Chapitre 23 - Le faux livre

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Le vieux sage versa un peu de vin rouge dans un verre en terre et le tendit à Lucas, avant d'attraper sa pipe dans laquelle il déposa un mélange d'herbes séchées avant de l'allumer, et d'en tirer une grande bouffée.

— Ce sont des herbes médicinales, expliqua-t-il, pour mes rhumatismes.

Il n'avait pas été surpris outre mesure de voir débarquer le Prince d'Arcin chez lui en début de soirée. Il se tramait quelque chose, et il était assez malin pour le sentir. Et voilà qu'ils se trouvaient à nouveau dans le salon de la plus étrange des luxueuses maisons de la ville haute. Lucas avait reprit la place qu'il occupait la fois précédente, et il commença à siroter l'alcool fruité qui lui avait été proposé. Il avait la bouche pâteuse depuis qu'il avait vu son père. Il avait passé la journée entière à chercher des solutions qui ne venaient pas.

— Elles sont efficaces ? Demanda-t-il poliment.

— On ne peut plus efficaces, en effet. Je suis un vieil homme, mais grâce à elles, je sens que je pourrai courir comme un lapin à nouveau.

Il afficha un sourire édenté.

— Alors, Votre Altesse, en quoi puis-je vous être utile ?

— Je ne sais pas encore. Je suis venu vous voir pour vous parler de certains évènements, certaines choses qui se sont passées aujourd'hui. Mais je ne sais pas si...

— Vous ne savez pas si vous pouvez me faire entièrement confiance, termina le vieux sage à sa place.

Il tira à nouveau sur sa pipe et mâchonna dans le vide avant de continuer :

— Je suis de votre côté Votre Altesse, je ne peux rien prouver, mais vous pouvez avoir confiance en moi. C'est aussi pour cela que je suis venu vous voir l'autre jour.

Lucas le savait. C'était aussi pour cette raison qu'il n'avait pas réellement hésité, et avait laissé ses pas le porter naturellement jusqu'ici. Il voulait simplement en avoir une nouvelle fois confirmation pour dissiper ses dernières craintes.

— Mon père m'a demandé de diriger les interrogatoires de Tiliana d'Ovra. Je ne sais pas si j'en serai capable, lâcha-t-il de but en blanc.

— Il le faudra pourtant, Votre Altesse. S'il s'agit d'un ordre royal, vous n'aurez pas le choix.

— Oui, je suis au courant de cela. Mais il y a autre chose.

— Quoi donc ? Vous ne pouvez rien faire pour elle. Ce serait une erreur d'ailleurs.

Le vin commençait à laisser un goût amer dans sa bouche, et Lucas se dépêcha de finir son verre d'une seule gorgée.

— Le livre des Prophéties, il y a quelque chose d'anormal avec lui. J'ai... Comme un pressentiment. Que pouvez-vous me dire à ce propos ?

— Je ne sais pas ce qu'il contient, si c'est ce que vous souhaitez me demander. Je ne l'ai jamais vu. En revanche, je peux vous dire que ce livre, d'après les autres écrits qui le mentionnent, est rédigé en ancien langage d'Ovra.

— Le livre que nous avons trouvé est effectivement écrit en cette langue. Ce n'est donc pas ce détail qui est étrange.

— Si je puis me permettre, Votre Altesse, peut-être pourrai-je vous aider à le déchiffrer. Il s'avère que je lis cette langue.

— Non, c'est une très mauvaise idée, le roi ne vous laisserait jamais faire cela, et si vous le lisiez, je ne donnerai pas cher de votre peau, le coupa Lucas. Que savez-vous d'autre ?

— Et bien en fait, rien du tout Votre Altesse, si ce n'est que ce doit être un livre plutôt épais, dont de nombreux auteurs ont vanté la magnifique couverture en cuire noire.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant