façon, nous l'étions déjà.

Car à la minute où nous avions mis les pieds sur le hors-bord ; nos vies avaient été mises entre les mains de Cosa Nostra. Et s'il y avait bien une chose que j'avais apprise en ayant grandie auprès d'eux : c'est que lorsque tu demandes la protection de la famiglia [la famille], le ciel pourrait bien s'effondrer que tu ne t'en rendrais même pas compte. Car pour défendre les siens Cosa Nostra est prête à autant de folie que nécessaire.

J'aurais tant aimé que Sergio profite lui aussi de cet avantage. Seulement, pour certaines choses, le Professeur préférait faire preuve de plus de discrétion et de simplicité, là où la mafia préférait faire dans le clinquant et le "m'as-tu vu ?". Parce que pour eux, plus c'était gros mieux ça passait. Et Andrés, qui avait la folie des grandeurs, adorait ça. Être marié à la fille d'un parrain sicilien lui apportait un certain statut, qui le faisait se sentir plus important encore qu'à l'accoutumé.

 Être marié à la fille d'un parrain sicilien lui apportait un certain statut, qui le faisait se sentir plus important encore qu'à l'accoutumé

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La préparation de cette évasion finale m'avait pris des mois, voir des années pour certains détails. Mais ce n'est pas le facteur temps qui avait été le plus difficile à gérer, ni même le facteur argent, mais bien l'humain. Convaincre un inconnu de se ranger à votre cause est facile quand l'argent n'est pas un problème. Une petite enveloppe bien fournie, un peu d'intimidation et le tour est joué. L'argent a cet avantage, il permet d'acheter presque tout ce que l'on veut avec. Même si cependant, cela ne garantira pas pour autant la fiabilité de la personne. À contrario, l'argent devient totalement inutile lorsqu'il s'agit de convaincre quelqu'un de votre entourage, de participer à la fuite la plus extraordinaire que le monde est connu. Et demander l'aide de Cosa Nostra s'était révèle être une tâche bien plus ardue que ce à quoi je m'étais attendue.

Tout d'abord, parce que j'avais épousé un non-sicilien, et bien qu'Andrés partage nos valeurs, pour les plus puritains de la famiglia [la famille] j'étais devenue une pécheresse. Et encore, s'il n'y avait eu que ça ! Avec deux ou trois « Je vous salue Marie » et un peu de temps, ils auraient fini par accepter notre union.

L'autre raison de mes difficultés était que par amour, j'avais fait le choix de ne plus faire partie de la mafia. Un privilège, pourrait-on dire, uniquement réservé aux femmes. Je gardais le respect qui m'était dû, de par le sang, mais je n'avais désormais plus aucun droit, bien que les femmes n'en aient pas énormément dans cette société patriarcale. Par chance, j'avais tout de même réussi à garder quelques contacts, avec des personnes de confiance, sur lesquels j'étais certaine de pouvoir compter en cas de besoin.

Andrés & Fiorella de Fonollosa [EN PAUSE] | La Casa de PapelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant