71 || Maze

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« La vérité doit s'imposer sans violence. »

Léon Tolstoï



Nous pénétrâmes dans la pièce jouxtant la salle d'interrogatoire et la porte se referma sur Warren. Il s'avança vers la vitre donnant sur l'intérieur, là où l'un des deux policiers accusés attendait, un café fumant devant lui. L'absence de tain ne lui permettait pas de nous voir en retour, mais il était de la maison, alors il se doutait bien que quelqu'un l'observait, attentif à son langage corporel, à sa façon même d'être.

Andy Cass était dans le métier depuis plus de vingt ans et jusque-là, hormis des idées trop extrêmes sur certains sujets, il restait propre sur lui, ses différents partenaires le qualifiant comme un esprit posé dans un corps préparé.

À première vue il n'avait rien d'un violeur, pas plus que d'un prédateur sexuel, mais qu'est-ce qu'on savait de ces choses-là après tout ? Nous avions tous un monstre en nous, après ce n'était qu'une histoire de maitrise et d'acceptation.

— Qu'est-ce qu'on sait de lui ? s'enquit Warren, les mains dans le dos, les yeux étrécis.

— Un service exemplaire. Il a quelques idées arrêtées qui lui vaudraient sûrement d'être ami avec le Klan, mais on ne peut rien faire contre la liberté de penser et de s'exprimer.

Warren grimaça à la mention du trop célèbre Ku Klux Klan, une organisation suprématiste blanche des États-Unis. Ici, comme là-bas d'ailleurs, la haine des lycans prévalait sur le dégoût des noirs. De la xénophobie à peine camouflée. Pourquoi s'en cacher de toute façon ?

— Son collègue et lui tiennent le même discours ?

Je hochai la tête.

— C'est une ligne de défense commune quand l'adversaire est un lycan. Ils soutiennent le fait que même en étant deux hommes entraînés, il leur aurait été impossible de lutter contre une créature surnaturelle. Et malheureusement pour nous, c'est un argument qui se tient et qui a souvent gain de cause dans les tribunaux.

Ça avait un côté rageant, surtout pour nous. Mais ce genre d'affaires arrivait rarement devant un juge de toute façon. J'avais bon espoir que cette fois aussi nous arriverions à démêler le vrai du faux. Pour cette lycan bafouée. Un viol était un acte d'une extrême cruauté. Personne ne pouvait oublier ou simplement passer à autre chose. Evelyn resterait marquée à vie. Tout comme Ashika.

— Je les connais tous les deux, avouai-je alors, ce qui incita Warren à porter toute son attention sur moi.

— Vraiment ?

— Tu connais le penchant presque maladif des flics pour un bon verre après le service. Il y a ce bar, à quelques rues d'ici, où toutes les patrouilles finissent par passer et où nos ardoises s'élèvent à plus de deux mois de salaires.

— Je ne savais pas que tu étais de ce genre-là, souffla Warren, sourcils froncés.

— J'y traîne encore parfois, mais c'était surtout avant de faire ta connaissance. Andy et Tex y sont des habitués notoires.

— Comment jugent-ils la Brigade et le fait que des humains bossent en étroite collaboration avec des lycans ?

— Pour eux c'est un moyen de contrôler. De garder les « cabots » à l'œil, dis-je en regardant de nouveau Andy.

Il n'avait pas appelé d'avocat, à l'inverse de Tex. Rien d'étonnant là-dedans. Il suffisait de passer quelques minutes avec eux deux pour comprendre qui était la tête pensante. Définitivement pas Tex.

OUR ANCHOR T2 Forgotten [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant