Tory en avait assez. Il ne supportait plus les jacassements incessants des deux fillettes qui marchaient avec lui. Elles avaient commencé à se plaindre la veille, et la nuit qu'ils avaient passée dans la forêt n'avait pas arrangé les choses. Bien qu'il ait réussi à allumer un feu et que le temps ait été clément, elles n'étaient pas préparées à passer une nuit en pleine forêt à la merci des bêtes et des bandits, et leur imagination leur avait plus d'une fois joué des tours. Ils étaient très proches de la frontière qui séparait le Royaume d'Arcin du Royaume d'Ovra, mais encore bien loin de leur objectif. Leurs petits jeux avaient cessé, et elles avançaient maintenant en trainant les pieds. Il s'efforçait de leur lancer de petites phrases d'encouragement, afin qu'elles ne s'arrêtent pas. Ils n'avaient pas de temps à perdre. La mâtiné était déjà bien avancée, et ils entendaient le bruit de la rivière non loin de là.
— Nous allons faire une pause près de l'eau, nous repartirons dans une heure. En attendant, vous avez toutes deux interdictions de vous éloigner. C'est compris ? Dit-il de son ton le plus autoritaire.
Elles acquiescèrent en cœur, et partir en courant jusqu'à l'eau fraiche et limpide qui s'écoulait devant elles. Tory ne put résister à l'envie de les rejoindre, alors qu'elles enlevaient leurs chaussures et se mettaient à se poursuivre et à s'éclabousser en s'esclaffant bruyamment. La bataille d'eau qui s'ensuivit les laissa trempés sur la berge, épuisés, à déguster un peu de pain de seigle que le jeune garçon avait dissimulé dans son petit baluchon.
Astride et Rose finirent par s'endormir l'une contre l'autre, repues et épuisées par les quelques heures de marche du matin. Il aurait souhaité en faire de même, mais ils ne pouvaient risquer de s'endormir tous en même temps. C'était bien trop risqué, il fallait quelqu'un pour exercer une surveillance, et il était malheureusement le seul à pouvoir s'en charger.
La voix lui parvint, lointaine, et étrangère.
— Qu'est-ce qu'on fait ? On les réveille ?
— Ce ne sont que des enfants. Regarde les deux filles. Elles ne doivent pas avoir plus de huit ans.
— Je dirais même six ans.
— Ce sont des enfants, certes, mais ils sont d'Arcin, ça c'est certain.
Il chercha une solution à toute vitesse, et ouvrit les yeux pour découvrir deux hommes qui se disputaient au dessus de lui. Il se leva d'un bond, et poussa celui qui se trouvait à sa portée. Celui-ci tomba à la renverse, pendant que Tory hurlait pour réveiller Rose et Astride. Les deux petites filles sursautèrent en découvrant ces étrangers qui les observaient.
— Ne vous approchez pas ! S'exclama Tory en s'emparant d'un bâton qui trainait à proximité et en lui faisant faire des arcs de cercles dans l'air dans une tentative pathétique pour les mettre à distance.
— Bon alors, qu'est ce qu'on fait, on les emmène Sébastien ? On les emmène ?
— Et bien, nous n'avons pas vraiment le choix, dit celui-ci, l'air faussement désolé, ils nous ont vu maintenant, alors soit on les emmène, soit on les tue. Ils pourront peut-être être vendus comme esclaves lorsqu'on arrivera à Ovra, qu'en penses-tu Louis ? Ma solde aurait bien besoin d'un petit complément.
— En voilà une excellente idée. Tu as toujours fait preuve d'une intelligence hors paire, mon ami.
Il se débarrassa de l'arme improvisée d'un geste du bras, et se saisit de Tory qui se débattait comme un beau diable. Il lui coinça habilement les bras derrière le dos pendant que son complice attrapait les deux fillettes, une sous chaque bras.
— Lâchez-moi ! Salauds d'Ovraciens !
— Regarde le petit Sans Peuple, ce qu'il est amusant ! Tu ne trouves pas Louis ?
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Tiliana d'Ovra - Les Sans Peuple
Paranormal*AUCUN PLAGIAT N'EST AUTORISE* Le Roi Pierre d'Arcin mène une politique sévère après des années de conflits avec son voisin, le Royaume d'Ovra dirigé le Roi sorcier Périphène. Dans la ville d'Erramore, capitale du royaume, les Sans Peuple nés de pa...