30 - Brouillard et souffrance - 12 octobre 2010

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MAJ : 01/01/2020

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Media : Woad to ruin - King Arthur - Hans Zimmer

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Olivia gémit sourdement en tentant de sortir du sommeil comateux duquel elle avait tant de mal à émerger depuis si longtemps. Des bruits inhabituels secouaient la bâtisse et elle essaya de bouger. Les douleurs dans son ventre et son bas-ventre se réveillèrent avec ses premiers mouvements et elle ne put s'empêcher de verser quelques larmes en gémissant un peu plus fort.
Elle ne savait plus si on était le matin ou le soir, ni depuis combien de temps son calvaire durait. Les brumes des drogues qu'on lui injectait à intervalles réguliers semblaient s'estomper, réveillant sa souffrance et le désespoir qui la gagnait de plus en plus souvent. Son corps ne lui obéissait plus, sa mémoire était floue et les souvenirs de ces derniers jours étaient morcelés.

Sa seule certitude était qu'elle n'était pas seule dans cet enfer. Il y avait d'autres filles, plein d'autre filles qui partageaient son sort. Elle tourna la tête vers l'autre lit de la pièce. Anya... elle s'appelait Anya. Elle était menottée à son lit elle aussi et elle dormait. Ou alors, elle était encore assommée par les drogues. Anya avait encore la lèvre tuméfiée et un énorme bleu sur la pommette. D'habitude, ils tapaient dans le ventre, essayant de laisser leurs visages intacts mais elle les avait insultés.
La dernière séance qu'elles avaient eu à subir avait été particulièrement brutale et Olivia laissa échapper quelques larmes. Elle avait un vague souvenir des outrages qu'ils avaient fait subir à leurs corps, une fois encore. Son âme n'avait plus la force de lutter, de se rebeller, la souffrance et le traitement endurés avaient fait leur travail de sape et elle avait rendu les armes.

Elle sursauta en grimaçant en entendant des coups de feu et des cris qui semblaient se rapprocher. Qu'avaient-ils pu encore imaginer pour leur faire peur ?

Elle entendit des portes claquer et quelques hurlements de femmes et elle ferma les yeux en essayant de faire le vide en elle. Laisser son esprit s'envoler, comme si elle n'était pas là, comme si ce n'était pas elle, pas son corps.
Comble de la cruauté, ils lui avaient posé une perfusion. Elle pouvait choisir de s'injecter elle-même la drogue qui la plongeait dans la résignation et dans l'oubli. Elle actionna la pompe et espéra que les hypnotiques fassent vite effet. Ce serait trop court jusqu'à ce qu'ils arrivent mais l'accoutumance avait fait son œuvre et elle serait vite de retour dans les brumes.

Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit avec fracas et deux silhouettes cagoulées, vêtues de noir, entrèrent dans la pièce, le fusil au poing.

Ils balayèrent la pièce et l'un d'entre eux parla dans son intercom.

- Ici aussi, il y en a deux pour qui il faudra une ambulance... Oui, pour les deux. Elles sont sous perfusion, il faut que les médecins et les pompiers viennent aussi. Le couloir est totalement sécurisé et sous contrôle.

Il prit le pouls d'Anya et se tourna vers Olivia qui le regardait avec effroi et qui se mit à hurler en le voyant s'approcher d'elle.

- C'est fini, c'est fini ! C'est la police, lui dit-il en tentant de caresser sa joue. Ne criez pas, c'est fini, vous êtes sauvée, c'est terminé...

Olivia cessa de crier mais recula violemment la tête pour échapper à la main qui l'effleurait et elle se força à garder les yeux fermés. Elle sentit que la main n'était plus sur elle mais elle ne rouvrit pas les yeux pour autant.

- Commandant, entendit-elle dire par une autre voix, on l'a trouvée, elle est là.

Au même moment, elle sentit que les menottes qui maintenaient ses poignets s'ouvraient et elle se recroquevilla en chien de fusil, les yeux toujours fermés. Son corps tremblait violemment et elle entoura ses genoux de ses bras pour tenter de se calmer et de se protéger. Elle ouvrit les yeux quelques instants, arracha l'aiguille qui s'enfonçait dans son bras et se recroquevilla de nouveau, le dos tourné à la porte. Elle luttait contre la drogue qui s'insinuait dans son organisme et tentait d'assimiler ce qui se passait autour d'elle quand elle entendit des pas supplémentaires entrer dans la pièce. Elle entendit des roues se diriger vers Anya et elle se décida à se tourner vers sa camarade d'infortune.
Elle aperçut un brancard poussé par deux pompiers qui s'occupaient d'Anya. Un troisième pompier entra dans la pièce et se dirigea vers elle mais elle le repoussa violemment en montrant Anya.

- Elle d'abord, murmura-t-elle d'une voix éraillée qu'elle ne reconnut même pas. Elle, d'abord !

- Mes collègues s'occupent déjà d'elle, mademoiselle, lui dit-il en s'approchant d'elle. Je suis là pour m'occuper de vous et votre bras saigne.

- Pas grave, c'est moi qui l'ai enlevée, dit-elle en indiquant la perf du doigt sans quitter son amie des yeux. D'abord, elle. Ils l'ont battue longtemps alors il faut s'occuper d'elle.

Le pompier tenta de lui prendre le bras et elle hurla en reculant dans le coin de son lit le plus éloigné, contre le mur.

- NON ! J'AI DIT NON ! ELLE D'ABORD !

Une grande silhouette noire entra alors dans la pièce. L'homme posa sa main sur l'épaule du pompier et lui fit un signe de tête pour qu'il se pousse. Il vint aussitôt se placer devant elle. Elle eut un mouvement de protection instinctif.

- Olivia, c'est moi... c'est Alex, murmura-t-il en relevant sa cagoule pour qu'elle puisse voir son visage. Olivia... personne ne te fera plus de mal, tu m'entends ?

Elle se risqua à regarder l'homme qui lui faisait face quand elle se rendit compte qu'aucun coup ne s'abattait sur elle. Cette voix... chaude mais posée, d'une grande douceur, elle la connaissait. Tout comme ce regard bleu qui lui était familier. Alex... elle connaissait Alex, il était grand, fort, il pourrait la protéger.
La quantité de drogue qui circulait dans son corps ralentissait sa réflexion, embrumait ses souvenirs mais elle finit par le reconnaître et se jeta dans ses bras.

- Alex, supplia-t-elle, emmène-moi loin d'ici ! Dépêche-toi, Alex, il ne faut pas qu'ils te trouvent là, ils te tueraient et je ne veux pas... Je ne veux pas qu'ils te prennent, dit-elle en éclatant en sanglots.

- Il ne m'attraperont pas, Liv, murmura-t-il en la serrant contre lui tout en l'enveloppant de la couverture que lui tendait le pompier. On les a tous neutralisés, ils ne t'approcheront plus. Je vais te sortir de là, maintenant. On va aller jusqu'à l'ambulance et ils vont s'occuper de toi.

- Non, ne me lâche pas, Alex, je t'en prie. Je ne veux pas, ils vont me retrouver. Alex, s'il te plaît, ne me laisse pas, je t'en supplie, répondit-elle, visiblement affolée.

Alexis la souleva dans ses bras et l'accompagna jusqu'à l'ambulance. Devant son agitation, il s'installa avec elle sur le brancard dans l'ambulance et la maintint serrée contre lui sans cesser de murmurer des paroles rassurantes à son oreille. Les pompiers ne protestèrent pas longtemps vis à vis de sa présence en constatant la réaction d'extrême agitation que présentait Olivia dès qu'Alex la lâchait. Le médecin expliqua à Alexis qu'ils ne pourraient pas la calmer et ne pourraient rien lui donner tant qu'ils ne sauraient pas précisément quelles drogues lui avaient été administrées. Il ajouta qu'ils pourraient tenter un antidote mais sous condition et forcément à l'hôpital.

Olivia tremblait violemment entre ses bras et il continuait à la serrer contre lui pour tenter de la calmer. Elle ne disait plus rien et semblait lutter contre le sommeil.
L'ambulance finit par partir et Olivia cessa de trembler. Alexis et les pompiers s'aperçurent qu'elle avait sombré dans un profond sommeil presque comateux. Alexis la lâcha et se releva. Il se plaça derrière le brancard et attendit impatiemment qu'ils arrivent à l'hôpital. Une fois sur place, Olivia fut emmenée en soins intensifs et une très, très longue attente commença pour Alexis, bientôt rejoint par Hervé et les amies d'Olivia.

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