Chapitre 5 - Le camp des Sans Peuple

62 6 1
                                    

Astride ouvrit les yeux, réveillée par une bonne odeur de miel. Il faisait sombre et un peu humide. Elle comprit rapidement qu'elle était dans une grotte, couchée sur un lit de fortune. Des échos de voix en provenance de l'extérieur se laissaient entendre. La fillette se leva doucement, et se dirigea vers la source du raffut. Trois personnes discutaient tranquillement assises devant l'entrée de la caverne, mais plus loin, la petite princesse distingua ce qu'elle supposa être des maisons, des abris de fortune qui se fondaient parfaitement dans la végétation environnante. De toute évidence, elle était dans un village. Ayant perçu sa présence, la seule femme du groupe se retourna vers elle. Elle avait un visage aux traits fins, et des cheveux si roux et épais qu'ils devaient capter tous les regards des personnes alentour. Elle les adora instantanément.

— Bienvenue, Princesse Astride d'Arcin, commença la fille avec un étrange accent, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

La fillette réfléchit quelques secondes avant de répondre avec le plus grand sérieux et une touchante franchise dont seuls font preuve les enfants :

— Je crois que j'ai très faim. Qui êtes-vous ?

— Je suis Tiliana d'Ovra, pour vous servir. Et bien, il me semble que nous allons pouvoir nous arranger pour vous trouver un petit quelque chose à manger.

Elle s'approcha et s'agenouilla pour se mettre à la hauteur de son interlocutrice, avant de lui tendit une belle tranche de pain couverte de miel. Astride croqua dedans goulument sans aucune hésitation, avant de demander :

— Si vous êtes d'Ovra, vous êtes une ennemie. Mon frère n'approuverait pas que je vous parle.

Un sourire fendit le visage expressif de la fille.

— Et vous ? Qu'en pensez-vous, jeune Princesse ?

— Je crois que vous avez l'air d'une amie, décréta-t-elle d'un ton solennel, après l'avoir minutieusement inspecté.

— Alors je serai votre amie, et je commencerai par vous tutoyer, si vous faites de même.

— Marché conclu ! Déclara la fillette.

Pour sceller l'accord, elle lui tendit une main collante de sucre que Tiliana serra fermement.

— Alors, voudrais-tu visiter notre campement ?

— Oh oui ! J'en ai très envie ! Mais mon frère va s'inquiéter ! Je devrais rentrer !

— Je te promets de te raccompagner à lui dès demain dans la soirée. En attendant, ne penses-tu pas être plus en sécurité avec nous que toute seule dans les bois ?

Trop heureuse d'avoir une nouvelle amie, et après une courte réflexion, la fillette qui avait passé ses huit premières années à s'amuser seule dans la froideur du château d'Erramore accepta de bon cœur, et accompagna Tiliana dans un tour du campement en marchant. Elle lui montra les maisons en bois, la forge, la réserve de nourriture, et même un endroit prêt de la rivière où jouait toute une ribambelle d'enfants. Astride s'émerveilla de tout, et posa une multitude de questions afin de satisfaire la curiosité que cet endroit avait fait naitre en elle. Elle observait tout cela avec candeur, sautillant dans tous les sens sous le bonheur qui l'animait.

— Vous êtes des Sans Peuple, n'est-ce-pas ? J'en ai déjà vu quelques uns à Erramore.

— C'est exacte. Nous sommes des Sans Peuple, acquiesça Tiliana.

— Est-ce-que tous les Sans Peuple d'Arcin sont comme vous ?

— Comment ça comme moi ?

— Est-ce qu'ils ont les cheveux roux eux aussi ?

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant