OUR ANCHOR T2 Forgotten [Terminée]

34 | Ashika

Après la ronde, je m'étais allongée sur le canapé, la maison encore très silencieuse, bien que d'habitude il y ait déjà du mouvement. J'avais dû m'endormir à nouveau, grappillant un peu de sommeil après une nuit particulièrement agitée. Il y avait du mieux et puis à chaque fois, la chute était douloureuse.

Le rêve en était un au début et puis il changea.

Il y avait un manège, comme ceux des fêtes foraines. Des enfants riaient et des parents n'arrêtaient pas de leur faire signe, cherchant à prendre des photos, à immortaliser le moment. Tout semblait être au ralenti. Beaucoup de bruits, beaucoup de monde.

J'étais assise sur un banc. Le visage des gens était comme crayonnés, je ne pouvais distinguer aucun trait, ne pouvais reconnaitre personne.

Une trace rouge dans mon champ de vision me força à regarder devant moi. De l'autre côté du manège, Raphaël. Lilibeth n'arrêtait pas de répéter à Joshua que s'il ressemblait à son frère en vieillissant, ce serait un sacré beau gosse.

Mes ongles s'enfoncèrent dans la chair de ma cuisse.

Je voulais aller vers lui. De toute mon âme, mais je ne bougeai pas et le carrousel continuait de tourner, me donnant le vertige.

Le cri résonna une première fois.

— Papa !

Une fillette. Avait-elle perdu de vue son père ? Ou voulait-elle tout simplement descendre du manège ? Ma jambe s'agita et une drôle de sensation grimpa.

Raphaël n'avait pas bougé, me fixant, les mains le long de son corps, parfaitement immobile. Il était pâle. Comme un mort.

Parce qu'il l'était. Je me tendis.

— Paapaa !

Je regardai autour de moi. La musique s'accéléra, d'une façon qui n'était pas naturelle, un peu à la manière d'un avance rapide. Les sons semblèrent alors se répercuter, résonner, s'amplifier. Je me levai.

Un rire. Là-bas un père soulevant sa fille et la projetant dans les airs pour mieux la réceptionner dans ses bras.

Un goût de déjà-vu.

— PAPA !

Le hurlement devint de plus en plus fort. De plus en plus présent. Je regardai Raphaël. Hésitai. La petite-fille devait être perdue et son père ne l'entendait pas.

Pourquoi ? Où était-il ? Ne voyait-il pas qu'elle avait peur ?

— N'y va pas.

Je sursautai. Joshua se tenait à côté de moi et avec celui de Raphaël, c'était les deux seuls visages que je voyais.

— Quoi ?

— PAPAAAA !

Je clignai des yeux, plusieurs fois.

— N'y va pas. S'il te plaît. S'il te plaît, Yona.

Des rires. De la musique. Et cette petite fille. Qui appelait son père, encore et encore.

— Je-je suis désolée.

Je m'élançai, laissant Joshua derrière moi et suivit l'appel en heurtant parfois des gens. Dos à moi, une fillette en manteau rouge, debout parmi les adultes, semblant chercher quelqu'un. J'allais pouvoir l'aider. J'avais juste à...