Je me gare dans le parking souterrain de GoldenPass et jette un coup d'œil à mon reflet dans le rétroviseur. Les cernes sous mes énormes yeux sont bien visibles, mon teint est blême, presque cadavérique, pas un trait de maquillage sur moi, et mes cheveux, habituellement rebelles, ont l'air presque dociles sous une queue-de-cheval. J'ai eu à peine quelques minutes pour me préparer... Quelle galère avec ces capricieux d'hommes d'affaires. Qui ose faire travailler les gens un samedi. Je parie que c'est un vieux, avec une calvitie et un gros ventre, divorcé, à qui il ne reste que son travail.
Je regarde ma tenue : on dirait un sac à patates. J'ai simplement enfilé la première robe-tailleur qui m'est tombée sous la main. Aucun bijou sur moi, à l'exception de ma montre. En descendant vers mon cou, je découvre avec horreur des suçons devenus presque bleus, tellement qu'ils sont profonds... Les images de ma nuit de folie me reviennent, que je m'efforce d'effacer. J'ai une réunion très importante et je ne veux pas commencer à fantasmer sur la tête de Monsieur X-béton. C'est en grande partie sa faute si je ressemble à un zombie, car je n'ai pas fermé l'œil cette nuit. J'enfile un foulard que j'ai toujours dans mon sac au cas où il ferait froid. Je suis l'une des rares personnes à pouvoir attraper un coup de froid sous 25°C. Le foulard cache mes marques, ajoute une touche de couleur et les motifs rouges s'accordent bien avec mes escarpins.
Je dépose mes affaires au bureau et décide de me faire un café noir pour me réveiller un peu. Je trouve Nathalie dans la cuisine, en train de faire les dernières retouches de son rouge à lèvres.
— Salut toi, dis-je tout en manipulant la machine à café.
— Salut Miss Ana, ça gaze ? répond-elle, toute concentrée sur son art. Elle est vraiment ravissante. Comment fait-elle ?
Je m'installe et souffle sur ma tasse en la sirotant petit à petit. Je commence à me sentir un peu mieux.
— Tu es rentrée à quelle heure ? demande-je à Nat pour confirmer mes soupçons.
— À 3h30 je pense. Pourquoi ?
— Parce que tu as dormi seulement 2 heures, mais tu es radieuse, alors que je suis rentrée beaucoup plus tôt que toi. Ce n'est pas juste. Je ne suis définitivement pas une fêtarde.
— T'inquiète, tu t'habitueras vite. En plus, j'ai intérêt à être canon aujourd'hui. On a le privilège d'avoir l'un des hommes les plus beaux de Monte-Carlo avec nous. Tu sais, le gars dont je te parlais hier, Ezra Williams. C'est lui le client mystère. Et si je veux faire partie du top 50, c'est le moment ou jamais. finit-elle avec un large sourire comme un enfant devant un arbre de Noël.
— J'avais donc raison, c'est juste un connard tout court. Il ne pouvait pas attendre lundi pour sa foutue réunion ?
— Rabat-joie va... Attends, une fois que tu l'auras vu, tu ne le détesteras plus.
— Eh les filles, qu'est-ce que vous foutez encore là ? Ramenez-vous vite, on doit déjà s'installer, dit Dan en faisant son apparition. Il est tout chamboulé et stressé, c'est presque amusant.
— C'est bon, on arrive, répond Nat à l'intention de Dan. Puis, une fois qu'il a disparu, elle se tourne vers moi. Monsieur va faire la plus grande réunion de sa vie. Alors il est dans tous ses états. Hihi, c'est amusant de le voir comme ça, tu ne trouves pas ?
Après m'être installée avec Nathalie sur les deux chaises qu'elle a sélectionnées spécialement pour nous donner une vue directe sur la chaise centrale où sera assis monsieur connard, Dan et notre boss, Joseph Lucas, ajustent les dernières retouches du PowerPoint. Nous sommes une dizaine autour de la table. Puis, un groupe de quatre personnes entre dans la salle. Le groupe est composé d'une femme et de trois hommes. Sans que Nat n'ait besoin de me chuchoter un mot, j'identifie immédiatement Ezra Williams.
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Ne me quittes pas
RandomAnais une jeune demoiselle de 22 ans, vient juste de vivre la pire relation amoureuse qu'il soit. Après être séparée de Julien son seul amour depuis 6 ans. Elle accepte d'aller travailler à Montecarlo pour 2 ans, afin d'oublier la trahison de sa mei...