OUR ANCHOR T2 Forgotten [Terminée]

89 || Maze

« Rappelez-vous qu'à travers l'histoire, il y a eu des tyrans et des meurtriers 

qui pour un temps semblèrent invincibles.

Mais à la fin, ils sont toujours tombés, toujours. »

Gandhi.

— Laisse-moi juste gérer ça et je viens, dit Warren, dont l'inquiétude perçait à travers sa voix.

Ashika venait de subir une agression. Encore une. Jusqu'où tout ça devrait aller avant de cesser ? Jusqu'à quand devrait-elle subir ça ?

Le remords me dévorait ; celui de n'avoir pas pu être sur place, celui de n'avoir rien pu faire, encore. Les hommes que j'avais envoyés m'avaient assuré que tout était sous contrôle et que le périmètre était sécurisé. Le doc avait morflé. Et pas qu'un peu. Mais autant vous dire que ce type était un coriace comme on en croisait peu aujourd'hui et si Hachi s'en était si bien sortie, c'était en grande partie grâce à lui. Comment douter après une telle démonstration ?

J'attendais le rapport de tout ça sur mon bureau dans les plus brefs délais et m'attendais surtout à avoir des nouvelles du Deity concernant trois lycans en uniforme venu pour tuer la fille du Krig. Bordel, mais qu'est-ce qui se jouait dans l'ombre pour que la gamine soit à ce point un danger ?

Elle savait. Elle avait vu le visage de son agresseur et tant qu'elle ne s'en souvenait pas, il pouvait espérer ne pas être démasqué, mais dès que tout reviendrait...

Je me frottai la nuque et observai Paul Baldwin dans la salle d'interrogatoire, une glace sans tain nous séparant. Nos regards plongés dans celui de l'autre, cette moue aux lèvres ; pensait-il pouvoir s'en sortir après tout ça ?

Je ne voulais pas attendre. Je ne pouvais pas attendre. D'ici à ce que son avocat débarque et nous foute des bâtons dans les roues... hors de question. Je voulais boucler cette putain d'affaire avant de rejoindre Hachi à l'hôpital et me rendre compte par mes propres yeux qu'elle allait bien.

Qu'elle respirait et qu'elle était en vie.

— Je peux m'en occuper, répondis-je. Reste avec ta fille, Warren. Elle a plus besoin de toi que moi pour un interrogatoire de routine.

Je l'entendis très clairement soupirer. J'avais attendu cet appel dès l'instant où j'avais eu vent des derniers événements et il avait tardé. Ce que je comprenais. La meute là-bas avec Hachi, sa fille allongée de nouveau dans un lit d'hôpital ; Warren avait bien d'autres chats à fouetter pour le moment. Et je le comprenais cent fois. Je ne voulais pas qu'il s'en veuille de devoir laisser sa fille pour venir interroger un tueur en série.

— Je peux être là dans moins d'une heure, Maze, laisse-moi juste le t–

— Tu sais très bien qu'on n'a pas tout ce temps, Krig, lâchai-je. Ce type est assez malin pour avoir déniché la perle rare des avocats de la ville ; celui qui voudra tout faire dans les règles de l'art et qui ne lâchera pas le morceau. Je ne veux pas me coltiner un vice de procédure maintenant, Warren. Pas si près du but, putain !

— Maintenant ou plus tard, je ne suis pas sûr qu'Achilles fût parfaitement dans les clous.

Je pinçai mes lèvres. Peut-être, mais je voulais tenter le coup, qu'importe les retombées après. Je savais que je serais soutenue par le Deity et l'autorité de l'Empereur. Si j'en profitais ? Bien sûr que oui !

— Je ne t'attendrais pas, tranchai-je. Il faut que j'arrive à le faire parler, surtout avec son fils dans le bâtiment et dans la merde jusqu'au cou. C'est notre chance d'arrêter tout ça.