Océan Atlantique – Eaux marocaines – Au large de Casablanca.
34h après avoir quitté l'Espagne.Minuit s'affichait à ma montre. Au large, les lumières vives des côtes marocaines commençaient à percer la nuit noire, nous indiquant que dans moins de trois heures, l'aube d'une nouvelle vie nous attendait. Le signal également qu'il était temps pour nous de quitter le cargo. Sur le pont, tout le monde s'agitait, Denver et Stockholm guettait la ligne d'horizon, à la recherche d'un élément étrange pouvant venir perturber la phase finale d'un plan mûrement élaboré, tandis que les autres s'occupaient de l'argent.
Dans notre cabine, les choses s'accéléraient aussi. Pendant que j'aidais Paloma à moitié endormit à s'habiller ; Andrés, lui, rassemblait nos affaires pour boucler nos valises. Voilà près d'une semaine que Paloma et moi avions quitté la Sicile, et tout autant de temps que le rythme de vie de notre petite colombe était totalement chaotique. Pourtant, pas une seule fois, je ne l'avais entendu pleurnicher ou faire un caprice, pas même après l'avoir réveillé au milieu de la nuit, l'obligeant à quitter les draps chaud.
C'est comme si elle avait compris que ce n'était ni le lieu, ni le moment de vouloir se rebeller. Car bien qu'elle soit en grande majorité du temps une enfant douce, gentille et obéissante, il lui arrivait tout de même, de temps en temps, de vouloir nous tester. Elle nous avait en effet prouvés, à multiples reprises, qu'elle était dotée d'un caractère aussi borné que celui de son père. Cette docilité dont elle faisait preuve ces derniers jours, elle l'avait peut-être acquis génétiquement. Après tout, elle était le fruit de deux familles de criminels : des voleurs professionnels et des mafieux. Un profil génétique certainement très intéressant pour qui s'en intéresserait.
Quand Paloma fut enfin prête et la cabine nettoyée de toute trace de notre passage, nous nous dirigeâmes d'un pas déterminé vers le pont. Là-bas, nous retrouvâmes le reste de la troupe toujours en train de s'activer à préparer notre départ imminent. Mais tout à coup, Denver des jumelles en main, observa au loin quelque chose d'étrange.
- Hé ! Il y a un bateau qui arrive droit dans notre direction, s'écria-t-il au groupe qui stoppa intensément leur activée. On est dans la merde putain ! Jura l'homme pris soudainement de panique, en imaginant déjà le pire.
Denver n'était pas le seul à s'imaginer le plus sombre scénario possible. Ils étaient tous figés à l'idée que tout s'arrête maintenant, alors que nous étions si près du but. Heureusement pour eux, Monsieur Berlin, le regard sombre et perçant, doté d'un sang-froid redoutable, réactiva d'instinct son statut de leader du braquage, pour reprendre les choses en main, et rejoignit Denver à grand pas. Une fois à son niveau, il lui arracha d'autorité les jumelles des mains pour constater la situation par lui-même. Non pas par manque de confiance envers les dires de son camarade, mais pour s'assurer d'un détail, dont seul lui, le Professeur et moi étions au courant. Lorsqu'il apparut à travers les jumelles le signal qu'il voulait voir, il annonça à tout le monde avec désinvolture.
- Fausse alerte ! Que tout le monde se détende, il est avec nous, s'écria Berlin.
- Comment ça, il est avec nous ? S'interrogea Rio perdu. Ça veux dire quoi Professeur ? Demanda-t-il à son voisin.
- Putain, mais c'est quoi ce bordel ? S'indigna Denver dans l'incompréhension la plus total.
- Calme toi Denver, et reprend ton poste, ordonna Berlin en lui rendant ses longues vues. Tant qu'à toi gamin, soit mignon et laisse gérer les grandes personnes, dit-il à Rio avec dédain, comme s'il recadrait un petit garçon.
- Continue à ranger les billets dans les caisses Rio, l'encouragea le Professeur avec bien plus de douceur, comme pour arrondir les angles.
Tokyo, furax, que Berlin s'adresse ainsi à son précieux petit Rio, fut à deux doigts de s'emporter une nouvelle fois contre le commandant en chef. Mais Nairobi la retenue par le bras, lui faisant comprendre d'un regard que c'était inutile d'entrer en guerre, et surtout pas le moment de vouloir encore titiller le patriarcat de Berlin, au risque de se voir passer par-dessus bord. Affront qu'elle avait déjà suffisamment expérimenté durant le braquage. Puis, Nairobi l'incita à suivre la suggestion que le Professeur avait dictée à son amoureux, à savoir, continuer la tâche qu'elle effectuait.
VOUS LISEZ
Andrés & Fiorella de Fonollosa [EN PAUSE] | La Casa de Papel
FanfictionQue se serait-il passé si Berlin s'était échappé de la fabrique de la monnaie et du timbre, avec le reste de la bande ? Imaginons qu'il ait une famille qui l'attende à la sortie ? Son épouse n°6 par exemple. Et si cette femme était non seulement une...